Prise en charge de la santé de la mère et de l’enfant : Adéane dépourvu d’ambulance malgré les progrès notés

Avec une population estimée à 6 146 habitants en 2025, le poste de santé d’Adéane, qui dessert également le village de Tambacumba doté d’une case de santé, joue un rôle clé dans la prise en charge de la santé maternelle et infantile. La structure s’est particulièrement illustrée en planification familiale, faisant grimper le taux d’adhésion de 40 % à plus de 75%, selon les dernières évaluations.
Enregistrant 40 accouchements sur la période, le poste affiche des performances notables, mais
reste confronté à un déficit majeur : l’absence d’ambulance pour assurer les évacuations sanitaires en cas d’urgence Adéane, un village situé en Casamance, entre Goudomp et Ziguinchor a reçu hier, mercredi 23 avril la visite de l’association des journalistes en Santé Population et Développement dans le cadre d’une mission en santé de la re-
production en partenariat avec la Direction de la mère et de l’enfant.
Dans cette localité dotée d’un poste de santé, les consultations et les accouchements se déroulent tant bien que mal, en dépit de ressources très limitées. Dans un bâtiment exigu regroupant salle de consultation, maternité, salles d’observation, pharmacie et mini laboratoire, le poste de santé poursuit sa mission de service public dans une atmosphère conviviale. Selon l’infirmier chef de poste Abdoulaye Dabo, le poste de Adéane polarise aussi le village
de Tambacumba qui abrite une case de santé. « Nous allons à Tambacoumba très souvent pour mener des activités de vaccination, de planification familiale (Pf), mais également de consultation primaire curative » a-t-il fait savoir.
Et de poursuivre : « dans ce poste, nous avons une population de 6146 habitants pour 2025 ». Parlant de la planification familiale, M. Dabo renseigne : «au commencement, nous avons constaté une réticence des populations par rapport à ce qui concerne cette méthode. Cette dernière n’avait pas compris, mais avec l’appui de la direction régionale et du district sanitaire de Ziguinchor, ainsi que les formations que nous avons eues au niveau de Ziguinchor, le personnel qui est là, les relais, les agents communautaires ont déroulé des stratégies mises en place».
Parmi les stratégies mises en œuvre pour dynamiser la planification familiale dans cette localité, figurent des consultations communautaires impliquant les chefs de village, délégués de quartier, imams et autres responsables
locaux, afin de leur expliquer les bénéfices liés à la planification familiale. « Les habitants pensaient que la planification familiale visait à empêcher les maris d’avoir de nombreux enfants. Nous leur avons expliqué que ce n’était pas le cas. Ces mobilisations sociales ont grandement favorisé la prise de décision, entraînant une forte
adhésion. » Et de poursuivre : «
Lors de nos dernières évaluations, le taux de PF dépassait les 75 %, alors qu’il était auparavant entre 39 et 40 %. C’est un acquis. Aujourd’hui, notre poste compte parmi ceux qui contribuent à faire grimper ce taux dans le district sanitaire de Ziguinchor, mais aussi à l’échelle de la direction régionale.»
DES BATIMENTS DE-LABRES ET TOUJOURS PAS D’AMBULANCE A ADEANE
Dans la politique nationale de santé, le Sénégal s’est fixé comme objectif d’équiper tous les postes de santé en ambulances pour faciliter les évacuations. Mais à Adéane, malgré une forte affluence et des consultations couvrant diverses pathologies – diabète, AVC, maladies respiratoires – le poste de santé reste sans ambulance.
En cas d’urgence, l’infirmier chef de poste doit utiliser son propre véhicule ou recourir aux taxis clandestins, une pratique contraire aux normes médicales.
« Nous sommes à 34 ou 35 kilomètres du district sanitaire de Ziguinchor. Et pour les évacuations, nous n’avons aucun véhicule. Celle qu’on voit ici est hors service depuis plus de 10 ans. Elle avait été offerte par les amis de la Casamance. Celle donnée par Doudou Ka est également en panne. Depuis quatre ans que je suis ici, je n’ai jamais eu d’ambulance », regrette-t-il. Et de poursuivre : «
En cas d’urgence, je prends ma voiture ou on met les malades dans des taxis clandos. Ce n’est pas normal. On a trop d’accidents de la route ici, et parfois il faut deux heures pour évacuer un patient». Quant à l’état du bâtiment, M. Dabo souligne : « La direction régionale et le district essaient d’obtenir un local plus conforme, mais en attendant, on fait avec. Nous lançons un appel aux autorités pour améliorer nos conditions. Un poste comme Adéane peut enregistrer 45 à 50 accouchements sur certaines périodes. C’est inadmissible qu’il n’y ait qu’une seule salle d’observation avec quatre lits. Même le dispensaire est hors normes.»
Denise Zarour MEDANG