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Mohamad Algueblawi: «Nous sommes résolus à récupérer tout le territoire libyen»

Dans un entretien accordé à RFI, Mohamad Algueblaoui, porte-parole du ministère des Affaires étrangères du gouvernement d’Union nationale revient sur les derniers développements diplomatico-militaires en Libye.

En Libye, après avoir essuyé plusieurs revers face au gouvernement d’Union nationale (GNA) et son allié turc, l’ANL, l’Armée nationale libyenne (les forces du maréchal Haftar) se retrouve dans une position délicate. Plusieurs villes stratégiques qu’elle contrôlait dans l’ouest libyen sont passées au GNA, le gouvernement d’Union nationale reconnu par la communauté internationale.

Ses forces ont ainsi été contraintes à un redéploiement et se sont retirées de certaines zones de la capitale. Au même moment, Washington qui soutenait Khalifa Haftar au nom de « sa lutte contre le terrorisme » semble se rapprocher du GNA. En témoignent de récentes déclarations de soutien et un coup de fil remarqué du secrétaire d’État américain Mike Pompeo à Fayez El Sarraj.

RFI : Comment expliquez-vous ce revirement américain ? Les États-Unis, après avoir soutenu votre adversaire Khalifa Haftar au début de son offensive pour s’emparer de Tripoli, semblent plus favorables au gouvernement d’Union nationale ?

Mohamad Algueblaoui : Les États-unis ne peuvent qu’être l’allié du peuple libyen dans sa démarche pour la stabilisation et le développement de la Libye. D’ailleurs les États-Unis ont contribué, en 1951, à l’indépendance de la Libye, ils ont (aussi) aidé le peuple libyen à se débarrasser de la dictature en 2011. Les États-Unis se sont ensuite mis en retrait dans le dossier pour des raisons politiques qui leurs sont propres et ont permis à certains de leurs alliés régionaux de s’aventurer en Libye.

Dès qu’ils ont senti que la situation se compliquait et mettait le peuple libyen à nouveau face au danger du retour à un régime militaire dictatorial, ils se sont de nouveau impliqués. La position des États-Unis vis-à-vis de la Libye a changé ou, plus précisément, a évolué. Ils ne sont plus à l’écart comme ils l’étaient au début de l’attaque contre Tripoli.

Mais nous, en tant que gouvernement d’Union nationale, nous attendons davantage de la part des États-Unis. Nous attendons qu’ils jouent un rôle plus fort et plus impliqué pour corriger le tir. Nous nous attendons à ce que Washington occupe sa place naturelle dans le développement de la Libye et dans la réalisation du rêve des Libyens d’un État civil, démocratique et réellement indépendant. De sorte à ce que nous puissions intégrer la communauté internationale et coopérer pleinement avec les pays de la région mais aussi avec les pays occidentaux y compris les États-Unis.

En ce qui concerne les combats sur le terrain qui opposent vos forces à celles du maréchal Khalifa Haftar, le gouvernement d’Union nationale semble prendre une longueur d’avance. Qu’espérez-vous au niveau militaire ?

À l’Ouest, nous avons tout repris, sauf Tarhouna le dernier refuge de Khalifa Haftar. Il ne lui reste que certaines localités au sud de Tripoli. Nous allons libérer Tarhouna. Pour nous ce serait un développement important qui nous permettra de passer à la seconde phase de cette guerre. Nous allons établir notre totale autorité sur l’ensemble du territoire libyen avant de reprendre le processus politique.


Concernant le processus politique, insistez-vous toujours, en tant que gouvernement d’Union nationale, pour exclure Khalifa Haftar de toute discussion à venir ?

Pour nous, c’est clair. Nous ne voulons pas de Khalifa Haftar dans le processus politique. Ce criminel de guerre n’est pas un partenaire dans ce futur processus. Le processus de paix se fera entre les enfants du peuple libyen qui croient à un État démocratique et non militarisé. Nous n’allons pas nous asseoir avec celui qui porte sur ses mains le sang des Libyens, celui qui a amené de nombreux mercenaires en Libye et surtout, les Russes de la société Wagner.

Le président du Conseil présidentiel Fayez al Sarraj a fait un appel aux hommes politiques, à l’élite et aux tribus de l’est pour qu’ils présentent un projet politique afin que l’on puisse arriver à une entente et une solution définitive à cette crise. Nous appelons les Libyens de tout bord à élaborer ensemble une initiative politique qui pourrait mettre fin à cette guerre.

Mais la présence de Khalifa Haftar serait un obstacle. Preuve en est, dix jours avant la conférence nationale inclusive prévue à Ghadamès, il a lancé son offensive et a fait capoter cette conférence. C’est lui encore qui a mis en échec toutes les tentatives précédentes pour une solution politique. Nous avions un accord politique reconnus par tous –(Skhirat)- mais il l’a aussi fait échouer. Nous ne pourrons plus renégocier un nouvel accord avec lui car il ne tient pas ses engagements. Il ne croit pas en un État civil et il sera toujours un obstacle sur le chemin d’une solution politique.

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