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Scandales financiers à gogo étouffés : Au pays du règne de l’impunité…

Des scandales financiers, on en a connu dans le Sénégal post indépendance. Passons tous ces scandales financiers connus sous le règne du Parti socialiste (PS). Des scandales financiers impliquant des ministres de la République, des directeurs de sociétés nationales et que les autorités de l’époque ont vite fait d’ignorer.

A son avènement au pouvoir en 2000, tout le monde avait applaudi des deux mains, lorsque le Président Me Abdoulaye Wade qui venait juste d’accéder au pouvoir, avait réclamé des audits au niveau de toutes les sociétés publiques et nationales, ainsi qu’au niveau de certaines de l’Etat. Les résultats de ces audits avaient été effarants. Au final, ils seront utilisés à des fins politiciennes par l’ancien régime libéral qui en profitera pour faire chanter d’anciens dignitaires socialistes. Beaucoup parmi ces derniers finiront par céder au chantage et rejoindre le PDS. D’autres parmi eux, un nombre infime, seront quant à eux jetés sans ménagement en prison.

On avait pensé que c’en était fini du règne de l’impunité avec l’avènement du Président Wade au pouvoir. Non seulement, de gros barons du temps du PS épinglés dans les audits ne seront inquiétés, pire, ils continueront à gérer les biens de la nation, du fait de leur ralliement au PDS. Même du temps du pouvoir socialiste, jamais la gabegie n’avait atteint une ampleur aussi grandissante que celle atteinte sous Me Abdoulaye Wade. Pas un seul jour sans que ne soient dénoncés des cas de corruption, de détournements de biens publics, des marchés publics de gré à gré attribués à une clientèle politique, de fraudes… Les scandales n’ont pas manqué sous le règne du Président Wade, sanctionné en partie pour cela, lors du scrutin présidentiel de 2012 qui a vu l’élection du Président Macky Sall.

Tout comme Me Abdoulaye Wade, Macky Sall a longtemps fait entretenir l’illusion aux Sénégalais que le temps des scandales financiers était fini. C’est ce qu’il avait promis, obtenant du coup la confiance et l’adhésion d’une grande partie du peuple sénégalais. Surtout qu’au lendemain de son accession au pouvoir, Macky Sall avait du coup fait ressusciter la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). La traque par cette dernière des biens mal acquis avait permis au Procureur de l’époque de cette juridiction, Alioune Ndao dressée une liste d’anciens dignitaires du PDS étant dans son collimateur.

De tous ces anciens dignitaires connus du PDS, un seul, Karim Meïssa Wade, fils de Me Abdoulaye Wade, a été jugé, condamné avant de bénéficier d’une grâce présidentielle qui le contraint à un « exil forcé » au Qatar. Tout comme les audits sous Me Abdoulaye Wade, la traque des biens mal acquis s’est transformée en eau de boudin, montrant encore une fois qu’au Sénégal, c’est toujours le règne de l’impunité.

Sous Macky Sall, les scandales financiers s’accumulent à une vitesse supersonique. Le plus inquiétant, c’est qu’on parle, non de centaines de milliards, mais de milliers de milliards dans un dossier comme celui du pétrole et du gaz. L’ancien Directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD), promu aujourd’hui ministre de la République, est épinglé dans un rapport de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP). Le ministre Cheikh Kanté est cité dans des dossiers de mal gouvernance au Port autonome de Dakar où il était le Directeur général. Mansour Faye est cité dans un dossier pas du tout catholique qui est sur le point d’accorder la gestion de l’eau potable à une multinationale aussi prédatrice que Suez. Les scandales se multiplient et ne sont sur le point de s’arrêter. Evidemment, le Président de la République avait déclaré devant une chaine de télévision étrangère avoir mis sous le coude des rapports épinglant des personnalités pour leurs gestions des deniers de la nation.

De la crédibilité sur le plan international, le Sénégal n’en bénéficie maintenant que peu, du fait de tous ces cas d’impunité. Ailleurs, pour si peu, une information judiciaire est ouverte contre toute personne quel que soit son rang, citée dans des scandales. Au Sénégal, on préfère laisser la tempête passée, afin d’enterrer les cas de scandales dénoncés à travers la presse. C’est le règne de l’impunité qui se poursuit, et le régime du Président Macky Sall offre à tous le sentiment qu’il n’est pas prêt à y mettre fin.

Thiémokho BORE

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