Soudan du Sud: l’ONU reconduit l’embargo sur les armes

Les Nations unies ont prolongé, vendredi 29 mai, d’un an l’embargo sur les armes au Soudan du Sud. Cette mesure votée pour la première fois en juillet 2018, est étendue jusqu’au 31 mai 2021. Son application sera examinée mi-décembre.
La résolution a été votée à l’unanimité sauf trois abstentions: Russie, Chine et Afrique du Sud. Le texte salue les développements encourageants du processus de paix, comme la formation d’un gouvernement d’union, mais il rappelle que les violences continuent, avec son lot de violations des droits de l’homme.
Les ONG spécialisées saluent le maintien de l’embargo qui aide à lutter contre une résurgence du conflit.
L’embargo sur les armes n’est pas parfait, mais il est indispensable. Selon Comfort Ero, chercheuse à l’ICG, si cette mesure disparaissait et que les armes inondaient le pays, cela pourrait relancer la guerre. D’autant que les tensions restent fortes entre les différentes parties, malgré la formation d’un gouvernement d’union.
Pour Nyagoah Tut Pur, de l’ONG Human Rights Watch, les faits sur le terrain justifient son maintien. En effet, le désarmement est gelé, les combats continuent, notamment dans la région Equatoria, sans compter les violences ethniques régulières.
Le mois dernier, un rapport d’Amnesty avait montré que des armes, jamais vues dans le pays, provenant d’Allemagne ou d’Europe de l’Est, étaient utilisées par des gardes du corps d’officiers, et des hélicoptères d’attaque en panne lors du début de l’embargo avaient été réparés.
Les pays de la région ont plusieurs fois été accusés de violer la résolution du Conseil de sécurité. Les experts de l’ONU ont estimé qu’à au moins trois reprises, le Soudan avait livré des armes à son voisin du sud en 2019. L’Ouganda a fait la même chose avec de l’équipement militaire acheté en Bulgarie, Roumanie et Slovaquie.
Enfin, tout le monde sait que les belligérants ont recours à la contrebande, mais l’embargo contraint au moins les marchands d’armes officiels à éviter le pays. L’embargo a certainement des failles mais sans lui, la situation serait bien pire.