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Forclusion au Bac et aux concours : Des parents d’élèves dans le désarroi

La question de l’état civil se pose avec acuité au Sénégal en dépit des efforts étatiques. Mais, la longue grève dans ce secteur a paralysé le système et impacté la scolarité de beaucoup d’élèves à cause  de l’indisponibilité de leurs extraits de naissance. Cette année, plus d’une centaine d’élèves risquent de ne pas passer le Baccalauréat, car ils ont été frappés de forclusion. Soucieux de l’avenir de leurs enfants, les parents lancent un appel aux autorités pour une dérogation de deux à trois jours afin qu’ils puissent déposer les dossiers qu’ils ont fini de réunir avec retard.

Par Justin GOMIS – Victime collatérale de la longue grève de la méga-coalition And Gueusseum et l’Intersyn­dicale des travailleurs des collectivités territoriales, qui ont déroulé 11 plans d’actions pour réclamer l’harmonisation des augmentations de salaire, plus d’une  centaine d’élèves ne vont pas passer cette année le Baccalauréat. Leur dossier de candidature est forclos : à  Dakar, ils sont au moins 77 élèves, 38 à Thiès et 30 à Matam qui n’ont pas réussi à fournir leur dossier de Bac. Des chiffres qui sont loin d’être exhaustifs. Devant une telle situation qu’ils peinent à expliquer à leur progéniture, les parents d’élèves ne savent plus à quel saint se vouer après avoir consenti beaucoup de sacrifices financiers et matériels pour leur réussite.

«Nos enfants qui doivent  passer le Bac sont forclos. Cela ne relève pas de notre volonté. Il y a les grèves au niveau des centres d’état civil. Certains parents parmi nous devaient se déplacer loin pour aller chercher les extraits de naissance de leurs enfants. Les enfants ne sont pas responsables de cette situation. A Blaise Diagne, il y a des enfants, dès qu’on les a informés qu’ils ne peuvent pas faire l’examen, ils ont cessé d’aller à l’école. Ils peuvent verser  dans des situations qui ne sont pas souhaitables. Nous sollicitons des autorités une dérogation de deux voire trois jours pour qu’on puisse déposer ces dossiers», demande Babacar Ousmane Fall, porte-parole du Collectif des parents d’élèves frappés de forclusion.

Il est affirmatif : les dossiers sont disponibles dans les établissements respectifs des potaches. Et ils espèrent une dérogation pour déposer les dossiers de candidature. Ils lancent un appel au Président Sall et au ministre de l’Edu­cation nationale. «Nous lançons un cri du cœur au président de la République, au ministre de l’Education et au directeur de l’Office du Bac pour qu’ils nous aident à obtenir une dérogation pour déposer les dossiers de nos enfants. Ils ne sont pas responsables de cette situation», a-t-il plaidé.

Des élèves du privé sont logés à la même enseigne. C’est le cas du fils de Mme Henriette Ndong, pensionnaire au cours privé Machallah. Après avoir parcouru les centres d’état civil, cette dame n’a pas réussi à disposer à temps le dossier de son enfant qui doit passer le Baccalauréat. Une situation qui l’indispose devant son fils. «J’ai tellement honte que je n’ai pas dit à mon enfant ce qui se passe. Mais j’espère qu’il me comprendra. On a eu des problèmes de papiers. J’ai engagé un avocat mais ça n’a pas marché. Quand on m’a appelé à l’école, ils m’ont dit qu’’ls allaient clôturer. Mais pendant ce temps, la situation ne s’était  pas décantée. Et quand j’ai pu obtenir les extraits de naissance de mon fils, ils m’ont dit que c’est trop tard, qu’ils ont clôturé les dépôts.»

Autant de sacrifices vains pour une dame qui se bat pour offrir à son fils une meilleure scolarité et un autre destin. Loin du sien. «Je suis une femme de ménage et c’est avec que ce que je gagne que je paie la scolarité de mon enfant. Pour l’inscription je paie 155 mille francs et la mensualité est à 36 mille F. L’année je paie 474 mille F», détaille Mme Ndong.

Comme les autres parents d’élèves, elle est inconsolable. «J’ai beaucoup de peine. Cette situation me fait très mal. Je préfère voir mon fils dans une salle de classe plutôt que dans la rue. Je compte vraiment sur lui. C’est pourquoi je ne lésine pas sur les moyens pour lui offrir une bonne éducation. Je voudrais qu’il réussisse dans la vie et qu’il n’ait rien à me reprocher», a-t-elle ajouté. Que faire ? «Nous demandons aux autorités une dérogation. Nous avons réuni tout le nécessaire», assure-t-elle.

Si le directeur de l’Office du Bac a exclu toute réouverture du processus, l’Etat peut-il rester sourd à cette demande ?
justin@lequotidien.sn

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