Qui est Rachid Zeroual, l’homme qui fait trembler la direction de l’OM ?
Depuis 8 ans, aucun entraîneur n’a pu se targuer d’avoir résisté à l’épreuve du temps sur le banc de l’OM. Des vagues de départs incessantes, symbole de l’instabilité qui escorte le banc marseillais depuis de nombreuses années maintenant. C’est simple, l’OM a cumulé 8 entraîneurs différents depuis Marcelo Bielsa en 2015, avec des fortunes diverses et variées. Mais en tout état de cause, personne n’aura affiché un mandat plus long que celui de Rudi Garcia, resté sur le banc de l’OM 2 ans et 7 mois.
C’est de notoriété publique, la pression et l’engouement suscités par le club phocéen ont peu d’équivalents en France. Et Marcelino, pourtant passé par des bancs de prestige en Espagne tels que Villarreal, Valence ou l’Athletic, pourra en témoigner. Nommé le 23 juin dernier sur le banc de l’OM pour remplacer Igor Tudor, le technicien asturien aura finalement succombé au vertige des hauteurs marseillaises, moins de trois mois après son arrivée. La raison ? Une réunion houleuse avec les chefs des groupes de supporters phocéens lundi soir, où était notamment présent Rachid Zeroual, l’un des leaders marseillais les plus influents. De son côté, l’OM a préféré calmer le jeu en évoquant seulement «des raisons extra-sportives ».
Il a provoqué le départ de Deschamps en 2012 puis d’Eyraud en 2021
Tête de gondole des groupes de fidèles de l’OM, Rachid Zeroual est un nom qui parle à tout le monde dans les Bouches-du-Rhône, notamment au club. Cela fait maintenant plus de 30 ans que cet inconditionnel de l’OM sillonne les stades français et dédie sa vie à l’OM. Aujourd’hui, les South Winners, son groupe de supporters – situé dans le virage Sud du Vélodrome – crée en 1987 et devenu au fil du temps le plus important, compte près de 5 500 adhérents. Une influence de poids qui a d’ailleurs permis à son leader d’acquérir une emprise sur le club, et de chapeauter quelques départs ces dernières années.
«Je n’allais pas laisser un petit nabot crier haut et fort qu’il allait me faire couper ma tête dans ma propre ville (…) Je lui ai conseillé de quitter l’OM. Je l’ai fait trembler de tout son corps, je lui ai dit que je lui décapsulerai sa tête de ses épaules.» D’une voix rocailleuse, voici ce que déclarait il y a quelques années Rachid Zeroual dans l’émission d’enquête Pièce à convictions sur France 3. La personne visée ? Un certain Didier Deschamps, champion de France à la tête de l’OM en 2010, mais qui avait dû déserter son poste en 2012 notamment en raison de sa relation passée du froid au polaire avec le sulfureux quinquagénaire.
Estimant la présence de Jacques-Henri Eyraud néfaste à la présidence de l’OM, Zeroual avait également entraîné son départ en 2021. Un pouvoir d’influence pour lequel il n’a d’ailleurs jamais caché un goût prononcé : « J’ai toujours eu l’intelligence de savoir quand il fallait agir pour faire sauter les présidents », avait-il indiqué au Monde en 2021. En tribunes, c’est justement ce même Zeroual qui contrôle tout pour arriver à ses fins. En mars 2012, des banderoles hostiles à Didier Deschamps avaient ainsi été déployées en tribune sous son impulsion : «Deschamps et tes joueurs, cassez vous » indiquaient-elles. Le technicien avait délaissé ses fonctions trois mois plus tard.
Un personnage clivant mais respecté
S’il a vu sa cote de popularité dégringoler ces derniers jours (un hastag ZeroualDemission a notamment émergé sur Twitter), en partie à cause de son implication dans la réunion houleuse de lundi soir entre les supporters et la direction, Zeroual est aussi un homme apprécié chez les supporters. En 2021, Yanis, un habitué du Vélodrome, confiait au Monde le rôle de grand-frère que représentait Zeroual chez les SW87: «La merde que Rachid a connue, on l’a connue et il nous a sortis des quartiers, nous a donné une sorte d’éducation. On ne le lâchera pas », racontait-il après l’invasion de la Commanderie en 2021, qui avait d’ailleurs causé à l’intéressé une condamnation à neuf mois de prison dont cinq avec sursis. En 2009, il avait également été mis en examen avec 4 autres supporters pour violences volontaires en réunion lors de la rencontre entre l’OM et le Shakhtar Donetsk.