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L’Italie renouvelle son soutien controversé aux garde-côtes libyens

Le Parlement italien a renouvelé jeudi son soutien financier et matériel aux garde-côtes libyens, qui a pour but de stopper les embarcations de migrants en mer Méditerranée. Selon l’ONG Oxfam, l’aide italienne allouée aux autorités libyennes depuis 2017 s’élève à 32,6 millions d’euros.

Jeudi 15 juillet, la Chambre italienne des députés a approuvé avec 428 voix (deux contre et deux abstentions) la résolution autorisant et prolongeant les missions militaires italiennes à l’étranger. Parmi ses prérogatives, le financement et la formation des garde-côtes libyens : depuis 2017, l’Italie, soutenue par l’Union européenne (UE), leur fournit notamment des vedettes rapides permettant d’intercepter les migrants en mer Méditerranée afin de les renvoyer en Libye.

Trente députés de gauche, du centre-gauche et d’extrême-gauche ont présenté une résolution appelant à la suspension immédiate du soutien aux autorités libyennes, mais la majorité des élus l’ont rejetée. « Continuer à soutenir financièrement et indirectement la déportation d’hommes, de femmes et d’enfants vers des centres de détention en Libye, prétendant que cette réalité n’existe pas, constitue une violation des conventions internationales de protection des droits de l’Homme », a affirmé Erasmos Palazzotto, du parti de gauche Libres et égaux (Leu).

D’après Oxfam, les financements à la Libye destinés à bloquer les flux migratoires vers l’Europe ont augmenté d’un demi-million d’euros cette année. Le montant de l’aide financière italienne est passé « de 10 millions (d’euros) en 2020 à 10,5 millions en 2021 ». « Au total, 32,6 millions (d’euros) ont été alloués aux garde-côtes libyens depuis 2017 », date de la signature du premier accord entre les deux pays, précise l’ONG dans un rapport.

« Complicité » de l’Union européenne
Le vote du Parlement italien intervient le jour même de la parution d’un autre rapport, dans lequel Amnesty international dénonce la « complicité » de l’Union européenne dans les atrocités subies par les migrants interceptés en mer et renvoyés en Libye. Selon l’ONG, le soutien de l’UE aux gardes-côtes libyens contribue aux « terribles violations » commises « depuis une décennie » sur les migrants enfermés dans les prisons libyennes.

Par ailleurs, comme le rappelle Amnesty international, « les interceptions des migrants en mer sont généralement émaillées de violences. Plusieurs migrants ont raconté que les garde-côtes libyens avaient « délibérément endommagé leurs embarcations, les faisant chavirer », provoquant la noyade des naufragés.

Malgré ces accusations, « les navires européens ont largement déserté la Méditerranée centrale pour éviter d’avoir à secourir des bateaux de migrants en détresse », déplore Amnesty. Pire, Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières, « exerce une surveillance aérienne au-dessus de la Méditerranée pour repérer les embarcations » sans leur offrir d’assistance avant l’arrivée des autorités libyennes.

Dans son rapport, Oxfam signale également que plus de 720 personnes sont mortes en Méditerranée centrale depuis le début de l’année. Et « au moins 7 135 depuis la signature du (premier) accord entre l’Italie et la Libye en 2017 ».

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