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Mali : les communautés peule et dogon fument le calumet de la paix

Des représentants des communautés peule et dogon du centre du Mali ont signé trois accords pour tenter de ramener la stabilité dans cette région particulièrement éprouvée par les violences intercommunautaires et jihadistes, a annoncé mardi une ONG suisse spécialisée dans les médiations.

Les communautés peule, constituée majoritairement d’éleveurs, et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, de 11 des 16 communes qui constituent le cercle de Koro ont signé ces « accords de paix » entre le 12 et le 24 janvier, après quatre mois de médiation, a indiqué dans un communiqué le Centre pour le dialogue humanitaire (HD).
Frontalier du Burkina Faso, le cercle de Koro -l’équivalent d’un département- est l’un des principaux foyers de violences du pays. Quasiment inaccessible, il est seulement sillonné par des ONG, les patrouilles de l’ONU et l’armée.

Les signataires se sont engagés à inciter les membres de leur communauté à « oeuvrer en faveur de la paix en pardonnant tous les actes passés et en diffusant des messages de cohésion et d’apaisement », selon le communiqué.

Ils se sont également engagés à « garantir l’intégrité physique, la libre circulation des personnes, des biens et du bétail », à « respecter les us et coutumes » de tous ou encore à faciliter la fréquentation des villages et des marchés par toutes les communautés.

Des accords similaires avaient déjà été signés il y a plus de deux ans mais ils n’avaient pas résisté à la poursuite des violences.

Le centre du Mali est pris dans un tourbillon de violences depuis l’apparition en 2015 d’un groupe jihadiste mené par le prédicateur peul Amadou Koufa, affilié à Al-Qaïda, qui a largement recruté au sein de sa communauté.

Les affrontements se sont multipliés entre les Peuls, et les ethnies bambara et dogon, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense » notamment en s’appuyant sur les chasseurs traditionnels « dozos », notamment la puissante milice dogon Dan Nan Ambassagou, officiellement dissoute mais toujours active.

Ce groupe est accusés par des ONG et l’ONU de massacres dans des villages peuls, ce qu’il dément.

L’armée malienne a pour sa part été accusée d’exactions envers des Peuls dans le même cercle de Koro. De nombreux Peuls se sont réfugiés dans la périphérie de la capitale régionale, Mopti.

« Par ces accords, les communautés témoignent de leur lassitude face au conflit », a déclaré Abdelkader Sidibé, chef de mission de HD pour le Sahel, cité dans le communiqué.

« Pour preuve », après la signature du précédent accord, des Peuls ont « pu accéder au marché de Koro » pour la première fois depuis 2018, selon l’ONG.

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