EDUCATION

UN SOUS-SECTEUR TOUJOURS MAL EN POING

Le sous-secteur de l’éducation de base des jeunes et des adultes analphabètes peine toujours à décoller. Le manque notoire d’intérêt du gouvernement risque de l’enliser dans une situation déjà chaotique. En plus de l’absence d’une politique linguistique clairement définie et fixée par un acte juridique, l’éducation de base des jeunes et des adultes analphabètes souffre de sous-financement : 0,30% des dépenses publiques de l’éducation nationale, alors que la conférence de Bamako en 2007 recommandait aux Etats membres de le porter à 3%.

Les statistiques font froid au dos ! 750 millions de personnes dans le monde ne possèdent toujours pas les compétences de base en matière d’alphabétisation, selon l’UNESCO en 2018. D’après le recensement de 2013 (ANSD), les analphabètes ou personnes qui ne savent lire ou écrire dans aucune langue y compris les langues nationales, sont estimés à 5 089 313.

Les effectifs de la population ne sachant pas lire et écrire dans une langue quelconque, risquent de prendre des proportions inquiétantes. Tous les indicateurs devant booster le taux d’alphabètes au Sénégal, sont au rouge. Ils ont été présentés hier, jeudi 14 novembre, par Ousseynou Faye, à l’occasion de l’atelier de renforcement de capacités des journalistes, en matière d’alphabétisation et d’éducation non formelle.

Les acteurs de l’éducation de base des jeunes et des adultes analphabètes ont élaboré une palette de documents avec des orientations clairement définies et des échéanciers soutenus. Il n’en demeure pas moins que les acteurs peinent à trouver des sources de financement pour concrétiser les objectifs dégagés.

Ce qui ne semble pas être une mince affaire. En effet, le problème fondamental du sous-secteur réside sur le manque de volonté politique du gouvernement. Deux indicateurs le prouvent : d’un côté le montant global du financement en faveur de l’éducation de base des jeunes et des adultes analphabètes est inférieur à 1% des dépenses publiques de l’éducation nationale. En réalité, c’est 0,30% du budget global du ministère en 2018 contre 0,18% en 2016 et 2017, alors que la conférence de Bamako en 2007 recommandait aux Etats membres de le porter à 3%. Que nenni !

La situation s’aggrave davantage avec la faible participation du secteur privé au financement de l’alphabétisation malgré les dispositions de l’article 22 de la constitution du Sénégal qui stipule que «toutes les institutions nationales, publiques ou privées, ont le devoir d’alphabétiser leurs membres et de participer à l’effort national d’alphabétisation dans l’une des langues nationales». Ce n’est pas demain la veille pour réduire le stock d’analphabètes au Sénégal.

Le taux d’analphabétisme sera toujours élevé au Sénégal en raison aussi du déficit du personnel de l’alphabétisation (facilitateurs, superviseurs, etc.) Par conséquent, les effectifs apprenants dans les programmes d’alphabétisation (2000 à 2018) prennent la courbe descendante. De 289 999 apprenants formés en 2006, ils sont seulement 18 511 apprenants en 2018, 15 435 en 2016 et 41 030 en 2017.

En plus de ces statistiques alarmantes, Fary Ka a fait savoir que le «Sénégal n’a pas, à proprement parler de politique linguistique définie et fixée par un acte juridique : loi, décret ou un document officiel».

«Le pays a une politique des langues qui se traduit par une longue et riche législation. Nous avons une longue et riche tradition de législation linguistique, consignée dans des textes de loi», souligne-t-il.

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