HISTOIRESOCIETE / FAITS DIVERS

Tout savoir sur la cérémonie du baptême chez les Sérères

La veille du huitième jour , la soeur du père ,faap o tew, qui va être le principal acteur des cérémonies , arrive auprès du nouveau-né. Elle va désormais être pour lui une seconde mère , mais dans la famille paternelle. Les deux couples qui auront autorité sur l’enfant et joueront un rôle à toutes les étapes de sa vie : Pour la famille maternelle, le Tokoor (oncle) maternelle ,et sa sœur , la mère du bébé. Pour la famille paternelle , le père et sa sœur ( la faap o tew) .

De bon matin, la marraine se rend au puits du village pour chercher  » l’eau du mutisme » (Fofi muum) , dans le « canaris du mutisme « . La marraine doit en effet se rendre au puits sans prononcer une seule parole . Le canaris qu’elle porte sur sa tête est couvert d’un van , ou plateau à vanner , lui-même recouvert d’un pagne blanc et d’un collier de perles fémé (colliers phosphorescents). Elle tient à la bouche un bracelet d’argent, ou une bague .

Pour l’obliger à parler , les jeunes gens se tiennent sur son chemin et l’insultent rituellement, mais elle ne doit pas rompre le silence . Apres avoir puisé » l’eau du mutisme « , elle dépose le canari auprés du trou que l’on vient de creuser. Prés de ce trou , doit se tenir qui l’a creusé , un membre de la famille, dont les puînés sont en vie. Après le sacrifice de l’eau , par lequel la marraine affirme symboliquement qu’elle se considère comme gardienne de l’enfant de son frère, vient le sacrifice du mil. Le père présente à sa sœur quelques tiges de mil, afin qu’elle les pile. Lorsque les graines sont détachés, elle les verse sur les mains de son neveu ou sa nièce , quatre fois pour le premier , trois fois pour la seconde . Après le pilage , une partie du son est jetée dans le trou .

Le reste du son et farine sont cuits , pour offrir une bouillie de son à la mère et aux assistants ainsi que des beignets de farine et de son. Pendant toute la journée le bébé est porté par une petite fille ou même par un petit garçon dont les puînés sont encore en vie. Un pagne blanc l’enveloppe. Dans le courant de l’après-midi , on procédé à la distribution de beignets . Tous les petits enfants sont convoqués pour cette cérémonie rituelle, car ils sont considérés comme des anges, aussi leurs souhaits sont-ils de bon augure. A trois reprises si c’est une fille ou à quatre reprises si c’est un garçon, les enfants se livrent à une étrange procession depuis l’entrée de la case jusqu’au trou où ils vont jeter le beignet de son et garder celui de la farine.

Pendant leurs allées et venues , ils scandent l’invocation suivante:”fat a ñoow ,fat a ñoow ! muumi ! muumi ! ”Qu’il vive ! Qu’il vive ! Tais-toi ! Soit muet ! Ce qui signifie: « soit prudent dans tes paroles , ou qu’il continue sa vie de muet. Il reste à donner un prénom au bébé. C’est le rôle de la faap o tew ( la sœur du père) . Reprenant le van qu’elle avait porté au puits de bon matin, elle y dépose trois ou quatre beignets et propose plusieurs noms pris parmi les parents de la famille paternelle et se livre à un véritable tirage au sort. Elle demande à plusieurs enfants de venir toucher un des beignets, chaque beignet correspond a un nom . Celui qui aura été désigné le plus grand nombre de fois sera retenu comme étant l’expression de la volonté des ancêtres.

NB: Dès l’instant que l’enfant touche la terre, il reçoit déjà des vieilles qui président à sa naissance , un prénom tiré de sa famille paternelle , Gon gisir (le nom de ramassage) sous lequel il sera dénommé clandestinement pendant la première semaine , et qu’il ne connaîtra jamais. Il faut attendre une semaine pour donner le vrai nom du bébé.

Le prénom et le nom sont constitutifs de la personne chez les Sereer . Le prénom situe l’individu dans le groupe. Il représente le corps, l’âme , le totem . Le prénom est plus qu’un signe . Il est la figuration symbolique de la personne . La dation du nom est signe antinomique de la mort . Au cours de la cérémonie du Bat (baptême) , elle fait existait socialement le bébé.

Cette coutume commence à tomber en désuétude : le prénom est souvent choisi en dehors de tout tirage au sort , soit a cause des religions Abrahamiques, soit par une décision des parents soit à la suite d’une demande d’un étranger qui désire donner son prénom au nouveau-né.
Avec  Sobel Dione

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page