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«Si j’avais voulu gagner la guerre, l’Afghanistan aurait disparu de la surface de la Terre», assure Donald Trump

« Je ne veux juste pas tuer dix millions de personnes », a justifié le président américain

Donald Trump n’a pas la langue dans sa poche, on le sait. Et lundi il a multiplié les déclarations fracassantes à la Maison-Blanche, où il recevait le Premier ministre pakistanais, Imran Khan. « Si j’avais voulu gagner la guerre, l’Afghanistan aurait disparu de la surface de la Terre », a notamment affirmé le président américain. « Cela aurait été fini en littéralement dix jours, a-t-il ajouté. Je ne veux juste pas tuer dix millions de personnes. »

Ses commentaires, qui ont coïncidé avec le départ pour Kaboul de Zalmay Khalilzad, l’envoyé spécial pour la paix en Afghanistan, en amont d’une nouvelle session de pourparlers avec les talibans, ont suscité colère et indignation dans le pays. Le président afghan, Ashraf Ghani, a demandé, mardi, des « éclaircissements » aux Etats-Unis. Traumatisés par des décennies de conflit, les Afghans s’inquiètent d’un retrait précipité des forces américaines et craignent qu’il ne provoque le retour au pouvoir des talibans, qui contrôlent ou exercent une influence sur déjà près de la moitié de leur pays.

L’influence du Pakistan
Donald Trump a également déclaré que le Pakistan aiderait les Etats-Unis à « s’extirper » de l’Afghanistan et qu’il existait un « énorme potentiel » dans les relations entre Washington et Islamabad. Kaboul et Washington reprochent pourtant depuis longtemps au Pakistan d’avoir alimenté le conflit afghan en soutenant les talibans. En janvier 2018, Donald Trump avait lui-même accusé Islamabad d’« abriter les terroristes que nous chassons en Afghanistan ».

L’influence du Pakistan sur les insurgés, chassés du pouvoir en 2001 par une coalition internationale menée par les Etats-Unis, est toutefois perçue comme un élément essentiel pour mettre fin à bientôt dix-huit ans de présence américaine en Afghanistan. « Si le gouvernement afghan soutient les efforts des États-Unis pour assurer la paix en Afghanistan, il souligne que des chefs d’État étrangers ne peuvent déterminer le sort de l’Afghanistan en l’absence des dirigeants afghans », a observé le bureau de Ashraf Ghani.

Le pouvoir afghan écarté
Le président afghan s’est régulièrement agacé d’être tenu à l’écart des pourparlers de paix menés depuis près d’un an par les États-Unis avec les talibans. Nombre d’Afghans ont vivement réagi aux propos de Donald Trump sur les réseaux sociaux, à commencer par l’ancien président Hamid Karzaï : « Nous sommes le Pamir [massif de haute montagne] ! On ne peut pas détruire le Toit du monde », a-t-il écrit sur Twitter.

Un porte-parole des talibans a condamné mardi soir les propos de Donald Trump : le rêve d’une victoire militaire en Afghanistan « a été enterré par Gengis Khan, les Britanniques et les anciens dirigeants soviétiques. Au contraire, leurs empires ont disparu de la face de la Terre alors que la nation afghane a perduré et continuera à perdurer », a affirmé Zabihullah Mujahid en référence aux invasions étrangères en Afghanistan.

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