«UNE RÉAPPROPRIATION DES IMAGES DE NOIRS DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE»
L’artiste Roméo Mivekannin plonge dans les archétypes de l’imagerie coloniale. C’est à travers l’exposition «Hosties noires» qui a démarré le 2 avril dernier et se poursuit jusqu’au 5 juin 2021.
Ouverte le 2 avril dernier, l’exposition de l’artiste béninois Roméo Mivekannin, Hosties noires, se poursuit jusqu’au 5 juin 2021 à la galerie Cécile Fakhoury à Dakar. Un retour en images de la seconde Guerre mondiale 1939-1945, consacré aux soldats noirs de la force coloniale française en Afrique, plus connus sous l’appellation de «tirailleurs sénégalais». Ils sont des soldats maliens, sénégalais, burkinabè et d’Afrique française équatoriale, Tchad et Gabon. «L’artiste plonge dans les archétypes de l’imagerie coloniale et s’intéresse notamment aux cartes postales que les soldats français envoyaient à leur famille en métropole et qui représentaient des femmes de tirailleurs dans les tâches quotidiennes.
Entre fantasme d’exotisme, idéologie coloniale et fascination pour l’autre, ces images témoignent du rapport ambigu entre la métropole et ses colonies», selon un communiqué.
Roméo Mivekannin reproduit dans «un acte de réappropriation les images de ces femmes noires devenues ‘’image-objet’’, sous l’œil mécanique de l’appareil photo colonial», nous renseigne la note. Elle ajoute que l’artiste peint sur un assemblage de draps passés à l’épreuve de bains rituels qui leur donnent leur teinte si particulière. Et l’espace de la peinture devient alors à la fois un lieu de dialogue et de confrontation des imaginaires pour le spectateur contemporain, poursuit le communiqué. «Ailleurs, dans un clair-obscur travaillé, une installation suspendue rassemble les visages de tirailleurs sénégalais peints sur des journaux datant des années 1944-1945. D’un support à l’autre, l’exposition Hosties noires se déploie comme un champ choral de voix, donnant une place privilégiée à l’archive comme terreau de nouveaux imaginaires».
«Poursuivant sa quête de sens, mais aussi esthétique, Roméo Mivekannin nous pousse ici encore avec autant de subtilité que de puissance plastique à questionner la construction des représentations des Noirs à travers l’histoire», d’après toujours le communiqué. Ainsi après Les âmes du peuple noir, l’exposition emprunte son titre au recueil de poèmes éponyme, écrit par Léopold Sédar Senghor en 1948.
«Certains de ces soldats, particulièrement ceux postés en Afrique du Nord, étaient autorisés à s’établir avec femmes et enfants, non sans provoquer certaines tensions chez leurs camarades français, stationnés, eux, loin de leur épouse et de leur famille.» Et c’est de là où sont venues les images qui inspirent Roméo Mive¬kannin pour Hosties noires.