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Qui est la NFAC, la milice armée noire qui défile dans les manifestations anti-racisme ?

Alors que les tensions raciales se multiplient aux États-Unis, une nouvelle milice afro-américaine a récemment vu le jour outre-Atlantique : la Not Fucking Around Coalition (NFAC). Qui sont ces femmes et ces hommes ? Eléments de réponse.

Leurs visages sont régulièrement cagoulés de noirs, leurs vêtements arborent la même couleur. Ces citoyens américains portent des armes, bien visibles.

Aux États-Unis, alors que les tensions raciales se multiplient depuis la mort de George Floyd, une nouvelle milice afro-américaine a vu le jour : la Not Fucking Around Coalition (NFAC), que l’on peut traduire poliment en français par « la Coalition qui ne rigole pas ».

Les nouveaux Black Panthers ?

Ils ont été aperçus à Louisville en juin dernier, où des manifestations ont eu lieu après la mort de Breonna Taylor, une jeune femme noire tuée par la police dans son appartement en mars dernier.

Toujours au mois de juin, ils étaient à Atlanta après que la police a mortellement blessé Rayshard Brooks, un Afro-Américain de 27 ans. Dernièrement, la NFAC, qui se différencie du mouvement Black Lives Matter est retournée à Louisville, dans le Kentucky, le 5 septembre dernier. La milice a déambulé comme un cortège militaire dans les rues de la ville.

Mais d’où viennent ces femmes et ces hommes et que revendiquent-ils ? Didier Combeau, spécialiste des États-Unis et auteur d’un livre sur le port des armes dans le pays de l’oncle Sam explique.

« Cette milice ressemble aux Black Panthers dans les années 1960, qui s’étaient mis en place pour surveiller les agissements de la police. La NFAC a par contre elle, des visées séparatistes, et demande même au gouvernement que le Texas devienne un territoire indépendant pour les Afro-Américains. »

Une milice légale

Aux États-Unis, il existe plusieurs centaines de milices armées, mais elles sont d’ordinaire constituées de citoyens blancs. La création d’une milice est également parfaitement légale outre-Atlantique.

Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis « reconnaît la possibilité pour le peuple américain de constituer une milice « bien organisée », pour contribuer à la sécurité d’un « État libre », et il garantit en conséquence à tout citoyen américain le droit de porter des armes ».

Avec l’émergence de la NFAC, plusieurs craintes sont exposées par les spécialistes, comme André Kaspi, historien et spécialiste de l’histoire des États-Unis : « Ce que fait la NFAC, ça revient à ce qu’ont fait les Black Panthers avant eux, en 1967, lorsqu’ils ont réussi à entrer dans le capitole de Californie pour protester contre un projet de loi visant à réglementer le port d’armes blanches dans l’État. Mais pour l’instant, la NFAC n’a pas connu d’affrontement, alors qu’il y a eu de nombreux morts avec les Black Panthers. »

Un mouvement bien organisé

Autre crainte, l’augmentation des ventes d’armes aux États-Unis, comme le détaille Didier Combeau.

« D’habitude, les ventes d’armes augmentent lorsque le gouvernement projette de mieux réglementer le port d’armes, comme Obama en 2008, ou en 2015 après la fusillade de San Bernardino. Pourtant, en ce moment, les ventes d’armes augmentent alors qu’il n’y a aucun projet de réglementation. La seule cause, c’est que les Américains sont de plus en plus inquiets, et veulent avoir de quoi se défendre. »

Et la NFAC l’a bien compris. Milice très organisée, elle a frappé un grand coup le 4 juillet dernier, jour de la Fête nationale de l’indépendance américaine.

« L’organisation a réussi à mobiliser 1 000 anciens militaires pour défiler en Géorgie pour dénoncer la mort d’un jogger noir. Et l’endroit n’a pas été choisi au hasard, puisque c’est le lieu de naissance du Ku Klux Klan » , assure Anne Deysine, spécialiste des États-Unis.

Un coup de pouce pour Trump ?

Politiquement, le mouvement des NFAC commence à se faire entendre estime Anne Deysine.

« Ils ont réussi à faire pression sur plusieurs procureurs et ministres de la Justice pour qu’ils fassent preuve de diligence, et poursuivent les policiers impliqués dans ces morts plus que suspectes », déclare la spécialiste.

Des avancées politiques qui sembleraient être à double tranchant Pourquoi ? La milice pourrait servir les intérêts de Donald Trump en lui faisant gagner des électeurs, comme le redoute la spécialiste des États-Unis.

« En indiquant qu’ils sont des militaires en faveur du port d’armes et du deuxième amendement, ils ouvrent la porte à l’instrumentalisation par les médias de droite et par Trump de façon à effrayer les électeurs blancs des banlieues que le camp démocrate de Joe Biden cherche à ramener vers sa cause. »

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