SANTE

TRANSPARENCE ET REDEVABILITE DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ/ Une gageure !

Soucieuse de la transparence au niveau de la santé, l’organisation Enda Lead s’est entretenue, hier, avec des acteurs, des membres de la société civile, la presse… En collaboration avec la fondation Budgit, Enda est désireuse de mettre en place un instrument de transparence et de redevabilité dans le secteur. En même temps, le Partenariat pour le gouvernement ouvert (PGO) est revenu sur les blocages étatiques qui retardent encore ses douze engagements révolutionnaires.

 

Avec comme objectif principal la mise en place d’un instrument de transparence et de redevabilité dans le secteur de la santé, l’organisation Enda Lead a organisé, hier, des échanges avec plusieurs acteurs afin de trouver, ensemble, des recommandations à intégrer dans un document en guise de plaidoyer. En collaboration avec Budgit, elle s’est interrogée, avec, bien entendu, l’ensemble des participants, sur les mécanismes à mettre en œuvre qui pourront jouer le rôle de veille et de transparence au niveau de la santé.

Le besoin de clarté dans ce secteur s’est fait surtout sentir avec les fonds alloués pour la gestion de la Covid-19. C’est ce qu’El Hadj Samb de Enda Lead explique : « Compte tenu des recommandations des populations sur l’accès à l’information et des problèmes notés au niveau de la gestion de la pandémie et du secteur de la santé d’une manière générale, le plaidoyer pour la création d’un dispositif de veille et de suivi spécifique de la santé devient de plus en plus nécessaire. Cela va donc permettre d’avoir une meilleure transparence et une redevabilité dans le secteur. »

Ce document de plaidoyer sera, en quelque sorte, un instrument multiacteur qui va prendre en charge les questions liées à la transparence. Ainsi, il pourra permettre de veiller sur la gestion du secteur de la santé, de suivre les fonds alloués aux projets et programmes de santé, d’évaluer les actions menées lors de la pandémie de Covid-19 afin d’avoir la meilleure stratégie d’anticipation de maladies de ce genre. Aussi, il s’agira de promouvoir un meilleur accès à l’information concernant la santé et de faire des recommandations en faveur des bonnes pratiques.  »Nous faisons le plaidoyer pour avoir un observatoire de redevabilité. Notre rencontre entre dans le sens de la création de ce plaidoyer », a fait savoir M. Samb.

Ce souci de transparence est né d’une mission que M. Samb et son groupe avaient menée. Une rencontre avec les populations, à l’intérieur du pays. D’après lui, ils sont allés dans différentes zones. Et pour plus de précisions, il déclare : « Nous nous sommes rendus dans six localités du pays que sont Ziguinchor, Thiès, Kaolack, Diourbel, Guédiawaye et Saint-Louis, pour discuter avec les communautés. Après les échanges, nous avons jugé nécessaire d’avoir un instrument qui doit être créé avec les acteurs de la santé, les médias, le secteur privé et les syndicats. Cet instrument pourra jouer un grand rôle dans la bonne gouvernance du secteur de la santé. »

Les douze engagements du PGO

En tant que structure regroupant des dirigeants de différents gouvernements, des acteurs de la société civile, des citoyens, etc., le Partenariat pour un gouvernement ouvert (PGO) promeut une gouvernance transparente, participative et inclusive. Le Sénégal est membre depuis 2018.

Ainsi, il a proposé douze engagements révolutionnaires, selon Mame Latyr Fall, membre exécutif du Forum civil chargé des structures. Les douze engagements sont répartis en trois grands axes majeurs. Le premier axe concerne l’amélioration de la transparence dans la gestion publique et de l’accès à l’information. Ici, il s’agit de s’engager à adopter la loi sur l’accès à l’information et à ses textes subséquents, à renforcer les mécanismes de transparence budgétaire, les attributions de l’Office de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) et d’adhérer à l’Initiative pour la transparence dans le secteur de la pêche (Fiti). Le deuxième axe traite de l’amélioration de l’accès au service public et de la qualité des services rendus aux usagers. C’est-à-dire améliorer l’accueil des usagers du service public, renforcer l’accès des personnes handicapées aux services sociaux de base de même que les dispositifs d’accès à la justice de proximité. Et le dernier, l’axe 3, vise le renforcement de la participation et de l’engagement citoyen.

C’est donc la promotion de l’approche du budget participatif au plan local, la participation des femmes et des jeunes dans les instances de prise de décisions, celles des populations dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi de la politique environnementale.

Tous confrontés à un blocage

Malgré l’ambition et la volonté qu’on peut noter dans les engagements, un problème se pose. Le PGO s’est heurté à un blocage, du fait de l’inaction de l’État. C’est du moins ce qu’on peut comprendre de la réaction de M. Fall : « En tant que membre du PGO, nous avons créé, au niveau du Sénégal, un comité national paritaire de 18 membres. Ainsi, nous avons élaboré un plan national constitué de douze engagements que nous pensons révolutionnaires dans l’approche des politiques publiques. »

Cependant, à en croire M. Fall, après stabilisation des engagements en question, leur adoption en Conseil des ministres a posé problème. Une étape importante qui pouvait donner la possibilité aux initiateurs de dérouler leur plan. Mais il n’y a malheureusement pas de réaction de la part des autorités étatiques. Et c’est M. Fall qui le dit : « C’est le portage institutionnel politique qui peine encore. Ces engagements devaient être adoptés en Conseil des ministres. Mais, entre-temps, il y a eu un changement au niveau de la Direction de la Bonne gouvernance. Et depuis lors, nous constatons ce blocage effectif. »

Face à ce problème, le membre exécutif du Forum civil juge nécessaire de porter l’affaire au niveau international pour dégager leurs responsabilités. C’est-à-dire, comme il l’a fait savoir d’ailleurs, de montrer à leurs partenaires internationaux que le blocage est dû au comportement de l’Administration.  »En tout cas, nous avons fait ce que nous avions à faire. Maintenant, si notre pays est forclos, ce n’est pas de notre faute, mais de celle des autorités étatiques ».

Selon lui, les douze engagements ont été validés au niveau international. Mais malgré cela, les lenteurs risquent de tout gâcher. Le programme, c’est entre 2021 et normalement 2023. Et jusque-là, on n’a pas démarré, alors qu’il doit être évalué, à la fin, par des auditeurs indépendants.

Toutefois, les organisateurs de la journée de réflexion comptent tenir prochainement une rencontre nationale pour mieux approfondir la question.

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