POLITIQUE

Pourfendeur du 3e mandat de Wade : Idrissa Seck aujourd’hui dans un silence si lourd

Dès 2010, le leader du Rewmi a entamé une campagne contre le 3e mandat de Abdoulaye Wade alors qu’il était encore membre du Comité directeur du Pds. Idrissa Seck est même allé consulter Guy Carcassonne pour se faire une idée. Même scénario aujourd’hui avec le Président Macky Sall qui pourrait être candidat. Mais le président du Cese s’emmure dans un silence… interrogatif. Sera-t-il candidat ? Mystère.

On ne sait pas si Macky Sall sera candidat ou pas. C’est en tout cas une éventualité. Il a plusieurs fois repoussé l’échéance. Ses hommes veulent le pousser à lâcher le morceau qu’ils attendent : Un «Je suis prêt». Ce vendredi, lors de leur séminaire, officiellement de réforme de Benno bokk yaakaar, l’Apr et ses alliés vont désigner leur cheval pour 2024.

Qui d’autre que Macky Sall qui, selon eux, est à son «deuxième quinquennat ?» Le chef va-t-il mettre fin au suspense ? Le fera-t-il le 31 décembre, comme Senghor ? En tous les cas, il y a aussi quelqu’un qui garde encore un silence sur la question du 3e mandat. Idrissa Seck a surpris plus d’un en ralliant le camp présidentiel.

En rejoignant son «ennemi» qu’il a toujours accusé d’avoir participé à ce «complot» ourdi contre sa personne, menée par Abdoulaye Wade. Auréolé du rang de 2e à l’issue de la Présidentielle de 2019, qui faisait de lui d’ailleurs le chef de l’opposition de fait, il choisit de transhumer. Mais il semblerait, que cet homme rusé et même «nuancé»- il le revendique comme le «père»- a déjà fait ses calculs.

On le sait, sa position de 2e (20%) en 2019 ne se justifie, en grande partie, que par sa vaste coalition qui a ratissé large en bénéficiant de la consigne de Khalifa Sall en prison. C’est donc moins son coefficient individuel qui l’a ramené au fil des années et des élections à sa plus simple expression (8% en 2012). Alors que le 3e, Sonko (17%) était presque dans une sorte de bon perdant. A la fin, la sympathie montante du leader de Pastef, par sa stratégie- et il s’impose comme le seul et vrai opposant à Macky Sall-semblait éclipser le 2e.

L’ancien maire de Thiès, qui était plus à l’étroit dans ce costume de second, a choisi de plonger. Non pas pour que, comme avait exulté Macky Sall, «58% et 20% fassent 78%», presque un plébiscite, mais pour quoi ? Pour quelle échéance ?

Quand Macky faisait le vide pour… Seck

Beaucoup avaient juré que jamais Seck ne vendrait sa peau pour un poste «sénior» seulement. Il héritera du Conseil économique, social et environnemental (Cese). On en a ri. Et au même moment, le chef de l’Etat a fait le vide autour de lui, en se débarrassant de ses potentiels dauphins comme Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, ou encore Mimi Touré. Le scénario était très évident, sans suspense, pour être vrai.

Il semble plus ambitieux que ce qu’on croit. Tout est question de contexte et de prétexte. Idy a été plusieurs fois cité parmi les Pm que Macky cherchaient après l’implacable défaite aux Législatives du 31 juillet 2022. En ce moment-là, Mimi était envoyée par les certitudes au perchoir. Macky Sall a déjoué tous les pronostics. Y a-t-il eu une mésentente entre Seck et Sall qui a obligé le chef à jeter son dévolu sur Amadou Ba, comme un plan peu probable ?

Idy à Wade : «Retirez votre candidature, elle est irrecevable»

Quoi qu’il en soit, l’on saura l’orientation que prendra Seck. Lui qui est encore si silencieux. D’un lourd silence. Comme son fameux «j’ai enduré d’une belle endurance» ! Idy était parmi les premiers à mener le combat contre la 3e candidature de Wade. Et ceci dès 2010. Samuel Sarr ne le lui a pas d’ailleurs pardonné.

«Le processus de la chute de Me Wade a été donc déclenché par Idrissa Seck qui est le véritablement timonier de la défaite de notre candidat en 2012. Tout ce qui s’était passé par la suite n’était que la conséquence de l’initiative prise par Idrissa Seck et Carcassonne», avait-il dit en 2019. Et c’est Idy lui-même qui est allé, comme dans le Sport, chercher un «sorcier blanc» constitutionnel, Guy Carcassonne, pour se faire une religion.

«Je soussigné Guy Carcassonne, Professeur de droit public à l’Université Paris Ouest Nanterre-La Défense, consulté par Monsieur Idrissa Seck sur l’application de l’article 27 de la Constitution du Sénégal, ai émis l’avis suivant (…) : A la première question ‘’le Président Wade, déjà élu à deux reprises, en 2000 puis en 2007, peut-il être candidat à la prochaine élection nonobstant la disposition selon laquelle le mandat est renouvelable une seule fois ?’’, la réponse est négative. A la seconde question ‘’en quelle année doit prendre fin le mandat en cours ?’’, la réponse est 2012», avait conclu le constitutionnaliste français décédé en 2013.

Voilà qui avait motivé la lettre de Idy, alors membre du Comité directeur du Pds, en date du 4 novembre 2010 au Président Wade dans laquelle il écrivait : «Retirez votre candidature, elle est irrecevable».

En mauvaise Posture

Ça c’était à deux ans avant la Présidentielle de 2012. On est à quelques mois de février 2024 ! Idrissa Seck s’emmure dans son silence. Sera-t-il le candidat de Macky Sall ou de sa propre bannière ?

Ça s’appelle Idrissa Seck. Lors de la conférence de presse du secrétariat permanent de Benno bokk yaakaar, mercredi, il n’était pas présent contrairement à Moustapha Niasse. Même s’il est dans une mauvaise posture après avoir perdu son fief.

Récemment il a organisé une rencontre pour «redynamiser» son parti. Et ses militants l’ont invité à être candidat en 2024. «L’entrisme du parti Rewmi dans le gouvernement n’a en rien entaché la souveraineté de ma formation politique», avait-il déclaré dans les colonnes du journal Le Quotidien. Certains se demandent ce qu’il dirait bien aux Sénégalais sur le bilan de Macky Sall. Mais tout est dans sa posture sur un 3e mandat. Wait and see !

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