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Les manifestations antigouvernementales en Irak font des dizaines de morts

Au moins 40 personnes sont mortes ce vendredi 25 octobre à Bagdad et dans le sud de l’Irak, dans de violentes manifestations contre le gouvernement.

C’est par centaines que les Irakiens se sont rassemblés ce vendredi place Tahrir, à Bagdad, épicentre de la contestation. Deux semaines après la fin des récentes manifestations, ils ne demandent plus de meilleurs services ou moins de chômage, mais la chute du régime. « On est venus pour protester parce que nous avons perdu notre patrie. Nous sommes à sa recherche. On ne veut ni électricité ni eau, on veut la liberté », explique Ahmed, 24 ans, un drapeau irakien sur les épaules.

Régulièrement, des tirs de gaz lacrymogènes ou de grenades assourdissantes créent des mouvements de panique chez les manifestants, rapporte notre correspondante à Bagdad, Lucile Wasserman. Ils disent avoir peur des forces anti-émeute ou des snipers qui avaient fait irruption dans les rues de Bagdad lors des derniers rassemblements.

Pour Kemal, la cinquantaine aux cheveux grisonnants, le gouvernement tient un double discours sur ces violences. C’est insupportable, dit-il. « Le Premier ministre a annoncé officiellement que les autorités n’arrêteraient aucun manifestant, mais il nous ont attaqués dès 9h, 9h30 du matin ! Vous entendez ? On dirait que nous sommes sur une ligne de front en train de combattre un ennemi », remarque-t-il alors que des détonations retentissent à proximité.Jour de contestation à Bagdad.

À la mi-journée, le grand ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite du pays, avait appelé les forces de sécurité et les manifestants à la « retenue » pour éviter le « chaos ». Mais la situation s’est tendue au cours de l’après-midi.

Les protestataires s’en sont pris à deux sièges de gouvernorat qu’ils ont incendiés dans le Sud, avant d’attaquer des dizaines de QG de partis politiques et de factions armées. Dans la soirée, un dernier bilan faisait état de 42 manifestants tués. Au moins la moitié sont morts étouffés dans ces incendies ou touchés mortellement par des balles lors d’attaques contre des groupes de la puissante coalition des paramilitaires du Hachd al-Chaabi, premier allié du gouvernement du Premier ministre Adel Abdel Mahdi.

« Nous regrettons profondément le nombre de gens qui sont morts », a réagi le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres lors d’une rencontre avec des médias, évoquant un récent rapport de la mission de l’ONU sur l’action des forces irakiennes lors des manifestations. « Selon nos premières conclusions, il y a eu à l’évidence des violations substantielles des droits humains qui doivent être clairement dénoncées et condamnées », a-t-il ajouté, sans autres détails.

Dans la nuit de vendredi à samedi, des incendies et des attaques étaient rapportés dans plusieurs provinces du sud du pays où des couvre-feux ont été déclarés. À Bagdad, des milliers de manifestants étaient toujours rassemblés sur la place Tahrir, et des heurts limités se poursuivaient sur le pont al-Joumhouriya adjacent, qui mène à la Zone verte où siègent le pouvoir irakien et l’ambassade des États-Unis.

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