VIDEO/LETTRE À UN TUEUR

(À tous les impactés de l’heure, aux victimes de la maladie à Coronavirus)
« Les hommes font l’histoire, les femmes sont l’histoire »
SilenceDuTemps – Hideux Corona !
Tu foules le monde
Depuis le tarmac des existences
Comme un fou tragique
Avec tes pieds de dinosaure
Tu foules les plaies des jours résignés
Et les blessures des nuits glauques
Sur le sable des amours assassinées
Tu décapites sans merci
Les mots inscrits sur les tablettes de bois
Et sur la blouse du médecin
Pour te donner bonne conscience
Tu te balades d’un corps à l’autre
Sans derrière regarder
Les souffrances de la terre
Tu fauches comme un cynique gladiateur
Des vies en naissance
Des vies en croissance
Dans le calme olympien de l’espace
Comme Néron en action
Au royaume des vautours
C’est bien à toi de jouer au despote
Quand les économies s’effondrent
Comme des châteaux de galets
Hideux Corona !
Regarde la planète est inconsolable
Depuis ton règne de vampire sur la terre
Des hommes tu as exterminé
Des femmes tu as décimé
Des enfants tu as avalé
Ils ne demandaient qu’a gambader dans les jeux
Et voltiger sur les balançoires
Ils pleureront leurs géniteurs enlisés dans le néant
Et dans la froideur du linceul
Hideux Corona !
Si seulement tu pouvais un instant t’arrêter
Et regarder le visage éploré de la planète
Ses yeux humides
Gonflés par les pleurs de ses occupants
Regarde hideux Corona
Ici les théâtres sont aphones
Les balcons sont des lieux de musique
Les terrasses transmuées en nattes de prières
Le silence des voix a fissuré les murs des campus
Le virus a tu le vacarme des marchés
La clameur des tribunaux
Le cri strident de la cour de récré
Seul le chant mélancolique de l’angoisse
Pour décélérer le battement du cœur
Si seulement tu pouvais
Regarder son sourire sans rictus
Son cœur élégiaque en lambeaux
Et ses poumons lynchés par la maladie
Covid-19 !
Hideux Corona
Si seulement tu pouvais un instant t’arrêter
Et regarder la danse tragique du vautour
Qui nargue les médecins d’Hippocrate
Sous l’œil
Des continents disloqués
Des océans barricadés
Des ciels fermés
Des frontières cadenassées
Des communautés décimées
Paquetées
Dans les conteneurs pestilentiels
Regarder
Des milliardaires en émiettement
Des stars en délabrement
Toute cette danse tragique
Dans les abîmes de la peur et de l’angoisse
Se déclament le silence des muezzins
Et le calme assourdissant des prêtres
Comment ne pas penser à l’enfance
Esseulée dans l’errance immature des ans
Le monde est maussade et insipide
Il est terne et pessimiste
Comme un deuil planétaire
Il écrit ses lettres criminelles
Sur la face hideuse des tombeaux
Hideux Corona !
La planète est inconsolable
Depuis ton règne sur la terre
Ma terre mienne
Qui porte les stigmates centenaires
De la veuve usée par l’âge
C’est hideux un monde qui manque à ses promesses
C’est hideux un monde qui ne parle plus à ses rêves
Je comprends qu’elle soit inconsolable mère planète
Avec rêves saccagés
Ses espoirs coulés
Si tu pouvais un instant t’arrêter
Ô ! hideux Corona
Et compter ses morts par milliers
Les morts de la planète
Alignés dans les hôpitaux
Et dans les couloirs des jardins publics
Avant la mise en fosse
Je dirai partout ta mansuétude
Jusqu’à l’autre bout du monde
La planète est inconsolable
Ô ! hideux Corona
Si seulement tu pouvais sonner le glas
Pour que prennent fin les atrocités
Arrêter la ruée d’innocents dans tes bras
Rouges du crime crapuleux
Il est vingt heures sur le monde
Et plus de vie dans les rues
Qui se douchent du silence coloré des gyrophares
Quelque chose d’immonde dicte sa loi
Le silence est lourd
Et accablant
La nuit monte la garde
Sur ses jambes frêles
Comme une silhouette macabre
Qui veille sur le mutisme des monastères
Ô ! hideux Corona
Je te somme de revenir sur tes pas
Et de ne plus réapparaître
La planète est inconsolable depuis
Que tu flottes sur Wuhan
Qui pleure sans fin ses martyrs tombés
Dans le crematorium
Hideux Corona
Il est vingt heures sur mon balcon
La nuit se recroqueville sur la planète
Qui gémit de douleur lombaire
Dans son manteau de tristesse
L’angoisse déambule chaque soir
Le long des rues
Partout sur les pavées
Les lumières sont tristes
Les mosquées pleurent leurs fidèles
La peur s’invite sur la ville
La peur s’invite… !
Hideux Corona
Pense aux femmes sevrées d’amour
Et qui ne dorment plus
Aux enfants sans âge qui attendent demain
Aux vieillards sans-le-sou
Sans la pitance
Aux sans-abri qui déambulent dans l’instant
Pense aux opulents qui ne savent
Quoi faire de leurs dollars
L’amour manque au temps
Moi je pense à l’apprenant en mal-vivre
Au marginal en mal d’avenir
Je pense aux diplômés qui naviguent dans l’incertain
Je regarde et pleure les corps qu’on incinère
Dans les immenses brasiers du temps
Ils se meuvent dans le silence malodorant
De l’infini
Hideux Corona
Si seulement tu pouvais un instant saisir la vie
Au rebond
Et regarder les confinés
Résignés à devoir prendre leur mal en patience
Comme des reclus solitaires
J’observe malgré moi
Depuis les gradins clos de ma douleur
Le combat contre la mort du nourrisson
Confiné entre le bras et le sein de sa mère
Qui vient de tirer seule sa révérence
Dans le silence des captifs
Assignés à résidence
Hideux Corona !
Si tu pouvais un instant
Arrêter la danse du boucher sur la piste de sang
Restituer la vie aux mots
Qui s’étranglent la gorge dans les abattoirs
Aux chants d’amour qui se suicident
En se jetant par la fenêtre du balcon
Ils n’en peuvent plus d’être confinés à vie
Si tu pouvais hideux Corona
Ne plus monter la garde
Dans les mosquées et les chapelles
Les amphis et les arènes
Les stades et les jardins
Nous serrerions sans crainte
Les rangs dans les mosquées
Pour qu’enfin
La pluie nettoie les larmes de la planète
À grande eau
Covid-19….
Cordialement !
Acteur, metteur en scène, coach, expert formateur, Pape Faye est directeur général du cabinet G’Art-Ri, spécialisé dans l’événementiel. Président des artistes comédiens du Sénégal, il est membre du Conseil national de régulation de l’Audiovisuel du Sénégal (CNRA). Pape Faye est aussi Professeur d’art oratoire de technique vocale et de diction