Mettre fin au mythe de Démocrate et de panafricaniste de Sonko !

⚫️Mettre fin au mythe de Démocrate et de panafricaniste de Sonko !
Sonko a fondé en 2014, un Parti politique, dénommé, » Les Patriotes du Sénégal pour le Travail et l’Ethique et la Fraternité » (PASTEF), avec comme mot d’ordre le » Changement du Système » !
Ce mot d’ordre révolutionnaire, de « changement du système », il l’a puisé du profond besoin de changement des conditions de vie et de travail du peuple Sénégalais dans sa lutte de libération nationale et sociale dans l’Unité des Peuples d’Afrique.
1) Rappel de la genèse du mot d’ordre « Changer de Système » au Sénégal
Ce mot d’ordre a été d’abord pris en charge par le mouvement Syndical des 1956, avec « l’Union Générale des Travail d’Afrique Noire », qui réclamait l’Indépendance, pour mettre fin au système colonial,
Puis, ensuite, il fut pris en charge en 1957 par le » Parti Africain pour l’Indépendance » (PAI), pour lui donner un contenu concret, consistant à « changer le système colonial » par un « autre système », basé sur la souveraineté du peuple, dans le cadre d’une République démocratique laïque, pour en finir avec l’exploitation coloniale et capitaliste du peuple, en mettant en œuvre une alternative économique sociale politique et culturelle, orientée vers le Socialisme et le Communisme.
Malheureusement, avec la victoire des partisans du maintien du système colonial lors du Referendum de 1958, le développement du Sénégal a été inscrit, dans ses limites strictes de ses frontières héritées du Colonialisme, dans une logique de remodelage du système de domination coloniale et d’exploitation capitaliste, dès son accession à la « souveraineté internationale » en 1960.
Et cela, à la place de la « souveraineté nationale » des peuples d’Afrique, dans le cadre de l’Unité continentale qu’il a réclamée des 1956, pour mieux assumer leur « souveraineté internationale » que leur reconnaît le reste du monde dès 1960.
Depuis lors, la lutte du peuple Sénégalais s’est inscrite dans une dynamique de parachèvement de son Indépendance, par la conquête de sa souveraineté nationale dans le cadre de la lutte générale des peuples d’Afrique pour leur Unité continentale.
C’est dans ces conditions historiques que le PAI a cherché à matérialiser son mot d’ordre révolutionnaire de « MOOM SA REEV, BOOK SA REEV, DEFAE SA REEV », qui veut dire « s’approprier son pays, le gouverner ensemble, pour le développer ensemble ». !
Ainsi historiquement, le PAI n’a jamais prétendu détenir le monopole du Patriotisme, ni ne s’est donné comme objectif de gouverner seul le pays, encore moins de le construire seul.
Sa stratégie de lutte s’est toujours inscrite dans une perspective de large rassemblement des forces patriotiques, pour restituer à notre peuple, sa souveraineté nationale, dans une République démocratique, laïque et de justice sociale, qui est pour, lui, le préalable nécessaire pour poser les bases de la lutte pour le Socialisme et le Communisme.
C’est pour cette raison historique qu’il a mené le combat pour son retour à la légalité institutionnelle, dans le cadre de la lutte contre les lois d’exception prises par le gouvernement pour restreindre l’exercice des Libertés démocratiques dans la vie publique et dans les entreprises, héritées des luttes sous le Colonialisme.
Cette interdiction est intervenue en 1960, suite à sa contestation dans la rue, à St Louis, des résultats des élections municipales, c’est à dire, trois ans à peine après sa création, et deux ans après sa mobilisation historique du peuple pour l’Indépendance lors du referendum de 1958.
Depuis lors, la lutte pour l’instauration d’une République démocratique dans un Etat laïc et de justice sociale du PAI, n’a jamais eu de cesse, de se matérialiser sous Senghor, ensuite sous Diouf, pour contribuer à créer les conditions de restitution au peuple Sénégalais, sa souveraineté nationale, à travers l’exercice, sans entrave et de façon transparente son suffrage, pour choisir librement ses représentants dans les Institutions nationales et locales.
C’est tout le sens de notre alliance avec les « Daïstes » qui était matérialisée par la publication conjointé d’un Journal, portant le titre emblématique de « AND SOPI », malgré les critiques portées sur lui, de ressusciter des « cadavres politiques » ,pour masquer son renoncement à la Révolution.
De même que c’est en cohérence avec cette ligne stratégique, que le PAI proposait l’élargissement de cette alliance au PDS, qui venait d’être créé en tant que « Parti Travailliste », avant qu’il n’endosse le manteau de « Parti libéral » que Senghor lui avait taillé, pour pouvoir continuer d’exister dans la légalité.
Mais ce tournant « libéral » du PDS a été exploité par des forces de gauche autour du Président Dia, pour s’opposer à une telle ouverture, mais, cela n’a pas ébranlé le PAI, qui a préféré s’allier au PDS, plutôt que de rester prisonnier d’un clivage idéologique du mouvement national pour une République démocratique,
D’où la priorité accordée par le PAI, et à sa suite, par le PIT, à la lutte pour créer les rapports de force nécessaires, dans cette lutte, qui explique sa politique d’alliance politique qui a, depuis 1962, mis en œuvre une stratégie de large rassemblement qui dépasse le » clivage Gauche/Droite », dans lequel l’on tentait d’enfermer le mouvement patriotique, républicain et démocratique du Sénégal.
Cette stratégie d’alliance, au –delà des clivages idéologiques, a fini, en 1999, par triompher, avec la mise en place d’une forte coalition, entre le PIT, la Ligue, AND Jëff, le parti du Président Dia, un Parti issu de celui du Professeur Cheikh Anta Diop, l’UDF/Mboolomi, et le PDS.
Cette Coalition historique a été dénommée « Coalition pour l’Alternance 2000 » (CA2000).
Aujourd’hui, c’est cette stratégie qui a été matérialisée par l’avènement de deux Alternances démocratiques au pouvoir, attestant de l’effectivité du recouvrement, de notre peuple, de sa souveraineté nationale sur le choix libre de ses représentants, à travers l’instauration du multipartisme intégral, le pluralisme syndical, l’ouverture intégrale à la société civile du droit de solliciter le suffrage du peuple, dans tous les types d’élections nationales et locales, et un Code électoral, depuis 1992 consensuel, régulièrement amélioré, pour assurer la transparence des élections. .
Le défi d’aujourd’hui, est donc de préserver et d’élargir ces conquêtes démocratiques, tout en préservant la nature républicaine et laïque de l’Etat du Sénégal, qui protège la liberté de conscience, et reconnaît, aux » Communautés religieuses » le droit à l’auto gestion ; ce qui est à la base de la convivialité qui caractérise l’existence de notre peuple multi ethnique, multiculturel, et multiconfessionnel.
En effet, c’est sur la base de ce recouvrement de la souveraineté du peuple, que se déroule aujourd’hui, le » clivage », dans le mouvement démocratique national, entre les « forces patriotiques et non patriotiques », par rapport au système économique social, et culturel hérité du colonialisme et réaménage de l’Indépendance en 1960, à nos jours.
3)quel contenu exact Sonko donne t il a son slogan » Changer le Système »?
Dans son Programme électoral pour la Présidentielle de 2019, Sonko parle de sa volonté de » renégocier les contrats pétroliers et miniers » en vigueur, pour lutter contre le bradage de ces ressources du peuple, pourtant reconnues » propriétés du peuple » par la Constitution de 2016, dont il a combattu l’adoption.
Depuis cette Constitution, le défi à relever pour tout patriote qui défend la souveraineté du peuple sur ses ressources naturelles, devrait être, celui de rassembler le plus largement possible les Sénégalais, pour définir de façon consensuelle les modalités de mise en œuvre de l ‘exercice par le peuple de cette souveraineté.
Dans ces conditions, promouvoir une renégociation des accords passés sur l’exploitation de ces ressources, est une manière d’éviter le défi de la restitution de ces ressources à la souveraineté du peuple, pour qu’il continue à déléguer cette souveraineté nouvellement acquise à ses représentants, qui peuvent continuer à en user et abuser à leur guise, pour négocier et renégocier à volonté, des accords avec des investisseurs !
Mais, c’est aussi une proposition démagogique, qui veut faire savoir au peuple, que les contrats déjà signés, sont renégociables a volonté, sans l’assentiment de ceux qui en bénéficient.
Mais surtout ignorer ce qu’une telle politique mise en œuvre par Wade par ka résiliation unilatérale des contrats miniers dans l’exploitation du Fer du Sénégal Oriental, a couté à l’Etat, avant de pouvoir recouvrer le titre de propriété de cette mine.
Cette volonté de restituer au peuple sa souveraineté sur les ressources naturelles, est, par contre, est déjà manifeste dès l’Acte 3 de la Décentralisation, dans le cadre de la Réforme du « Code Général des Collectivités Territoriales », qui, non seulement a reconduit la gestion des terres du « Domaine National » au Conseil Municipal, mais a aussi prévu un » Conseil Consultatif de Quartier/Village », sur toutes politique publique ou locale les concernant.
Donc, le véritable défi pour un Patriote en 2019, c’était faire des propositions alternatives de rassemblement largement les Sénégalais pour définir, le plus conventuellement possible, les modalités de mise en œuvre de la souveraineté du peuple sur les ressources naturelles, et son pouvoir de contrôle citoyen sur leur utilisation.
C’est dans ce cadre que le Président Macky, a renégocie les contrats en fin de validité pour mieux défendre les intérêts du Peuple, à l’issu d’une large consultation nationale, pour adopter, à cet effet, un nouveau « Code minier », un nouveau ‘Code de l »Energie », et une « Loi sur le Contenu Local ».
Il ne reste que la définition, à l’issu d’une large concertation nationale, des modalités de mise en œuvre du » Conseil Consultatif de Quartier/Village, pour assoir les bases de l’exercice de la souveraineté du Peuple sur les politiques d’utilisation des ressources naturelles.
Mais Sonko, son Parti et ses allies se présentent à l’opinion comme les véritables « patriotes », en évitant les questions qui fondent la légitimité d’une telle revendication.
Leur objectif, c’est sous couvert de patriotisme, accéder au pouvoir pour mettre en œuvre leur projet de République théocratique, pour pouvoir » déshabiller Jean » qui bénéficient de contrats miniers et pétroliers, pour » habiller Paul, à leur guise, et sans aucun contrôle républicain ni citoyen.
C’est cette même hypocrisie dont il fait preuve en faisant croire à son engagement anti Français et pan africain.
4) Sonko, la France et le Pan africanisme.
C’est sous ce registre que la duplicité Sonko est sans commune mesure par rapport à celle de ses allies.
En effet, Sonko excelle dans ses diatribes anti CFA, anti APE, et anti Présence militaire Française en Afrique, en se revendiquant de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme, du Professeur Cheikh Anta Diop, et du Président Sankara du Burkina Faso.
Mais à y regarder de près, Sonko est à l’antipode des icônes que ces figures emblématiques représentent pour les peuples d’Afrique, et pour la jeunesse, en model d’engagement patriotique et d’éthique républicaine.
C’est ainsi il s’est montre anti CFA, mais pour une monnaie nationale dans chaque pays, ce qui est aux antipodes de l’idéal de monnaie communautaire au sein de l’UEMOA, et surtout de la CEDEAO, afin de jeter de solides bases d’une monnaie commune pan africaine.
Le micro nationalisme monétaire de Sonko est, non seulement anti pan africain, mais il est aussi réactionnaire, puisque que cette position est soutenue par les Autorités françaises, qui encouragent cette alternative, par l’intermédiaire d’économistes et /ou d’universitaires, à leur service, à défaut de continuer à pouvoir contrôler le CFA, ou l’ECO CEDEAO.
A cet effet, ces Intellectuels, tout en exigeant la fin du CFA, sèment en même temps le doute sur la faisabilité de la Monnaie commune CEDEAO, et même la présentent souvent comme une Alternative qui est pire que le CFA.
La monnaie nationale serait si fragile, que le risque de sa reprise de contrôle par la France, reste suspendu sur la tête de nos Chefs d’Etat.
Donc, c’est une façon de chasser la France par la fenêtre, tout en créant les conditions pour son retour par la grande porte !.
D’ailleurs les critiques de Sonko , sur les relations monétaires entre la France et ses ex colonies qui sont concentrées exclusivement sur le dépôt de nos réserves de change dans un Compte du Trésor Français, et sur la parité fixe avec l’Euro garantie par la France, ont perdu toute crédibilité, depuis que la France a restitué ces réserves à la BCEAO, a retiré ses représentants dans les organes de gestion du CFA, et la fin du dépôt obligatoire de 50% de nos ressources extérieures d’exportation dans le Compte d’ Opération qui était ouvert au Trésor de la France.
Mais il n’a jamais pipé mot de nos réserves en OR, qui sont logées dans un compte de la Banque de France, et qui contribuent à la garantie de la France, de la parité fixe entre le CFA et l’Euro.
Pour un Patriote militant fervent pour la fin des accords monétaires entre la France et nos Etats, ce silence assourdissant sur notre Or dans la Banque de France, est troublant à plus d’un titre
Dans ces conditions, continuer à vilipender la garantie de la France, en évitant de dénoncer ce qui lui permet encore de s’exercer, c’est, soit de l’hypocrisie,,soit , une ignorance impardonnable de la part d’un patriote engagé de la lutte contre les rapports monétaires et la France et ses ex colonies.
C’est ce même silence troublant que l’on note chez lui, dans son combat anti APE, lorsque la Cote d’Ivoire et le Ghana, ont souhaité la mise en place d’un » Fonds d’appui de la CEDEAO,» pour leur permettre de rejeter ces Accords sans pénaliser outre mesure ses agriculteurs.
Comme ce sont des Economies non PMA, ils sont comme le Nigeria, confrontés à la non exonérations de leurs exportations vers l’Union Européenne, qui refuse d’enlever ces taxes, tant que ces pays refusent de signer les APE.
Le Nigeria dont les exportations ne dépendent pas du marché européen, a pu passer outre, en refusant de les ratifier sans coup férir.
Mais, comme étant la plus grande Economie de la CEDEAO, son refus de soutenir le « Fonds » souhaité par la Cote d’Ivoire et le Ghana, a mis ces pays dans l’obligation de signer des » Accords intérimaires » avec l’Union Européenne, fragilisant ainsi le front communautaire contre les APE.
Ni Sonko, ni ses allies dans la lutte contre les APE, n’ont pipé mot contre le chantage de l’Union Européenne sur la Cote d’Ivoire et le Ghana, ni contre le nationalisme étroit du Nigeria, qui plombe le projet de réalisation de l’Unité économique et politique de la sous-région.
Pourtant, malgré ce défaitisme criard, Sonko et ses allies continuent de proclamer leur engagement pan africaniste, avec comme référence Cheikh Anta Diop et Sankara.
Mais, ce qui est surprenant, c’est de voir, à ses cotes des Sénégalais connus, dans leur parcours politique, pour leur proximité avec Cheikh Anta Diop, qui mettait toujours au-devant son idéal d’unité Africaine, qui a absorbe toute son énergie intellectuelle et politique, au détriment de ses ambitions politiques nationales.
Comment donc peuvent- ils s’accommoder avec le micro nationalisme de Sonko pour lui donner une apparence d’engagement pan africain ?
De même l’engagement pan africain de Sankara s’est surtout exprimé dans sa lutte pour le nom remboursement collectif de la dette extérieure africaine, jugée illégitime puisqu’usuraire !
Mais chez Sonko, c’est le silence radio sur cette thématique, tout, en privilégiant de reprendre les critiques du FMI à l’égard des politiques d’endettement de nos gouvernements, qui ne respectent les politiques d’austérité budgétaire qu’il leur impose, et qui sont comptables du niveau élevé des déficits budgétaires qui créent des besoins croissants d’endettement.
Ainsi, si pour Sankara la dette est illégitime à cause des critères usuraires infondés des Créanciers, pour Sonko, ce sont nos gouvernants qui sont fautifs, pour avoir mal gère leurs budgets conformément aux prescriptions du FMI.
Ainsi la position de Sonko sur la dette, prouve qu’il n’est pas pour le « Changement du système économique et social » du Capitalisme libéral, que Sankara a voulu changer, en s’attaquant au Capital financier, qui est la base de l’Impérialisme et de ses guerres de conquête et / ou de préservation de ses parts de marche au plan mondial.
Sankara doit donc, se remuer dans sa tombe en voyant une telle usurpation de son combat contre l’Impérialisme pour la souveraineté des peuples !
Cette attitude de Sonko vis-à-vis du « système économique et social » du Capitalisme libéral, explique ses critiques superficielles des relations monétaires entre la France et ses ex colonies, des APE, et de la Dette, malgré le radicalisme qu’il affiche dans ces discours.
Mettre fin au mythe de Sonko….
( Suite)
2)Comment s'opère ce nouveau clivage?
Les acquis démocratiques du peuple ont permis à toutes les couches et classes sociales intéressées par la conquête du pouvoir, de créer le Parti politique ou le Mouvement politique de son choix, pour solliciter son suffrage.
C’est dans ce cadre que sont apparus deux types de courants politiques, que sont,
- d’une part, ceux qui veulent conserver la nature républicaine , démocratique
et laïque de l’Etat, même s’ils diffèrent sur comment développer le pays, et ,
- d’autre part, les adeptes d’un Etat théocratique, dans une République des Mollahs, avec la disparition de la laïcité de l’Etat. Ce deuxième camp, était latent dans la vie publique au Sénégal, depuis la Révolution Iranienne. Il s’est peu à peu affirmé dans les médias et les réseaux sociaux, en exploitant et abusant des acquis du peuple en matière de liberté de Presse.
Mais, il s’est, pour la première fois, manifesté politiquement lors du Referendum sur la Réforme de la Constitution, à travers le Parti de Sonko, PASTEF, qui a su rassembler l’opposition autour du rejet de la Réforme, sous prétexte de combattre l’homosexualité et la laïcité de l’Etat, qui est accuse de la volonté de la légaliser à travers la Réforme proposée..
C’est donc sur ce fond idéologique, que Sonko parle de » Changement du Système », sans jamais définir, ni présenter a l’opinion, le » Système nouveau » qu’il propose.
D’ailleurs, à lire attentivement le nom qu’il a donné à son Parti, qui appelle » au « Travail, à l’Ethique et à la Fraternité » », l’on devrait comprendre que, ce qu’il vise, n’est nullement le changement du système économique, et social hérite du colonialisme et remodelé depuis 19690, mais bien celui des « Valeurs » du peuple, projet fortement exprimé par le mouvement « SAMM DJIKOO YI », qui lui est proche.
Mettre fin au mythe de Sonko ….
( Suite et fin )
Mais Sonko a besoin de ce radicalisme pour camoufler le véritable contenu du « changement » qu’il préconise, tout en détournant l’attention des populations, des causes véritables de leur mal être, et de leur mal vivre.
5) Le véritable contenu du " changement" pour Sonko.
Sonko réduit les causes des problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels des Sénégalais, a une « inadéquation » à notre Société, des « Valeurs », importées d’Occident, notamment de la France, sous le colonialisme et le néocolonialisme.
Il fonde ainsi un discours politique nouveau alternatif, dans le débat public, axé sur un besoin de » moralisation de la Société », dont les « Valeurs historiques » seraient malmenées par le comportement des hommes qu’ils soient au pouvoir, dans l’opposition, ou dans la Société civile.
C’est pour la réalisation de ce besoin, qu’il préconise la lutte contre la perversion des hommes qui ne respectent plus les règles de vie édictées par l’Islam.
Mais, pourtant, les causes de ces inégalités sociales trouvent leur fondement dans les rapports de dépendance de nos pays vis à vis de la France, dans le cadre de la continuation du colonialisme remodelé en système néocolonial, qui s’est accommodé du tournant néo libéral mondial, à partir de la deuxième moitié des années 80 du XXème siècle.
Ces inégalités sociales se creusées et élargies de plus en plus au sein de la population, au fur et à mesure que se déroule cette mutation du système de dépendance et d’exploitation néocoloniale, en un système nouveau néocolonial de dépendance et de développement du Capitalisme libéral, à partir des « Programmes d ‘Ajustement Structurel » des années 90, et des « Politiques d’austérité budgétaire », à partir de 2000.
C’est ce virage économique et social qui a aggravé le sous- développement que vit le pays , en provoquant un chômage massif, la destruction de l’École publique qui , sous le colonialisme servait » d’ascenseur social « , l’exode rural massif vers les villes où poussent des » bidonvilles » comme des champignons, une promiscuité de plus en plus en plus insoutenable, faisant le lit à la montée de la criminalité, des délits, y compris économiques, et de la dépravation des mœurs, sous l’ emprise des « besoins » non satisfaits, qui entretiennent le vice, et l’ennui au sein des populations.
En visant ces pertes de » Valeurs », Sonko s’attaque aux » effets et non aux causes », du mal être et du mal vivre des Sénégalais.
C’est pour mener à bien cette croisade, qu’il a créé son Parti, PASTEF, avec ses anciens camarades, membres de » l’Association Nationale des Elèves et Etudiants Musulmans » du Sénégal, (AEEMS), d’obédience IBADU, qui est une branche sénégalaise des « Frères musulmans ».
Et pour la massification de son Parti, il compte reposer sa base sociale, sur ces anciens camarades de l’AEESM, qui sont actuellement en activité dans tous les secteurs de l’Économie, notamment dans l’Administration, dans toutes les régions du Sénégal, et dans la diaspora.
C’est avec cette force de frappe, qu’il compte exploiter, à des fins politiques, les convictions religieuses musulmanes de la majorité des Sénégalais, notamment sa composante jeune, pour les embarquer dans une croisade contre les « dirigeants de peu de vertu », par des « dirigeants vertueux », à tous les niveaux de la Société.
C’est ce changement de leadership du pays, à tous les niveaux, par des » hommes vertueux » dans sa conception salafiste de la « Vertu», qu’il propose aux Sénégalais à travers son slogan fétiche » Changement du système » .
C’est dans cette dynamique que le Mouvement And Saam Djikoo Yi a été mis sur pied, pour une plus grande massification de la mouvance salafiste autour de Sonko et de son Parti.
Mais il a fait déjà des émules non islamistes, dans la croisade contre les dirigeants de peu de vertu », avec la création d’un Parti laïc, dénommé, » la République des Valeurs »!
6) Conclusion
Au vu de tout ce qui précède, continuer à sous- estimer le danger que représentent Sonko, son Parti et la mouvance salafiste à ses côtés, pour notre Société et les acquis républicains, démocratiques et laïcs de notre peuple, serait faire preuve d’un aveuglement suicidaire.
Cela l’est d’autant plus dans ce contexte, où les accusations de viol portées à son endroit par une jeune femme dans un Salon de Beauté à Dakar, et la duplicité flagrante qu’il a affichée dans son adhésion au Mouridisme pour se soustraire des accusations de Salafiste en son endroit, ont montré Sonko, sous le visage d’un « homme de peu de vertu », qu’il prétend pourtant combattre !
Son discours radical et moralisateur, qui cache son projet de société théocratique et anti confrérique, devrait être combattu et démystifié à chaque instant, sans concession aucune, pour l’empêcher de déstabiliser le pays, afin de prendre le pouvoir par la Rue, en exploitant la souffrance des populations, notamment sa partie jeune, qui s’est exacerbée dans le contexte actuel, où la pandémie rend illisibles toutes perspectives de solutions efficaces à court et moyens termes.
Notre pays l’a échappé belle lors de l’insurrection ratée de mars 2021 !
D’où la nécessité d’un large front républicain et démocratique, pour défendre la laïcité de l’Etat, et renforcer les changements économiques et sociaux en cours dans notre pays, dans le cadre de la Transition, entamée depuis 2014 avec le PSE, du système capitaliste libéral néocolonial hérité du Président Wade, vers un Capitalisme d’Etat.
C’est cette orientation qui permet d’édifier un Etat économiquement puissant, pour impulser, à ses côtés, un privé national suffisamment fort, en mesure de l’accompagner dans sa mission de développement économique et social inclusif du pays, afin de réduire, puis d’éradiquer les inégalités sociales.
Dans cette perspective, les nouvelles politiques publiques devraient s’articuler autour de la nécessité de la réhabilitation de l’Ecole publique, de la lutte contre le chômage, de la modernisation des exploitations agricoles familiales regroupées en Coopératives, et de la promotion d’une politique d’industrialisation axée sur la transformation en produits finis, de nos productions agricoles, d’élevage, de pêche, et de nos ressources minières et pétrolières.
Un tel tournant nécessite des concertations les plus larges possibles, pour définir les modalités de mise en œuvre de l’exercice de la souveraineté du peuple sur les ressources naturelles du peuple, le contrôle citoyen des Elus et des Grands Commis de l’Etat, et le contrôle des travailleurs sur la gestion de leurs entreprises, dans le secteur public et dans le secteur privé, et sur la gestion de leurs carrières.
Ce sont ces changements venus à maturité, que Sonko et son Parti PASTEF, veulent occulter derrière un « changement des hommes peu vertueux », par des « hommes plus vertueux ».
Leur barrer la route est un devoir de premier ordre, pour tous les patriotes, républicains, démocrates, et panafricains, dans les Partis politiques, au pouvoir, dans l’opposition, au sein de la société civile, et dans la Diaspora !
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 3 Août 2021