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« On meurt de faim » : Maracaibo, ville symbole de la descente aux enfers du Venezuela

Maracaibo était jusqu’à peu la capitale pétrolière du Venezuela. Minée par l’inflation, la corruption, la faillite des services publics, l’insécurité rampante ou encore les pénuries en tous genres, la ville incarne aujourd’hui la descente aux enfers du pays. Se nourrir y est un défi. Enfants, personnes âgées et malades chroniques s’éteignent à petit feu, faute de soins médicaux. Dans ce document inédit, notre reporter Roméo Langlois est allé au cœur de la détresse humaine pour en rapporter des témoignages glaçants.

Maracaibo, la deuxième ville du Venezuela, est une zone sinistrée. L’inflation a fait exploser le coût de la vie. Les habitants n’arrivent plus à se nourrir, ni à se faire soigner.

Alfredo a 18 mois. Sous-alimenté, il souffre de déshydratation aigüe. « Dans la communauté, il y a beaucoup d’enfants comme lui. Personne ne les aide. Le gouvernement fait semblant de ne pas les voir, et les mères souffrent en silence », raconte Carolina Real, bénévole à la Fondation Levantate.

« On vit une crise humanitaire terrible »

Distribution de nourriture, visites d’enfants malades : comme Carolina, des bénévoles tentent chaque jour de donner espoir aux habitants les plus démunis et les plus faibles. Mais le système de santé est en ruines et le tissu économique dévasté.

« On vit une crise humanitaire terrible », alerte Dora Colmenares, chirurgienne, présidente du collège des médecins de l’Etat du Zulia. « Nos hôpitaux sont devenus des mouroirs. Il n’y a rien : ni médicaments, ni matériel… On manque même d’eau ou d’électricité, car les services publics ne fonctionnent plus. »

Notre reporter déguisé en médecin

Pour pouvoir pénétrer dans l’hôpital dans lequel travaille Dora, notre reporter Roméo Langlois a dû se déguiser en médecin. Les journalistes y sont en effet interdits, car perçus comme une menace par le gouvernement, qui joue la crise anti-impérialiste pour se dédouaner.

Selon Caracas, les difficultés du pays seraient dues aux sanctions économiques américaines contre le Venezuela.

L’opposition, elle, accuse le président Nicolas Maduro, dauphin d’Hugo Chavez, d’avoir instauré une dictature militaire et impute la crise à une gestion désastreuse et à la corruption.

Économie à l’arrêt et violences à la hausse

Un avis partagé par la plupart des chefs d’entreprise. Selon eux, l’expérience chaviste a détruit le pays. Le golfe de Maracaibo, haut-lieu de l’activité pétrochimique, est devenu un cimetière industriel. La production de pétrole s’est effondrée, obligeant les habitants à faire la queue pendant des heures, voire des jours, devant les pompes à essence, parfois pour revendre leur place aux plus riches.

Pour survivre, beaucoup s’en remettent aux trafics en tout genre, voire à la violence. Racket, braquages, kidnapping : les rangs des bandes armées n’en finissent pas de grossir, leurs recrues se faisant toujours plus jeunes.

Il y a encore quelques années, Maracaibo comptait trois millions d’habitants. La moitié d’entre eux aurait fui la ville. Les plus pauvres s’habituent à survivre et s’en remettent à Dieu : sans argent, difficile de partir.

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