EMIGRATION / DIASPORA

Sauvetages en Méditerranée : l’Italie accueille trois navires mais assure ne pas dévier de sa politique

Trois navires humanitaires se sont vus désigner des ports sûrs par les autorités italiennes, vendredi. Rome a justifié sa décision en invoquant le mauvais temps qui touche actuellement la Méditerranée, mais affirme ne pas avoir infléchi sa politique restrictive envers les organisations humanitaires opérant dans la zone.

C’est une décision exceptionnelle et non un changement de position sur les navires humanitaires qui interviennent en Méditerranée. L’Italie a assigné, vendredi 9 décembre, des ports sûrs à trois navires de secours aux migrants en raison du mauvais temps, a justifié samedi le gouvernement.

Pas question donc d’y voir une « volte-face » de l’exécutif sur les ONG humanitaires opérant en Méditerranée, vis-à-vis desquelles le gouvernement de Giorgia Meloni entend continuer à exercer une politique très dure.

Le Geo Barents, bateau de Médecins sans frontières (MSF), a pu débarquer, dimanche, les 248 personnes qui se trouvaient à son bord dans le port de Salerne (sud). Les exilés avaient été secourus au cours de plusieurs opérations entre le 4 et le 6 décembre.

Le navire allemand Louise-Michel est arrivé vendredi de son côté sur l’île italienne de Lampedusa avec 33 migrants à bord.

Enfin le Humanity 1, bateau battant pavillon allemand de l’ONG SOS Humanity, a débarqué, dimanche, les 261 personnes qui se trouvaient à son bord le port de Bari (est).

Ces navires sont les premiers à entrer dans des ports italiens après le refus de Rome, en novembre, de laisser débarquer des centaines de migrants rescapés et pris en charge par plusieurs navires humanitaires, dont le Geo Barents.

« Actions provocatrices »

Sous la pression de l’UE notamment, le gouvernement de la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni avait accepté de débarquer les rescapés les plus vulnérables tout en continuant de refuser l’entrée dans ses ports à l’Ocean Viking, navire de l’ONG SOS Méditerranée, finalement accueilli par la France.

Selon une source du ministère de l’Intérieur italien, Rome continue de dénoncer « les actions provocatrices et risquées » des ONG qui « favorisent l’entrée en Italie de migrants économiques n’ayant aucun droit d’entrer et de rester en Italie », selon elle.

L’Italie constate cette année une forte augmentation des arrivées sur son territoire par la mer, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, avec 97 236 personnes ayant atteint ses côtes depuis le 1er janvier contre respectivement plus de 63 000 et 33 000 sur la même période de 2021 et 2020, années de la crise sanitaire.

Les arrivées de navires sont notamment en hausse sur l’île de Lampedusa. Les traversées restent très dangereuses. Deux embarcations ont fait naufrage au cours du week-end dernier, alors qu’elles approchaient de l’île.

Une large majorité de ces migrants sont secourus par les garde-côtes italiens, mais Rome a fortement critiqué les opérations de secours des navires affrétés par les ONG, accusés de créer un appel d’air.

La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.

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