CULTURE / ART

[MUSIC-IN] – Coumba Gawlo Seck va mieux : La diva s’est réconciliée avec sa voix

Coumba Gawlo Seck @Page Facebook Coumba G. S.

C’était le 4 février 2021. Je suis réveillé en sursaut par une notification. Je clique dessus : je lis avec stupeur ; ‘‘Je me RETIRE de la scène musicale pour le moment’’. Coup de massue. Je ne vois pas la locution adverbiale. C’est le verbe ‘‘retirer’’ en lettre capitale qui agrippe mon attention et y enfonce ses serres acérées. Choqué, je suis tenté de lâcher mon téléphone, comme on le voit dans les films hollywoodiens. J’anticipe la scène. Je visualise l’action : je vois l’écran qui se brise au contact du sol en mille morceaux. Sueur froide. Je me ravise. Les commentaires douloureux, non feints, se suivent. Je les lis sans vraiment y croire. Cette femme-là, j’aimais le piquant de sa voix, j’adorais sa musique, je rêvais d’assister à un de ses concerts. Là, je tombe des nues. Pour moi, elle est l’une des meilleures chanteuses africaines, une des plus puissantes vocalement. Personne ne peut le nier. Vous oseriez, vous ? Gars à vous ! Qui est cette ‘‘elle’’ que j’hésite à nommer, à casquer d’un patronyme ?

Je veux parler de la fille du célèbre parolier Lamine Bamba Seck et de la célèbre griotte sénégalaise Fatou Kiné Mbaye. En Afrique subsaharien, le griot, avant de devenir aujourd’hui ce sinistre sanguinivore de pauvre qui parade dans les funérailles et baptêmes, faisait partie à l’origine de la caste des poètes-musiciens. Et les griottes sont réputées pour leur superbe voix. Aujourd’hui, cette caste mutilée a perdu son âme et son prestige d’antan. La musique est à la griotte ce que le parfum est à la fleur. Aussi, lorsque j’ai appris le retrait de Coumba de la scène musicale des suites d’une opération qui avait endommagé ses cordes vocales, je suis resté sans voix. Elle était désormais dans l’impossibilité de pratiquer la seule chose qu’elle savait faire.

Coumba Gawlo Seck @Page Facebook Coumba G. S.

Chantons-la !
Coumba est née avec une voix au timbre d’or et de cristal. Elle n’a rien fait pour ; elle l’a héritée de sa mère. On savait qu’elle était appelée à un grand avenir. C’est donc sans grand étonnement qu’à 14 ans, elle remporte le concours « Voix d’Or du Sénégal » sur une chanson « Soweto » écrite par son père. En 90, elle produit chez Syllart Records, son premier album ‘‘Seytané’’ qui va la faire connaître du grand public. Elle va y produire jusqu’à quatre autres albums. Malgré quelques récompenses, la consécration tarde même si au niveau local, elle glane quelques lauriers de troisième zone çà et là. Mais artistiquement, elle tourne encore dans les dédales de l’amateurisme. En 1998, à la surprise générale, elle sort “Yo Malé”, une pépite musicale. Cet album réunit une grosse pointure de la musique, Patrick Bruel. Avec “Yo Malé”, elle décroche un double disque d’or en Belgique et de Platine en France. Mais, ce n’est pas tout. Il y a l’inusable “Pata Pata”.

« Pata Pata », reprise d’un tube à couper le souffle
Avec une reprise magnifique de ce tube inoxydable de Miriam Makeba, Coumba aborde un nouveau virage dans sa jeune carrière et devient une figure incontournable de la musique. “Pata Pata”, sous la voix de Coumba, électrise la jeunesse française. Il devient même le tube de l’été et disque de platine en France en 1999. Cette « trois fois Kora-woman » n’a plus rien à prouver. Mais, ayant l’âme généreuse, elle s’engage aux côtés des enfants malades et des femmes. À mon grand désespoir, elle intègre le club des Enfoirés. Elle décrit l’attitude mollassonne des dirigeants Africains et exhorte ses pairs à plus d’initiative.

Coumba, une voix d’or
L’une des propriétés de l’or, c’est son inaltérabilité à l’air et dans l’eau. J’ai bondi de ma chaise lorsque j’ai entendu Coumba dire sur sa page Facebook : “J’ai retrouvé la plénitude de ses cordes vocales’’. J’ai lâché un soupir de soulagement. Et pour attester ses dires, elle a mis en ligne un clip ‘‘Tekk Gui’’ le 7 mars 2022, extrait de son dernier album sorti en 2018, « Terrou warr.

‘‘Tekk Gui’’ : Un clip hommage
On se croirait au Wakanda, dans une production Marvel : au cœur d’une forêt primitive, une déesse africaine essaime de ses doigts-reines des notes filiales. Chaque touché de piano est une note de feu dont l’écho se répand dans le ruisseau. Elle fait pleuvoir des sonorités sacrées. Une pause. Une invite à ‘‘écouter le silence’, tekk gui’. Cette chanson serait dédiée à son défunt père, Laye Bamba Seck.

       

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