Résilience climatique : le PACAN de la BOAD partagé

Dans le cadre de sa politique d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) a dévoilé, hier mardi, à Dakar, la deuxième phase de son Programme de Prêts Adaptés aux Catastrophes Naturelles (PACAN).
Après une phase pilote lancée en avril 2022 et ayant bénéficié à quatre pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), cette nouvelle étape ambitionne d’étendre le dispositif à l’ensemble des États membres. Selon Moubarak Moukaila, Directeur du Financement Durable de la BOAD, le PACAN repose sur une approche novatrice combinant prêts bonifiés et assurance paramétrique, offrant ainsi aux États une meilleure flexibilité financière face aux catastrophes naturelles. Cette initiative vise à renforcer leur résilience climatique, tout en garantissant la continuité de leurs investissements dans des projets de développement durable.
S’exprimant lors d’une séance de sensibilisation consacrée au programme, M. Moukaila a rappelé que la phase pilote, dotée d’un budget de 10 millions d’euros, a bénéficié au Bénin, à la Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo, mobilisant un portefeuille de prêts dépassant 350 millions de dollars. Il a mis en exergue le rôle central du mécanisme d’assurance intégré, qui permet aux pays confrontés à des catastrophes naturelles – sécheresses, inondations ou pandémies – de suspendre temporairement leurs obligations de remboursement. Cette flexibilité budgétaire leur offre ainsi la possibilité de mobiliser des fonds d’urgence sans compromettre leur solvabilité.
L’efficacité du PACAN s’est illustrée lors des inondations d’octobre 2024 au Togo. Grâce à ce dispositif, le gouvernement togolais a bénéficié d’une indemnisation de 6,624 millions d’euros, couvrant deux échéances de sa dette auprès de la BOAD. Cette intervention a favorisé une réaction rapide face à la crise, facilitant la mise en œuvre immédiate des actions de gestion de l’urgence et de reconstruction des infrastructures endommagées.
Vers une extension du PACAN à tous les pays de l’UEMOA
Avec son déploiement à l’échelle régionale, le PACAN vise à renforcer les capacités des États membres à anticiper et à gérer les chocs climatiques et sanitaires, tout en assurant la pérennité de leur trajectoire de développement durable.
Dans cette optique, la BOAD a organisé, le 25 mars 2025 à Dakar, un atelier de sensibilisation, réunissant les parties prenantes ainsi que les autorités sénégalaises. Cette rencontre stratégique a permis d’ajuster le programme aux réalités locales, en échangeant sur les modalités de mise en œuvre et les opportunités d’optimisation du dispositif.
Le PACAN s’articule autour de deux axes fondamentaux :
Le financement de projets visant à renforcer la résilience climatique, en soutenant les infrastructures et les initiatives d’adaptation aux aléas environnementaux.
L’octroi de subventions et d’aménagements budgétaires en cas de catastrophe, permettant aux États de suspendre certaines échéances de remboursement sans aggraver leur endettement.
Grâce à un mécanisme d’assurance paramétrique, ce programme garantit une mobilisation rapide des ressources financières pour une prise en charge efficace des crises climatiques et sanitaires, tout en encourageant les investissements en matière d’adaptation et de prévention.
Un engagement renforcé en faveur de l’adaptation aux risques climatiques
Moubarak Moukaila a mis en avant l’impact positif du PACAN, qui permet aux États de réaffecter des fonds initialement alloués au remboursement de la dette vers des interventions concrètes en faveur des populations. Face à des pertes économiques estimées à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA en 2023, il a souligné l’urgence de mettre en place des solutions financières innovantes, particulièrement dans la zone UEMOA, où 40 % de la population dépend de l’agriculture, un secteur particulièrement vulnérable aux fluctuations climatiques.
Dans le même ordre d’idées, Inès Adjiri, coordinatrice du portefeuille au bureau de la KfW à Dakar, a salué l’engagement de la KfW dans la mobilisation de ressources pour l’atténuation des risques et catastrophes climatiques. Elle a souligné que l’un des axes majeurs du programme repose sur le mécanisme d’assurance paramétrique, qui assure une intervention immédiate en cas d’événement extrême.
À travers cette initiative, la BOAD réaffirme ainsi son engagement en faveur d’un développement durable et résilient, en dotant les États ouest-africains d’outils financiers innovants, adaptés aux défis climatiques et sanitaires croissants.
JEAN-PIERRE MALOU