RAPATRIEMENT DES ETUDIANTS SENEGALAIS DE WUHAN : AVEU D’IMPUISSANCE OU MANQUE DE VOLONTE DE MACKY SALL ?
Aveu
d’impuissance ? Manque de volonté ? Les commentaires vont bon train
depuis que le président Macky Sall a annoncé que le Sénégal n’avait pas
les moyens de rapatrier ses étudiants coincés à Wuhan, berceau de
l’épidémie du coronavirus. « Nous travaillons avec les autorités
chinoises pour voir toute possibilité de pouvoir les suivre de façon
convenable. Pour l’instant nous en sommes là. Même les grands pays qui
ont fait des rapatriements l’ont fait avec beaucoup de difficultés. Cela
requiert une logistique tout à fait hors de portée du Sénégal. Il faut
énormément de conditions », a déclaré le président de la République,
lundi 3 février, en marge de la traditionnelle cérémonie « de levée de
couleurs » au palais présidentiel.
« Pour nous, cette sortie du
Président de la République est un aveu d’échec dans la prise en charge
des problématiques liées à la protection des Sénégalais de l’Extérieur
», a par exemple réagi Horizon Sans Frontières dans un communiqué repris
par Leral. « Comment des pays comme la Tunisie, l’Algérie, le Maroc
ont-ils trouvé des solutions, alors que leurs fils vivaient la même
situation ? » interroge l’ONG.
Elle estime que la position du
président Macky Sall « est purement et simplement assimilable à une
non-assistance à personne en danger. » « Monsieur le Président, si vous
permettez, prenez votre responsabilité devant l’histoire car demain,
vous pourriez être tenu pour responsable s’il leur arrive malheur… »
Le
Maroc a rapatrié 167 parmi ses ressortissants. Accompagnés d’une équipe
médicale, ces Marocains ont été conduits à l’hôpital de Sidi Saïd à
Meknès et l’hôpital militaire Mohamed V de Rabat, où ils resteront en
observation pendant 20 jours. L’Algérie a également envoyé un avion. 36
étudiants algériens, ainsi que 10 Tunisiens et quelques Libyens doivent
bénéficier de ce rapatriement. Et c’est à l’hôpital spécialisé dans les
maladies infectieuses d’Alger que ces rapatriés seront maintenus à
l’isolement pendant 15 jours, renseignent plusieurs journaux.
Question
: pourquoi le Sénégal, conscient de son incapacité à organiser seul le
rapatriement de ses étudiants, n’a-t-il pas demandé de l’aide au Maroc
(partenaire de premier plan) pour que ses étudiants prennent place son
avion ? Récemment, la France avait rapatrié des Européens dans un avion
qu’elle avait affrété. L’Algérie a fait de même avec des étudiants
tunisiens et libyens. Autre question : le Sénégal ne pouvait-il pas
s’associer avec des pays de la sous-région pour organiser le
rapatriement collectif de leurs étudiants respectifs ?
« Ce n’est pas
parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce
que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles », disait Sénèque.
Cheikh Sidou SYLLA