HISTOIRE

UN SACRE SOUS LE SCEAU DE CHEIKH ANTA DIOP

la commémoration du 36ème anniversaire du décès de Cheikh Anta Diop. Une coïncidence remarquable quand on sait que l’Égypte, victime du Sénégal, occupe une place centrale dans la pensée du savant.

Il y a beaucoup de petites histoires et de coïncidences dans le sacre des Lions en terre camerounaise. Les Lions soulèvent le trophée vingt ans après leur finale malheureuse contre les Lions indomptables, de surcroît sur la terre de ces derniers. Le triomphe sénégalais tombe, également, au moment où le président de la République, Macky Sall, prend la présidence de l’Union africaine.

Enfin, cette apothéose s’est déroulée la veille du 36ème anniversaire de Cheikh Anta Diop, commémoré hier lundi 7 février. Cheikh Anta Diop qui a bâti sa réputation grâce à ses thèses remarquables sur l’égyptologie. À travers ses écrits sur les origines de l’humanité et de la civilisation, notamment, Cheikh Anta Diop postule l’africanité de l’Egypte, dans son célèbre Nations nègres et cultures. Il voit ainsi dans les anciens Égyptiens une population à la peau noire, de langue et de « culture négro-africaine ».

« C’est l’Égypte qui est à l’origine de la science, de la médecine, de l’astronomie et de tout le savoir dans l’Antiquité. Les Grecs sont venus puiser dans le savoir égyptien à partir du VIe siècle. En -525, Cambyse II détruit la souveraineté égyptienne, les Perses s’installent, les Grecs vers -332 vont s’installer et après les Romains. Le noir a connu une période de domination, il a dominé le monde jusqu’en -525 », écrit-il dans le livre.

Ses travaux inspirent ses contemporains qui louent son apport dans la reconnaissance des apports de l’Afrique dans la civilisation. À sa mort, en 1986, Aimé Césaire lui rend hommage et constate que « les historiens ont toujours considéré l’Égypte comme une sorte de fait à part en Afrique, on oubliait même que l’Égypte était une nation africaine. En redonnant à l’Afrique son passé, Cheikh Anta Diop a redonné peut-être son passé à l’humanité. »

Longtemps décriée, notamment en Occident, la pensée de Cheikh Anta Diop connaît un fort regain d’intérêt, notamment aux États-Unis. L’année dernière, le Metropolitan Museum de New York, l’un des plus prestigieux musées américains, a rendu hommage au savant sénégalais en ouvrant une exposition intitulée « L’Origine africaine de la civilisation » qui compare des œuvres égyptiennes et noires africaines plus récentes. À l’ère de Black Lives Matter, et plus globalement des mouvements décoloniaux, la pensée de Cheikh Anta Diop connaît une seconde jeunesse. Car qui mieux que Cheikh Anta Diop a su rétablir la dignité des diasporas noires en leur donnant la pleine conscience de leur place prépondérante dans la marche de l’histoire universelle. Le Sénégal a aujourd’hui battu l’Egypte, ce pays de savoir. Il fallait être un savant pour le faire. Et il n’y aura pas de « falsification de l’histoire ».

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