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Procès Mame Mbaye Niang – Ousmane Sonko : Ordonnances de renvoie

– Le jugement fixé au 30 mars

Les avocats de Ousmane Sonko ont obtenu gain de cause. Les robes noires n’étaient pas disposées à plaider hier. Elles ont mis une énorme pression sur le juge Pape Mohamed Diop, qui a finalement tranché en leur faveur. La défense a ainsi prétexté le traitement dont a fait l’objet leur client et Me Ciré Clédor Ly de la part des Forces de l’ordre pour asseoir le bien fondé de leur requête.

Sonko et son avocat, Ciré Clédor Ly, évacués pour raisons de santé

Par Malick GAYE – C’est une victoire pour les avocats de la défense, qui n’étaient clairement pas dans une posture de poursuivre le procès. Le juge, Pape Mohamed Diop, dos au mur, a finalement accepté de repousser encore l’audience au 30 mars prochain. Le magistrat a été acculé par Me Ousseynou Fall, un des conseils de Ousmane Sonko qui a été attrait à la barre par Mame Mbaye Niang pour diffamation sur la gestion des 29 millards Cfa du Prodac. «Si vous acceptez d’enrôler ce dossier, vous serez complice de cette forfaiture. La Justice ne peut qu’être rendue dans un climat serein. Avec les Forces de l’ordre encagoulées dans cette salle, le climat n’est pas serein. En plus, notre client, depuis des jours, est en résidence surveillée.» C’est par ces mots et sur un ton autoritaire exacerbé par une voix rauque que Me Fall a, à la limite, intimé l’ordre au magistrat de renvoyer l’affaire.

Le juge a fait preuve de pédagogie. Mohamed Diop n’a pas bronché. Une sagesse dont les avocats de Mame Mbaye Niang n’ont pas fait montre. Avec des hurlements réprobateurs, ils coupent la parole à Me Ousseynou Fall. C’est la première suspension d’audience.

Alors que le juge Diop et ses assesseurs sont sortis, Abass Fall se signale. Le député de Yaw, en tenue décontractée, s’est donné un malin plaisir de répondre à un homme assis deux rangées derrière Mame Mbaye Niang, qui expliquait à une dame qu’il n’avait pas pris de photos. Une situation qui ne laisse pas indifférents les partisans de M. Niang, qui répliquent. Il a fallu l’intervention de certains journalistes pour faire entendre raison aux protagonistes.

Après la suspension, le juge Diop reprend les débats. C’est au tour de Me Guy Hervé Rommel Kam du barreau de Ouagadougou d’expliquer le bien fondé d’un renvoi de l’audience. «C’est hier (mercredi) que je suis arrivé à Dakar. Je me suis automatiquement rendu chez mon client. J’ai constaté que sa maison était barricadée. C’est une image qui n’honore pas le Sénégal. J’ai voulu le rencontrer, mais la police m’a refusé l’accès. Les Forces de l’ordre ont refusé l’accès à un acteur de la Justice. Je ne sais pas si vous imaginez la gravité des faits», a expliqué la robe noire burkinabè pour solliciter un renvoi.

Une requête qui a le don de faire sortir Me El Hadji Diouf de ses gonds. «Nous nous opposons fermement à cette requête. Il devrait être simple. C’est un procès en diffamation. Quand on accuse publiquement une personne et qu’on dit détenir des preuves, on devrait s’empresser de les exhiber. On n’a pas besoin de temps pour se préparer. C’est simple, qu’il sorte le rapport qui prouve ce qu’il a dit», a dit d’un ton ferme Me El Hadji Diouf. Une interprétation de la demande des avocats qui a énervé Me Ousseynou Fall de la défense. «Cette affaire ne peut être jugée aujourd’hui. M. le président, si vous acceptez de la retenir, vous serez complice de cette forfaiture. Macky Sall ne peut pas imposer sa loi. Nous n’allons pas l’accepter.»  C’est la déclaration de trop de Me Fall, qui va se faire réprimer par le juge. Mohamed Diop lui demande de sortir de la salle d’audiences.

«Je sais rendre la Justice dans l’élégance et la courtoisie. Nos concitoyens sont en train de nous observer et de nous juger. Je vous ai laissé faire depuis ce matin, mais ça suffit. Je peux être dur. On ne peut pas prendre une décision normale dans cette situation», a dit le magistrat, juste après la deuxième suspension d’audience où il a demandé à s’entretenir avec le représentant du Bâtonnier. A la reprise des débats, le procureur a souligné «l’élégance de la Justice en attendant Ousmane Sonko» et Mame Mbaye Niang a réexprimé son souhait de voir ce chapitre se terminer. «Ça fait 4 mois que je suis diffamé. Je réclame justice, tout simplement», a dit le ministre du Tourisme.
Ciré Clédor Ly, un des avocats de Sonko, a mis sur la table son état de santé fragilisé par les «policiers en (le) gazant». Finalement, le juge Diop a décidé de renvoyer l’audience au 30 mars prochain. Une victoire pour la défense qui n’avait visiblement que ce renvoi comme stratégie.

Ousmane Sonko qui est arrivé bien après Mame Mbaye Niang n’a pas raté les «petits policiers à la solde de Macky Sall». «Je ne crois pas à ces institutions», a-t-il dit, avant d’être coupé par des indignations à voix haute des avocats de Mame Mbaye Niang. Sonko se fera finalement par Suma Assistance dont une équipe a été dépêchée au tribunal hier. Celle-ci a constaté l’incapacité de l’opposant à comparaître. Le médecin, qui l’a examiné, s’est même présenté à la barre.
mgaye@lequotidien.sn

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