ACTUALITÉSRELIGION

Retour sur l’histoire du  »Daakaa », devenu annuel à partir de 1962

Madina Gounass, 10 mars (APS) – Le « Daakaa », un grand rassemblement religieux institué en 1942 par le marabout Thierno Mouhamadou Saïdou Ba (1900-1980) à Madina Gounass, n’est devenu un évènement annuel qu’à partir de 1962, a rappelé à l’APS Hamidou Abdoul dit Daye Niang, le porte-parole du comité d’organisation dit « Dental Daakaa ».

L’édition 2023 a démarré samedi dernier en présence du chef de l’Etat, Macky Sall. Le  »Daaka » est une manifestation qui n’admet que les hommes qui se retrouvent pour invoquer Dieu pendant dix jours. Il se tient sur un site situé à 10 km de Madina Gounass, cité religieuse fondée en 1935 par Thierno Mouhamadou Saïdou Ba.

« Le Daakaa a commencé en 1942, mais de 1942 à 1962, il n’était pas annuel. Et c’est à partir de 1962 que le Daakaa est devenu annuel. De 1962 à nos jours, on connaît maintenant le nombre d’années. Mais, on ne peut pas savoir combien il y ail eu de Daakaa entre 1942 et 1962 », explique Daye Niang.

Il est l’un des fondateurs du « Dental Daakaa« , structure chargée de l’organisation de cet événement religieux.

« De 1942 à 1962, Thierno Mouhamadou Saïdou Ba a célébré les Daakaa dans différents endroits. Il était devenu annuel à partir de 1962″,  soulignant qu' »il n’y a jamais eu 83 éditions de cette retraite spirituelle ». 

« De 1942 à 1962, c’est tous les deux ans ou trois ans qu’il organisait le Daakaa », ajoute-t-il, relevant que si le « Daakaa » a été lancé il y a bien 81 ans, il n’y a pas eu autant d’éditions de cet évènement.

Il est devenu annuel au « Daakaa de l’ouverture » (Boustan Linfitay, en arabe), tenu en 1962, sur un site situé entre les localités de Madina Baakaan et Madina Gounass, selon le porte-parole du comité d’organisation du Rassemblement pour la retraite spirituelle de Madina Gounass (Dental Daakaa).

Des disciples qui y avaient assisté, avaient demandé au marabout d’annualiser la manifestation, arguant de son caractère inédit et de son originalité.

Ces disciples avaient fait valoir que le « Daaka » leur avait permis de se détacher du monde pour un long moment de recueillement. Le marabout avait répondu favorablement à leur demande.

« Le Daakaa est devenu maintenant une retraite spirituelle » grâce à laquelle les fidèles parviennent à « se séparer de ce monde ici-bas », pour « s’adonner à la prière, à la lecture du Coran, à l’invocation du divin derrière un seul imam qui est le guide religieux », précise-t-il.

Se référant aux témoignages de certains des proches de l’initiateur du « Daakaa », Daye Niang rapporte que cette retraite spirituelle s’était tenue en permanence sur le site actuel à partir de 1972. Thierno Mouhamadou Saïdou Ba « est revenu plusieurs fois sur le site du Daakaa et d’après eux, c’est à la quatrième fois qu’il s’y est installé, parce qu’il était à la recherche d’un site idéal », dit-il.

Le site actuel du « Daakaa se trouve dans une vallée entourée par deux collines situés au nord et au sud, une extension est en train d’être faite. Il avait appelé ce Daakaa +Abisamghoun+, en référence à la ville qu’avait créée Cheikh Ahmet Tidiane Chérif, [le fondateur de la confrérie tidjaniya], quand il avait quitté Aïnoumadi (Algérie) pour s’installer à Fès (Maroc) », détaille Daye Niang.

Il avance que ce site « a une certaine ressemblance » avec les plaines se trouvant entre Mina et Mousdalifa, où les pèlerins aux liens saints de l’islam transitent, à La Mecque, en Arabie Saoudite.

L’autosuffisance alimentaire, à l’origine de la création des Daakaa

Daye Niang raconte que le marabout était venu s’installer dans la forêt après la fondation de Madina Gounass pour chercher « des armes économiques » pour la mise en place de ce nouveau village. « Le milieu était vierge et il n’y avait pas nourriture », relève-t-il.

« Thierno qui savait qu’il était là pour longtemps et qu’il fallait nécessairement avoir une autosuffisance [alimentaire], avait entrepris d’abord de s’installer et de trouver les moyens de son existence en défrichant, en faisant de l’agriculture et de l’élevage ». C’est ainsi qu’il avait « entrepris de défricher certains endroits », fait-il savoir.

Il lui arrivait de s’installer dans de nouveaux endroits pendant 3 à 5 jours, avant d’aller ailleurs. Chacun de ces villages dans lesquels il s’était installé avant de quitter, étaient également appelés « Daakaa« .

Cette pratique lui avait été inspirée par son marabout El Hadji Thierno Aly Thiam, qu’il avait rejoint à Madina El Hadj, dans la région de Kolda, pour poursuivre son apprentissage, ajoute-t-il.

Son guide avait l’habitude d’aller dans des endroits différents (Daakaa), où il s’installait pendant plusieurs jours avec ses disciples pour s’adonner à la prière, mais aussi défrichait des champs pour trouver des terres cultivables,  note Daye Niang.

En s’inspirant de son marabout, Thierno Mohamadou Saïdou Ba a créé plusieurs villages à Madina Gounass. Et c’est à partir des sites défrichés que ces villages ont été installés, conclut-il.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page