ACTUALITÉSCONTRIBUTION

PAR IBRAHIMA DIAGNE : ALERTE SUR LA SITUATION NATIONALE ET LES DÉRIVES ET RISQUES CONTRE LA STABILITÉ DU PAYS

Le Sénégal vient de connaitre deux(2) accidents d’une rare violence avec officiellement soixante-quatre morts (64) ; quarante-deux(42) à Sikilo dans la région de Kaffrine et vingt-deux(22) à Sakal dans la région de Louga.
La situation est très douloureuse et je voudrais d’abord présenter mes condoléances aux familles des victimes des deux accidents Que Dieu le Tout Puissant accorde le Paradis aux personnes décédées et permette aux blessés de retrouver rapidement la santé.
Ces accidents sont liés à une combinaison d’éléments qu’il faut analyser objectivement pour arriver à des mesures applicables et efficaces.
Lorsque des accidents pareils interviennent, les nerfs sont surchauffés et l’on a tendance à voir que du côté des chauffeurs et des transporteurs. Cette approche ne peut produire des mesures efficaces car le problème est beaucoup plus complexe que cela. Les chauffeurs ont certes une grande responsabilité car ce sont eux les propriétaires ou les conducteurs des véhicules de transport et avec certaines de leurs pratiques comme les surcharges, le défaut de visite technique, l’excès de vitesse ou encore le mauvais état des véhicules.
Si on agit que sur le levier chauffeur, le problème de l’insécurité sur les routes va demeurer. Il faut interroger les autres maillons de la chaine, le contrôle sur les routes par la police et la gendarmerie, l’octroi des permis de conduire devenu monnaie courante surtout avec certaines facilités qui ne garantissent pas toujours la fiabilité, les visites techniques des véhicules etc.
A mon avis, les mesures qui ont été prises la semaine dernière par le gouvernement l’ont été dans la précipitation et on sait que les mesures prises sous la colère ou dans la précipitation ne donnent pas toujours les effets escomptés. Il faut considérer tous les aspects de cet environnement qui entoure le système du transport ; ces aspects sont d’ordre juridique, économique, social, culturel etc.
La grève déclenchée par les transporteurs est lourde de conséquences même si une évaluation officielle de l’impact n’est pas encore faite. La seule limitation des déplacements des personnes et des biens affecte négativement l’économie du pays.
Le gouvernement devra gérer avec responsabilité la grève en mettant sur la balance toutes les facettes de la question ; le réchauffement du front social, ajouté à la hausse des prix de certains produits créent une instabilité qui compromet les importants efforts qui sont en train d’être faits par le gouvernement.
La deuxième question que je voudrai évoquer dans ce post est la pollution de l’espace politique et social du pays par de la violence physique et verbale et la vie privée des citoyens qui est trainée sur la place publique, dans la rue.
Les sénégalais ne devraient pas arrivés à ce niveau très regrettable dans nos relations sociales. La construction de la nation sénégalaise post indépendance a été possible grâce aux différents présidents qui se sont succédé et à nos guides religieux, musulmans comme chrétiens sans oublier les autorités coutumières. L’école à travers ses lois d’orientation et ses programmes d’éducation civique, d’histoire et de géographie a aussi contribué à façonner cet homo sénégalensis avec ses valeurs de bravoure, de jom, de kerssa, d’amour pour la patrie etc.
Au regard de ce qui se passe actuellement, c’est comme si ces espaces de socialisation et d’éducation ont échoué. L’insécurité est devenue monnaie courante et stressante pour la population sans oublier les importantes ressources financières, matérielles et humaines mobilisées pour protéger les citoyens ; ces ressources grèvent le budget de l’Etat et auraient dû être investies dans les secteurs de la santé, de l’éducation ou ailleurs.
La presse et les nouvelles technologies ont permis la manifestation à outrance de ces dérives et il faut le dire pour le regretter, elles menacent lourdement la cohésion nationale et la stabilité du pays.
Face à ce spectre de violence et de dégradation des valeurs, les acteurs doivent agir vite pour sauver le pays dans un contexte géopolitique ouest africain qui se complexifie de jour en jour.
Aux chefs religieux, aux autorités coutumières, de parler aux citoyens et fidèles ; aux pouvoirs publics à travers le pouvoir judiciaire de faire appliquer le droit dans toute sa rigueur et de la manière la plus impartiale. A l’état actuel, la justice a un rôle primordial à faire jouer pour que les citoyens s’y reconnaissent davantage et qu’il n’ait pas de place à un sentiment d’injustice ou d’iniquité entre les citoyens.
Dans cette batterie d’actions, l’École devra être au centre dans un processus certes long mais qui pourrait être pérenne, en intégrant de manière efficace la question de la restauration des valeurs dans les programmes d’enseignement.
Ibrahima DIAGNE Inspecteur de l’Éducation en service à l’Inspection générale de l’Éducation/Ministère de l’Éducation nationale
E-mail: ibrahima.diagne1@education.sn

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page