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Vers une fin de mandat belliqueuse de Donald Trump face à l’Iran ?

Vers une fin de mandat belliqueuse de Donald Trump face à l’Iran ?

Un peinture murale représentant l'ayatollah Khomeini sur les remparts de l'ancienne ambassade des États-Unis à Téhéran, le 22 juin 2019.

À deux mois de la passation de pouvoir avec Joe Biden, Donald Trump peut-il jouer son va-t-en-guerre avec l’Iran ? Selon le New York Times, le président défait à l’élection américaine a demandé à ses conseillers, qui l’en ont dissuadé, s’il pouvait bombarder une installation nucléaire iranienne.

De nouvelles sanctions américaines se sont abattues sur l’Iran. Cette fois, ce sont le ministre iranien des Renseignements et la Fondation Bonyad Mostazafan, qui gère les fonds issus des biens de l’ancienne famille royale confisqués au lendemain de la Révolution islamique, qui ont été visés mercredi 18 novembre.. Quelques heures plus tôt, Téhéran s’était pourtant déclarée disposée à revenir “automatiquement” au respect de ses engagements nucléaires si la future administration de Joe Biden levait les sanctions. Mais l’administration Trump semble en avoir décidé autrement, en durcissant le ton quelques semaines avant de quitter la Maison Blanche en janvier 2021.

Loin d’avoir freiné la stratégie de “pression maximale” envers Téhéran, la victoire de son adversaire Joe Biden à l’élection du 3 novembre, pousse Donald Trump à jouer ses derniers atouts sur le terrain iranien.

Cinq jours à peine après sa défaite électorale, le milliardaire américain a réuni ses  conseillers militaires, le 12 novembre, dans le bureau Ovale pour leur demander quelles seraient les possibilités de frapper l’Iran de manière préventive, a révélé le New York Times. Ces hauts responsables, dont le vice-président Mike Pence, le secrétaire d’État Mike Pompeo, et le général Mark A. Milley, chef d’état-major de l’armée américaine, l’en ont dissuadé, le mettant en garde sur le risque de déclencher un vaste conflit régional. PUBLICITÉ

Des « opérations secrètes contre l’Iran »

D’après le quotidien américain, Donald Trump souhaitait viser le site nucléaire iranien de Natanz, situé dans le centre de l’Iran. C’est dans cette installation que l’Agence internationale de l’énergie atomique avait indiqué le 11 novembre — la veille de la réunion de Donald Trump — que le stock d’uranium de l’Iran était désormais 12 fois plus important que ce qui était autorisé par l’accord nucléaire dont Washington s’est retiré en 2018. Bien que la quantité soit préoccupante, elle est bien inférieure à la quantité de combustible que possédait l’Iran, avant que l’ancien président américain Barack Obama ne conclue l’accord sur le nucléaire de juillet 2015 avec Téhéran, précise le New York Times.

Cet épisode en dit long sur l’état d’esprit du président américain sur le départ : voudrait-il laisser un cadeau empoisonné à son successeur ? Une situation qui inquiète certains responsables de la sécurité nationale, d’autant plus que Donald Trump a limogé le secrétaire de la Défense Mark Esper et d’autres hauts responsables du Pentagone la semaine dernière pour les remplacer par des personnalités plus proches de lui, supprimant ainsi un rempart dans la chaîne de commandement contre ses ordres impulsifs. Des doutes, exprimés en privé, émergent au sein du ministère de la Défense “quant au fait que le président pourrait lancer des opérations, ouvertes ou secrètes, contre l’Iran ou d’autres adversaires à la fin de son mandat”, indique le New York Times.

Freiné par Mike Pompeo et le général Milley au sujet d’une attaque de missiles sur le territoire iranien, le président américain pourrait aussi envisager de frapper les biens iraniens, ou de ses alliés, y compris de milices en Irak, avance le New York Times, s’appuyant sur des témoignages de hauts responsables.

Vente d’armes aux pays ennemis de Téhéran

En coulisses, Donald Trump est passé à l’action par un autre biais, en autorisant la vente d’armes de pointe aux ennemis régionaux de Téhéran. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a formellement informé le Congrès de la vente incluant 50 chasseurs furtifs, des drones et des munitions aux Émirats arabes unis le 10 novembre. Un marché qu’il a présenté comme une participation aux efforts contre l’adversaire commun qu’est l’Iran.

Abou Dhabi cherchait depuis longtemps à se procurer ces chasseurs F-35, difficilement détectables par les radars et capables de frappes chirurgicales. Sans succès jusqu’ici, face à l’opposition historique d’Israël à la vente de cet appareil aux autres pays du Moyen-Orient afin de maintenir sa supériorité technologique. Mais l’État hébreu a consenti à cette transaction, favorisant d’une pierre deux coups, la normalisation de ses relations diplomatiques avec les Émirats, et une menace de plus pour son ennemi iranien. 

Le Congrès américain avait déjà essayé de bloquer une vente d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats l’an dernier, sans parvenir à rassembler une majorité des deux tiers pour contourner les vetos de Donald Trump. Cette fois-ci, trois sénateurs américains – dont deux démocrates – ont lancé le 18 novembre une initiative visant à bloquer la vente, craignant “une course dangereuse à l’armement ». Même si les trois parlementaires arrivent à trouver une majorité simple au Congrès pour bloquer cette vente, ils devront ensuite trouver une majorité qualifiée de deux tiers au Sénat et à la Chambre des représentants pour passer outre un veto du président Donald Trump.

Le pire reste à venir, redoutent les responsables américains interrogés par le New York Times. Ils sont particulièrement nerveux à l’approche du 3 janvier, date anniversaire de la frappe américaine qui a tué le général iranien Qassem Soleimani, en 2020 sur le sol irakien. Les ultraconservateurs à Téhéran et les Gardiens de la révolution n’ont pas oublié la mort de l’ancien chef des forces iraniennes Al-Qods, unité d’élite des Gardiens de la révolution. La sécurité des ambassades américaines dans la région a été renforcée et Mark Pompeo a prévenu que la mort d’un Américain serait une ligne rouge susceptible de provoquer une réponse militaire. 

Avec AFP

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