Nicolas Sarkozy doublement mis en examen dans l’affaire de la rétractation de Ziad Takieddine
(Par Le HuffPost)— Nicolas Sarkozy a été interrogé pendant plus de 30 heures sur ce volet de l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007.
C’était l’heure de la décision pour les juges d’instruction. Ils interrogeaient Nicolas Sarkozy depuis mardi dans l’enquête sur des manœuvres frauduleuses destinées à disculper l’ancien chef de l’État des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle 2007.
Les magistrats financiers chargés de l’information judiciaire ouverte en mai 2021 s’intéressent à la rétractation de l’homme d’affaires Ziad Takieddine, une opération appelée « Sauver Sarkozy » par l’un des mis en cause.
À l’issue de l’interrogatoire ce vendredi, l’ancien président a été a été doublement mis en examen, pour recel de subornation de témoin et participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction d’escroquerie au jugement en bande organisée, a appris l’AFP de source judiciaire.
Plus de 600 000 euros pour « sauver Sarkozy » ?
Dans cette affaire, la justice se penche sur les manœuvres qui auraient été élaborées par au moins neuf protagonistes, impliqués à des degrés et moments divers : la reine des paparazzis Mimi Marchand, l’intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, le financier Pierre Reynaud (décédé depuis), le puissant chef d’entreprise David Layani, etc.
Leur objectif aurait d’abord été d’obtenir la rétractation des accusations du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine contre Nicolas Sarkozy, fin 2020, contre une possible rémunération. Alors que, depuis plusieurs années, l’homme d’affaires clamait que Nicolas Sarkozy avait touché de l’argent libyen pour financer de manière illicite sa campagne de 2007, il donne une retentissante interview sur BFMTV et Paris Match. Il assure que l’ex-chef de l’Etat n’a « pas touché un centime, cash ou pas cash ». C’est le point de départ de l’enquête.
Puis, au premier semestre 2021, certains d’entre eux auraient tenté d’obtenir une preuve que le document libyen publié dans l’entre-deux tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et évoquant un financement à hauteur de 50 millions d’euros était un faux. Ou encore à corrompre des magistrats libanais pour qu’ils libèrent un fils Kadhafi détenu dans ce pays, afin que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de Nicolas Sarkozy.
Pour les enquêteurs, selon un chiffrage récemment établi, au moins 608 000 euros auraient pu être utilisés dans cette opération, dont les protagonistes contestent la teneur frauduleuse.