Libre concurrence : Le Mali pris en flagrant délit de violation…
C’est une affaire dont le Gouvernement malien aurait bien pu se passer.
Au moment où le pays du Président Ibrahim Boubacar Keita est confronté une crise sécuritaire aigue qui menace son existence en tant que nation, voilà qu’il doit faire à la plainte de ses voisins devant la commission de la Cedeao et de l’Uemoa. Le Mali a été attrait devant ces instances par le Sénégal, désireux de sauvegarder les bonnes relations diplomatiques avec un pays-frère, en protestant toutefois contre des violations manifestes des dispositions de la Cedeao et de l’Uemoa.
L’objet de la plainte du Sénégal ? La lettre circulaire adressée au sous-directeur du commerce extérieur et aux directeurs régionaux du commerce, de la consommation et de la concurrence, signée par le Directeur Boucadary Doumbia le 07 janvier 2019, qui stipule ce qui suit: «Compte tenu des difficultés de nos Unités industrielles et après avis du ministre du Commerce et de la Concurrence et du ministre de l’Economie et des Finances, je vous invite à suspendre, jusqu’à nouvel ordre, la délivrance des intentions d’importation de bonbons de la position tarifaire 17 04 90 00 00. » Autrement dit, en violation des textes sur la libre circulation des biens et des personnes, une interdiction formelle pour les unités industrielles de l’espace Cedeao et Uemoa, d’exporter des bonbons au Mali. Une mesure qui a déjà eu de lourdes conséquences. C’est par l’entremise de Amadou Ba, à l’époque ministre de l’Economie et des Finances que le Sénégal a saisi la Commission de la Cedeao présidée par Jean Kasso Brou et basée à Abuja, au Nigéria afin de “lever cette mesure de suspension ou, à tout le moins, son inapplicabilité aux importations intra-communautaires ». Amadou Ba d’ajouter que « cette mesure affecte négativement les entreprises sénégalaises qui évoluent dans le secteur de la confiserie. Ces dernières ont vu leurs exportations à destination du Mali subitement stoppées. Elle viole également le Traité de la Cedeao en ces articles 35 sur la libération des échanges et 41, relatif à l’interdiction des restrictions quantitatives sur les produits originaires de la Communauté.
En effet, aux termes des dispositions des articles précités, chaque Etat s’engage à éliminer totalement toute restriction de nature contingentaire, quantitative ou assimilée ainsi que les obstacles administratifs au commerce entre les Etats membres ».
Avant de rappeler que : «Cette situation est préoccupante et constitue une entorse aux règles de saine concurrence et au développement des échanges intra-communautaires.
Aussi, vous saurais-je gré des dispositions pratiques et urgentes que vous voudrez bien faire prendre pour la levée de cette mesure de suspension ou, à tout le moins, son inapplicabilité aux importations intra-communautaires ».
Plus grave, dans les milieux d’affaires à Bamako, on soupçonne fortement un puissant industriel d’origine libanaise, d’être derrière cette mesure qui risque de fragiliser encore plus le Mali sur la scène diplomatique sous-régionale.