CULTURE / ARTHISTOIRE

LES SOLDATS AFRICAINS OUBLIÉS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

75 ans après la fin de la guerre en Europe, il est rare de trouver encore des vétérans africains en mesure de raconter leurs expériences. Il y a cinq ans, notre correspondant en République démocratique du Congo, ancienne colonie belge, avait rencontré le vétéran Albert Kunyuku. Il avait alors 93 ans.

Poignant, son témoignage permet de démentir ce qu’on entend encore parfois aujourd’hui dans les médias européens et qui consiste à dire que les soldats africains s’étaient engagés ″volontairement″ aux côtés des troupes métropolitaines.

« A l‘époque, lorsqu’ils sont venus nous chercher, je travaillais dans une fabrique de textile. Tous les jeunes ont été recrutés. Aucun de nous n‘avait plus de 30 ans. »

Un tournant me​ntal

Personne ne prend la peine d’expliquer à ces jeunes pourquoi exactement ils allaient risquer leur vie. Mais, une chose est sûre, qu’ils aient été au front ou qu’ils aient été fait prisonniers, le fait d’être en contact direct avec les réalités européennes et les soldats européens va profondément les marquer.

Karl Rössel, journaliste allemand, a longtemps étudié le sujet : « Le fait que pour la première fois, ils ont vu les Européens, qu’ils croyaient supérieurs dans la boue, la saleté, la douleur et la mort, ça leur a montré qu´il n´y avait pas de différences entre les hommes. Par la suite, cela a conduit un certain nombre d´entre eux à soutenir les mouvements indépendantistes de leur pays. Tout ça, c´est donc une conséquence de la guerre. »

Reconnaissance financière minime

L’historien Raffael Scheck qui travaille aux Etats-Unis nuance toutefois : tous les vétérans ne se sont pas engagés par la suite dans les mouvements indépendantistes, ces derniers se montrant parfois sceptiques quant à leur loyauté.

Il précise aussi que les vétérans des colonies françaises pouvaient prétendre à une retraite, néanmoins très faible et très inférieure à celles des Européens.

A Kinshasa, Albert Kunyuku disait en 2015 au micro de la Deutsche Welle ne percevoir que 5.000 francs congolais par mois de la part de la Belgique. L’équivalent de cinq euros. De quoi être amer lorsque l’on a participé à la victoire contre le fascisme.

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