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Les États-Unis sortent du traité de désarmement INF conclu avec la Russie

« Le traité INF [FNI en français] nous a été utile, mais il ne fonctionne que si les deux parties le respectent », a indiqué récemment le nouveau chef du Pentagone Mark Esper. « Les États-Unis vont respecter le traité et toutes leurs obligations jusqu’au 2 août, après quoi nous ferons ce qui est dans notre intérêt », a-t-il précisé devant les élus du Sénat.

La procédure de retrait, côté américain, a été enclenchée au mois de février dernier. Côté russe, Vladimir Poutine a ratifié le 3 juillet la suspension de la participation de son pays et faute d’évolution, le retrait des deux pays provoque la fin du traité INF. Celui-ci, en abolissant l’usage de toute une série de missiles d’une portée variant de 500 à 5 500 km, avait permis l’élimination des missiles balistiques SS20 russes et Pershing américains déployés en Europe.

Même si les Européens ont exprimé leurs inquiétudes sur le risque d’une nouvelle course aux armements en Europe, l’Otan a approuvé officiellement la position américaine, invoquant le missile russe 9M729 qui, selon les Occidentaux, viole le traité INF. Moscou dément, insistant sur le fait que son nouveau missile a une portée maximale de « 480 km ».

La fin de ce traité, signé en 1987 par le président américain Ronald Reagan et le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, arrange bien Washington, comme le notait le mois dernier l’ancien ministre américain de la Défense Ash Carter. « D’un point de vue militaire, et non politique, ce n’est pas si mal que ça », remarquait-il lors d’une conférence au centre d’études Council on Foreign Relations.

La Chine en ligne de mire

En fait, le Pentagone se réjouit de pouvoir moderniser son arsenal pour contrer la montée en puissance de la Chine, qui cherche à affirmer sa suprématie militaire en Asie. « La plus grande partie de l’arsenal chinois est composé de missiles de portée intermédiaire et nous devons nous assurer que nous avons les mêmes capacités si par malheur nous devions entrer en conflit avec eux un jour », soulignait ainsi Mark Esper.

Avec la fin du traité INF, il ne restera plus qu’un seul accord de désarmement bilatéral hérité des années 1990 : le traité Startqui arrive à échéance en 2021. Interrogé par l’agence Interfax, Mikhaïl Gorbatchev se montre pessimiste, rapporte notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot. Pour l’ancien dirigeant soviétique, la fin du traité INF constitue une « menace pour la sécurité non seulement en Europe, mais aussi dans le reste du monde. »

Guterres appelle les deux pays à ne pas oublier les leçons du passé

Le secrétaire général des Nations unies a appelé les deux pays à ne pas oublier les leçons du passé, rapporte notre correspondante à New York, Loubna Anaki. « Le traité INF est un accord essentiel qui aide à la stabilité de l’Europe et qui a mis fin à la guerre froide. Aujourd’hui, le monde va perdre un outil précieux contre la guerre nucléaire. Les deux parties devraient éviter l’escalade et se mettre d’accord sur un nouveau traité pour le contrôle des armements », a estimé Antonio Guterres.

Pour Quentin Lopinot, chercheur associé au Centre d’études stratégiques et internationales basé à Washington, si la fin du INF n’entraînera pas nécessairement de nouvelle course aux armements, il n’existera plus, en revanche, de garde-fous permettant de s’en prémunir. « A ce moment-là, un développement d’arsenaux se ferait davantage en Asie qu’en Europe », prédit-il.

Washington a promis de ne pas déployer de nouveaux missiles nucléaires en Europe, mais n’a fait aucune promesse sur le déploiement d’armes conventionnelles.

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