L’Etat Envoie Des Inspecteurs Aux Établissements Privés Qui Lui Réclament De L’argent

Avant d’apurer sa créance aux établissements privés d’Enseignement supérieur, l’Etat tient à vérifier le service fait. Ainsi, selon des sources sûres, il leur a envoyé, depuis le 7 août dernier, l’Inspection générale des finances (Igf) pour une mission d’audit et de certification des arriérés de paiement réclamés par ceux-ci.
Décidé de voir si l’Etat n’a pas été grugé dans le magot qu’il dépense chaque année dans le recasement des bacheliers non orientés dans les universités publiques, le ministre des Finances et du Budget vient d’envoyer l’Inspection générale des finances (Igf) depuis le 7 août dernier pour diligenter une mission d’audit et de certification des arriérés de paiement qui seraient dus aux établissements privés d’enseignement supérieur. S’il en est ainsi, c’est que le gouvernement paie de gros montants à travers cette mesure prise à l’occasion du Conseil des ministres du 21 février 2013. Une réunion durant laquelle le président de la République avait instruit le Premier ministre, dans un délai court, d’étudier les possibilités de placement des bacheliers non orientés dans les établissements privés d’enseignement supérieur, homologués par le Cames, et d’en mesurer les incidences financières. Car, les universités publiques ne pouvaient plus absorber tous les bacheliers et l’Etat était confronté chaque année aux mêmes revendications.
Selon des sources sûres, les dépenses en matière de frais de formation des étudiants orientés dans les établissements privés d’enseignement supérieur ont pris ces dernières années une part importante et croissante sur le budget de l’Etat, passant de 2013 à 2019, en termes de crédits budgétaires affectés, de 3,5 milliards de francs Cfa à 7,8 milliards. Ce, avec une pointe de 10,971 milliards de francs Cfa en 2018.
Nos sources rapportent que, durant la même période, le cumul des crédits budgétaires alloués et mobilisés s’élève à 41 milliards 936 millions de francs Cfa. Un montant qui représente les 3 milliards 593 millions de francs Cfa payés en 2013, les 10 milliards pour les années 2014 et 2015, les 4 milliards 999 millions 989 mille francs de 2016, les 5 milliards et la rallonge de 4 milliards de 2017, les 5 milliards, la rallonge de 3 milliards et les 3 autres milliards de la Loi de finances rectificative et enfin les 7 milliards 880 millions de francs Cfa pour cette exercice 2019. En tout cas, cette incidence financière sur le budget de l’Etat en 6 ans n’est pas très loin du coût de l’université Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio qui avoisine 60 milliards de francs Cfa et pour lequel l’Etat attend toujours Bictogo.
D’une mesure de nature provisoire prise en 2013 en vue d’orienter des étudiants dans les établissements privés d’enseignement supérieur, juste le temps nécessaire pour permettre à l’Etat de réaliser des infrastructures universitaires d’accueil, l’Etat se pose aujourd’hui la question de la soutenabilité de ce type de dépenses sur les finances publiques. Cela, surtout que le gouvernement connaît des tensions de trésoreries extrêmement difficiles avec la dette intérieure qui s’accumule au point d’alarmer les entreprises et bailleurs de fonds. Raison pour laquelle, il cherche une efficacité de la dépense en fouillant où va chaque centime dépensé. Car, beaucoup s’interrogent sur la création brusque d’établissements privés d’Enseignement supérieur depuis l’annonce de cette mesure. En effet, d’aucuns soupçonnent des enseignants qui, de collusion avec certains hauts fonctionnaires, magouillent pour tenter de capter une part importante de ce magot. Car, l’enseignement supérieur étant une question sensible qui peut créer des tensions, et qui a même vu des étudiants qui réclamaient leur bourse perdre la vie, le gouvernement fait tout pour éviter des problèmes dans ce secteur.
Dans la lettre de mission des vérificateurs de l’Igf, rapporte une source, il est demandé une «évaluation précise des droits des créanciers ou la certification du service fait au niveau de ces créanciers avant de procéder aux modalités d’apurement de la dette de l’Etat si celle-ci venait à être confirmée».