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Sale temps pour Alassane Drame Ouattara

La rédaction de Mondafrique

Rarement un chef de l’État aura encaissé autant que Alassane Drame Ouattara (ADO) une telle suite de coups durs en quelques semaines.

À un peu plus de trois mois de l’élection présidentielle, du 31 octobre 2020, Alassane Drame Ouattara ( ADO) doit faire face à une série d’infortunes politiques et de déconvenues judiciaires avec les récentes décisions de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, notamment celle du 15 juillet 2020 concernant la commission électorale indépendante qui est jugée peu démocratique. 

Le funeste sort du dauphin d’ADO

Le  Rassemblement des Houphouëtistes  pour la Démocratie et la Paix ( RHDP) est sonné. Après avoir fait adopter une nouvelle constitution, il y a un an, Alassane Drame Ouatarra (78 ans) pensait bien entrer dans l’Histoire en confiant les clefs du pays à son fidèle et loyal compagnon de route, le  » Lion de Korhogo » Amadou Gon Coulibaly. Son Premier ministre, adoubé comme son héritier, était largement favori pour lui succéder, lors de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. On connait l’issue dramatique de ce scénario. Dès l’évacuation sanitaire d’Amadou Gon Coulibaly vers la France, le 2 mai 2020, puis son hospitalisation à Paris durant deux mois, Alassane Drame Ouattara ne se faisait plus beaucoup d’illusions. Avec ses soucis de santé, on savait qu’Amadou Gon Coulibaly aurait eu beaucoup de difficultés à exercer pleinement les fonctions de chef de l’État. Son probable désistement bruissait déjà à Abidjan et dans les chancelleries. Quelques jours après son retour au pays, sa brutale disparition le 8 juillet 2020, laisse ADO désemparé. Plusieurs caciques du RHDP ont repris leur liberté, tandis que les opposants, notamment le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ont vite repris espoir. Les cartes sont desormais rebattues et pour ADO, les coups tordus succèdent aux coups durs.

 Les cent jours de tous les dangers

La crise de 2010-2011, avec ses centaines de victimes est encore dans toutes les mémoires. Laurent Gbagbo (75 ans) et Charles Blé Goudé (48 ans) ont certes été acquittés, en janvier 2019, des crimes contre l’humanité, par la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye, mais, avec l’appel interjeté par la Procureure générale, ils n’ont pas encore la faculté de revenir en Côte d’Ivoire. Cet empêchement est conforté par la justice ivoirienne qui les a condamné, par contumace, à 20 ans de prison. Nul doute que leurs partisans du Front populaire ivoirien (FPI) entendent bien peser sur l’élection du 31 octobre prochain et que le RHDP devra faire face à des coalitions de circonstances, avec des rapprochements entre le FPI et le PDCI. Depuis son exil parisien, également condamné par contumace à 20 ans de prison, Guillaume Soro ne sera pas inactif pour s’opposer à Alassane Drame Ouattara, son ancien allié qui est devenu son principal adversaire. La prochaine campagne électorale sera de tous les dangers, dans un pays qui n’a pas encore tourné la page du chapitre le plus sanglant de son Histoire.

Le « Sphinx de Daoukro » est à la manoeuvre

 A 86 ans, Henri Konan Bedié entend jouer un rôle central dans la compétition électorale qui s’annonce pleine de rebondissements. Le  » Sphinx de Daoukro » pourrait bien, une nouvelle fois, être le  » faiseur de roi »  en attirant les transfuges qui avaient quitter le PDCI pour rejoindre Alassane Drame Ouattara. Déjà, la désignation par ADO de son Premier ministre pour lui succéder avait suscité des déceptions dans son camp et des démissions. Le 19 mars 2020, la démission spectaculaire de Marcel Amon-Tanoh, son ministre des affaires étrangères et ancien directeur de cabinet, annonçait déjà des rancoeurs et des désaccords avec le choix d’Amadou Gon Coulibaly. Plus importante est la démission du vice-président Daniel Kablan Duncan (77 ans), second personnage de l’Etat, mais sans grand pouvoir. Cette démission  » pour convenance personnelle » était présentée depuis plusieurs mois, mais seulement acceptée après le décès d’Amadou Gon Coulibaly et officialisée le 13 juillet 2020. La lutte pourrait bien s’intensifier entre Hamed Bagayoko (55 ans), l’actuel homme fort qui se verrait bien chef de l’Etat, et des personnalités tout aussi ambitieuses comme Patrick Achi (64 ans), le Secrétaire général de la présidence, qui ambitionne de prendre la suite de son ami disparu le 8 juillet.
Même si sa candidature reste hypothétique, Tidjane Thiam (58 ans) apparaît, dans les circonstances actuelles, comme le fils prodige de retour au pays et l’homme providentiel que l »on attendait. Son parcours personnel exceptionnel, sa dimension internationale, son passé politique et de technocrate auprès de l’ancien président Henri Konan Bédié et l’avantage d’avoir quitté le marigot ivoirien depuis vingt ans font de Tidjane Thiam une alternative consensuelle à un affrontement entre les nombreux candidats à la prochaine élection présidentielle.

La Cour d’Arusha ne lâche pas ADO

L’hypothèse d’un troisième mandat successif pour Alassane Drame Drame Ouattara reste plausible. La nouvelle constitution aurait remis les compteurs à zéro, selon une jurisprudence africaine désormais établie. Soit ! Encore faut-il que ADO renonce à ses projets de retraité. Il devra aussi intégrer les décisions de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples( CADHP) d’Arusha. Déjà, le 22 avril 2020 la Cour d’Arusha avait ordonné un sursis à exécution pour le mandat d’arrêt délivré contre Guillaume Soro et le mandat de dépôt contre 18 de ses partisans. Ce mercredi 15 juillet 2020, sur une requête du PDCI de Henri Konan Bedié, la CADHP a rendu un arrêt déboutant l’Etat ivoirien. Le président Ouattara a trois mois pour rendre la Commision électorale indépendante, plus transparente, mieux représentative, conforme  à la vie démocratique et respectant l’équité. Trois mois sont donnés à ADO pour refaire l’élection des présidents des commissions électorales locales qui étaient jusqu’à maintenant membres du RHDP. Voilà un nouveau caillou dans la chaussure du chef de l’Etat qui jette un trouble sur l’échéance du 31 octobre procohain. Les tourments s’accumulent pour Alassane Drame Ouattara à cent jours de l’élection présidentielle 

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