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Paris : dans le parc de la Villette, un campement de familles « pour susciter l’indignation »

Une quarantaine de tentes ont été installées dans le parc de la Villette, au nord-est de Paris, dans la nuit de jeudi à vendredi. Visible par les touristes et les passants, à la différence des autres campements informels de la ville repoussés vers le périphérique, ce camp a pour vocation d’interpeller l’État sur les besoins d’hébergement des familles de migrants.

Vendredi 23 août, 10h. C’est l’heure du petit-déjeuner. À deux pas de la Grande Halle de La Villette et de la Géode, deux lieux de promenade de l’est parisien, 50 familles de migrants, soit environ 120 personnes, sirotent un thé en discutant au milieu de dizaines de tentes. Autour d’eux, des enfants courent, jouent au ballon, ou improvisent un atelier dessins. 

La quarantaine de tentes ont été installées tard dans la soirée, la veille. Elles ne passent pas inaperçues. C’est le but des occupants des lieux : se rendre visibles.

Dans leur démarche, ils sont épaulés par l’association Utopia 56, qui vient en aide aux sans-papiers. « Camper pour être visibilisés », ou « Tentes plantées pour être hébergés », peut-on lire sur des banderoles accrochées entre deux arbres.

Fatma, 32 ans, berce doucement sa petite fille âgée de 23 jours. Arrivée à Paris il y a un an avec son mari, cette jeune Tunisienne était venue faire un master de théâtre à l’Université Paris 8. Mais, faute d’argent, elle a dû quitter l’université et son logement. « Je suis à la rue depuis le 22 octobre 2018. J’ai passé toute ma grossesse dans la rue. J’ai eu un accouchement difficile, je suis très fatiguée », raconte-t-elle.

« J’espère que ce camp va permettre de trouver une solution. J’espère que cette fois, l’État va nous écouter », ajoute la jeune maman.

Selon l'association Utopia 56, plus de 2 000 personnes vivent à la rue dans le nord de Paris. Crédit : InfoMigrants

« Une solution pérenne pour tous »

C’est la seconde fois qu’un tel camp est installé à la vue de tous. Au mois de juillet, une centaine de personnes – des familles avec enfants et femmes seules majoritairement – s’étaient installées sur le boulevard McDonald, près de la porte d’Aubervilliers et de la gare Rosa Parks. L’objectif était déjà de réclamer à l’État des solutions d’hébergement durables.

Le campement avait été démantelé au bout de 48 heures et les familles réparties dans différents centres d’hébergement. Certaines s’y trouvent toujours mais d’autres se plaignent d’avoir été remis à la rue.

« Le problème c’est qu’à Rosa Parks [un quartier du nord de Paris, non loin du périphérique, ndlr], il est devenu banal de voir des gens à la rue. Cette-fois-ci, on a donc voulu s’installer dans un endroit où les Parisiens nous voient vraiment. Nous voulons que ces conditions de vie suscitent l’indignation », explique Julie Lavayssière, membre d’Utopia 56.

D’ordinaire, l’association met chaque soir à l’abri des familles et des femmes seules chez des particuliers qui se sont portés volontaires. Mais depuis le début de l’été, les mises à l’abri sont bien plus difficiles à organiser. Beaucoup d’hébergeurs sont partis en vacances ou ont souhaité faire une pause dans l’hébergement.

« Cet été, on a quand même pu héberger jusqu’à 14 familles dans des appartements dont les propriétaires nous avaient laissé les clés. Mais on souhaite une solution pérenne, totale et inconditionnelle pour tous », déclare encore Julie Lavayssière.

« C’est important qu’on nous voit »

Pour se faire entendre, Utopia 56 veut mettre en lumière des personnes en situation plus que précaire. C’est le cas de Fatma, la jeune maman, ou encore de Romba, enceinte de huit mois et qui doit arriver au terme de sa grossesse le 31 août. Originaire du Burkina Faso, la jeune femme de 24 ans est arrivée en France avec son mari Moussa et leurs deux enfants Abby, 6 ans, et Ali, 3 ans.

Romba doit accoucher le 31 août. Elle dort à la rue avec son mari Moussa et leurs deux enfants Abby et Ali depuis 14 jours. Crédit : Mehdi Chebil.

Toujours en attente de la réponse de l’Ofpra sur leur demande d’asile, ils dorment à la rue depuis 14 jours. Avant cela, ils étaient hébergés dans un hôtel de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne). « Un beau matin, on nous a tendu une feuille ‘fin de prise en charge’ et on a été mis dehors », raconte Moussa.

Le père de famille, qui travaillait comme agriculteur au Burkina Faso, rêve de trouver un hébergement stable pour sa famille. Il s’inquiète notamment que sa fille de 6 ans n’aille pas à l’école.

Moussa ne sait pas exactement combien de temps lui et sa famille vont rester dans le parc de la Villette, mais il trouve important que les passants les voient. « Comme ça, peut-être qu’on s’occupera de nous. »

Selon Utopia 56, plus de 2 000 migrants se trouvent aujourd’hui dans les quartiers du nord de Paris sans solution d’hébergement. La plupart dorment dans des campements installés au bord du périphérique, entre la porte d’Aubervilliers et la porte de la Chapelle.

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