SECNSA – Insécurité alimentaire : La faim des ménagegs
Près d’un million de personnes ont besoin d’assistance pour pouvoir se nourrir à l’heure actuelle, du fait des facteurs qui échappent à leur contrôle. Les autorités de l’Etat et leurs partenaires indiquent que si rien n’est fait dans six mois, c’est plus d’un million de personnes qui seront en situation d’insécurité alimentaire.
Par Mohamed GUEYE – Si le gouvernement se bat et se débat pour imposer une rapide baisse de produits alimentaires sur l’ensemble du territoire, c’est que la situation est déjà critique sur plusieurs parties du pays. Le spectre de la famine ne rôde pas encore, mais nous connaissons déjà des situations d’urgence alimentaire dans certains départements.
Le lundi 14 novembre dernier, s’est clôturée à Saly Portudal, la rencontre du Cadre harmonisé sur la sécurité alimentaire, qui a servi à identifier des zones et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle. La rencontre, qui a duré quasiment une semaine, a rassemblé toutes les structures officielles et non étatiques en charge des questions alimentaires et nutritionnelles au Sénégal. Près de 60 personnes représentant des institutions comme le Secrétariat exécutif à la sécurité alimentaire, le ministère de l’Agriculture, la Direction de l’élevage, entre autres, aux côtés du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), la plus grande organisation faîtière du monde rural, et des partenaires techniques et financiers ou des Ong internationales comme Oxfam, le Catholic relief services (Crs), Action contre la faim (Acf), ainsi que du Pam et de la Fao, sans être exhaustif…
A l’hôtel Saly Princess de la station balnéaire, cela a été l’occasion de passer en revue la situation alimentaire et nutritionnelle du pays, département par département. Ont été analysées les données portant sur les prix des céréales, les données sur la production agricole et la production halieutique, la part des dépenses alimentaires dans les revenus, l’accès à l’eau, la durée des stocks alimentaires, les feux de brousse ou les statistiques sur les attaques des cultures, comme celles subies par le coton ou la mangue dernièrement.
A l’issue de toutes les analyses et de la compilation de tous les résultats, M. Moussa Guèye, le chef de la Cellule du Système d’alerte précoce (Sap) au Secrétariat exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire (Secnsa), a présenté, devant son supérieur, Jean-Pierre Senghor, et la représentante-résidente du Programme alimentaire mondial (Pam), entre autres autorités, une situation des plus inquiétantes. Il en est ressorti qu’à l’heure actuelle, plus de 840 mille personnes, établies dans 6 départements, sont dans une situation de crise alimentaire.
De manière concrète, cela signifie que des ménages dans les départements de Louga, Linguère, Ranérou-Ferlo, Bakel, Matam et Goudiry, ont de grandes difficultés à accéder aux moyens de base pour leur subsistance. M. Guèye a indiqué que cette insécurité alimentaire est principalement due à des facteurs comme la hausse des prix des produits alimentaires, générée par la crise ukrainienne et la guerre entre la Russie et les pays occidentaux sur le territoire ukrainien. La rareté des vivres de soudure est également mise en cause parmi les motifs, du fait des inondations de parcelles agricoles dans certaines zones. La conséquence en est une situation nutritionnelle très précaire, qui met en cause parfois la survie de certains ménages particulièrement.
La situation actuelle a plus de chance, aux yeux des participants à l’atelier du Saly Princess, de se dégrader que de s’améliorer. Ainsi, dans six mois, si la tendance actuelle persiste, le pays va avoir 7,4% de sa population, soit 1 million 353 mille 129 personnes, en situation de crise alimentaire. Le nombre de départements concernés va doubler, passant de 6 à 12 dont les populations vont connaître des difficultés étendues. Les six nouveaux départements concernés sont Saraya, Salemata, Koumpen-toum, Koungheul, Tamba-counda et Fatick.
Pour éviter la catastrophe annoncée, il est demandé encore plus d’efforts aux pouvoirs publics. Il s’agirait principalement de fournir aux populations des zones à risques concernées, les moyens d’atteindre leur résilience, et de les équiper en matériels de production pour pouvoir assurer leur propre prise en charge. Il a été en effet déploré que dans beaucoup de zones à risques, les paysans en viennent, pour pouvoir se nourrir, à vendre leurs matériels de production. Au point que même si on leur fournissait des semences et des engrais, ils seraient dans l’impossibilité totale de travailler la terre.