SOCIETE / FAITS DIVERS

MAURICE SOUDIEK DIONE, CHERCHEUR : « NOTRE DÉMOCRATIE A ÉTÉ BALAFRÉE »

Ousmane Sonko multiplie ses visites auprès des leaders de l’opposition et des membres de la société civile. Le leader de Pastef les Patriotes, inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour viols répétitifs et menaces de mort, prône la mise en place d’une plateforme regroupant toutes les forces vives de la Nation afin de lutter en faveur « la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit au Sénégal ».

Enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, Maurice Soudieck Dione a été interpellé sur cette initiative de Ousmane Sonko. L’analyste politique croit qu’aujourd’hui, il y a une redistribution de la donne politique avec les événements douloureux vécus ces derniers temps. Et selon lui, ce dont il est question avec ces leaders politiques qui ont mis en place cette plateforme, c’est de préserver, de protéger la démocratie.

« C’est un principe structurant, transversal qui fait que la plupart des forces politiques peuvent se mobiliser autour de la défense de cet idéal. C’est un cadre d’action et de pression pour obtenir plus d’avancées par rapport au processus démocratique pour stabiliser celui-ci et maintenir le respect des droits humains, restituer à la démocratie ses lettres de noblesse. Par rapport à cet idéal, toutes ces forces de l’opposition et de la société civile peuvent se retrouver », a expliqué M. Dione.

À la question de savoir si cette plateforme peut évoluer vers des coalitions électorales, il rétorque : « Pour le moment, ce qui est en jeu, c’est de préserver la démocratie sénégalaise qui a été balafrée par les agissements du régime en place ».

En effet, selon certains observateurs de la scène politique sénégalaise, Ousmane Sonko, troisième à la dernière élection présidentielle, a demandé la mise en place de cette plateforme parce qu’il se voit comme le chef de l’opposition après que Idrissa Seck a rejoint le parti. Maurice Saudieck relativise même s’il reconnaît que tous les leaders de l’opposition ont des ambitions présidentielles. Toutefois, il croit que le véritable problème aujourd’hui « c’est de redéfinir la carte politique à la suite de la ré-allocation du rapport de force entre le pouvoir et l’opposition ».

A son avis, les opposants ont compris qu’il faut une dynamique unitaire. Mais, précise-t-il, cette dynamique unitaire ne signifie pas écrasement des ambitions des uns et des autres. « On sort de l’élection présidentielle de 2019 qui a été une élection faussée en raison de la fermeture du jeu parce que des candidatures ont été écartées injustement et illégalement par le procédé inique du parrainage. C’était une façon pour le président Sall de s’assurer d’une réélection dès le premier tour. Donc l’élection de 2019 n’est pas en tant que telle une élection du point de vue symptomatique de la répartition des forces politiques au Sénégal. C’est une élection qu’il faut prendre avec beaucoup de pincette », soutient-il.

Tout compte fait, poursuit-il, « étant arrivé troisième à l’issue de cette élection et que le deuxième, en l’occurrence Idrissa Seck, est allé constituer une coalition du pain et du lait donc naturellement le troisième devient le chef de l’opposition. Mais encore une fois il faut émettre des réserves par rapport à cette élection de 2019 qui a été fauchée à bien des égards. Cette dynamique politique où il y a Khalifa Sall, Karim Wade et d’autres leaders politiques est, peut-être, un moyen de faire pression sur le régime pour ouvrir le jeu politique. Cela bonifiera la démocratie ».

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