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Irak : Onze Djihadistes Français Condamnés À Mort, La France S’oppose À Leur Exécution

Onze ressortissants français ont été condamnés à la peine de mort par le tribunal antiterroriste de Bagdad pour appartenance à Daech depuis le 21 mai. Les deux dernières condamnations – deux hommes de 32 et 41 ans – ont été rendues publiques lundi 3 juin.

Ils sont désormais onze. Depuis le 21 mai, onze Français ont été condamnés à mort en Irak par la cour criminelle de Bagdad pour leur appartenance à Daech. Un verdict inédit pour des ressortissants de notre pays. L’annonce des deux dernières condamnations a été faite lundi. Les Français Bilel Kabaoui, 32 ans, et Mourad Delhomme, 41 ans, ont à leur tour écopé de la peine capitale.

Ils font partie d’un groupe de douze membres présumés de l’EI – onze Français et un Tunisien- transférés fin janvier de Syrie en Irak pour être jugés.

Selon la loi irakienne, tous ces condamnés ont 30 jours pour faire appel, et l’avocat français de Léonard Lopez a déjà annoncé qu’il le ferait. Mercredi, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a estimé que les procès avaient été « équitables ». Dans un point presse à l’Elysée, mercredi 29 mai, Emmanuel Macron avait rappelé que la France demandait à ce que la peine soit « commuée en peine de prison à perpétuité », condition sine qua non à ce que la France reconnaisse cette peine.

Que sait-on d’eux ?

Voici ce que l’on sait des Français condamnés à mort en Irak :

Mourad Delhomme, Français né en Algérie en 1978, a exercé, selon le Centre d’analyse du terrorisme (CAT), les fonctions de juge au sein des très redoutés tribunaux de l’EI, qui ordonnaient régulièrement châtiments corporels et exécutions sommaires.

Bilel Kabaoui, 32 ans, originaire de Sèvres, en région parisienne, a rejoint le territoire de l’EI durant l’été 2014, selon le CAT.

Fodil Tahar Aouidate, 32 ans, est originaire de Roubaix et se faisait appeler Abou Mariam al-Faranssi. Il avait dit dans une vidéo peu après les attentats du 13 novembre 2015 en France son « grand plaisir et grand bonheur de voir ces mécréants souffrir ». Il menaçait: « On continuera à frapper chez vous ». Il était, selon le renseignement français, proche d’Abdelhamid Abaaoud, un des organisateurs présumés de ces attentats.

Vianney Ouraghi, 28 ans, avait d’abord rejoint la branche d’Al-Qaïda en Syrie en 2013 avant de faire allégeance à l’EI. Fils d’une Française et d’un Franco-Algérien, il a indiqué être parti en Syrie avec Lyes Darani, condamné à huit ans de prison en France pour avoir voulu préparer un attentat à son retour en 2013. Marié à deux Syriennes, Vianney Ouraghi a plaidé n’avoir été qu’un « fonctionnaire administratif de l’EI », en charge « des veuves et des familles » de djihadistes. « Oui, j’ai travaillé avec l’EI, mais je n’ai participé à aucun combat », a-t-il martelé.

Kévin Gonot, 32 ans, est né à Figeac dans le sud-ouest de la France. Il a été arrêté en Syrie avec son demi-frère Thomas Collange, 31 ans, sa mère et son épouse, une nièce des frères Fabien et Jean-Michel Clain qui ont revendiqué les attentats de novembre 2015 avant d’être tués récemment en Syrie. Entré illégalement en Syrie via la Turquie selon ses dires, il a d’abord rejoint le Front al-Nosra (ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie) avant de prêter allégeance au « calife » de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi.

Celui qui se faisait appeler Abou Sofiane au sein de l’EI a indiqué avoir été blessé au ventre lors de la bataille de Kobané, en Syrie, en 2015. Il a assuré au juge avoir ensuite été transféré à Mossoul, la « capitale » de l’EI en Irak de 2014 à 2017 pour y être hospitalisé et non pour y combattre. En France, il a déjà été condamné en son absence à neuf ans de prison, selon le Centre d’analyse du terrorisme (CAT).

Léonard Lopez, Parisien de 32 ans converti à l’islam, a fait partie au début des années 2000 des plus actifs sur le site djihadiste francophone de référence d’alors, Ansar Al-Haqq. En juillet 2015, sous contrôle judiciaire pour son activité sur ce site, Léonard Lopez est parti avec sa femme et leurs deux enfants. D’abord à Mossoul, dans le nord de l’Irak, puis en Syrie, selon les enquêteurs français. Condamné en son absence en juillet 2018 à cinq ans de prison dans le dossier Ansar al-Haqq, celui qui se faisait appeler Abou Ibrahim al-Andaloussi au sein de l’EI est sous le coup d’un mandat d’arrêt. Mais il est surtout connu des services de renseignement pour avoir cofondé l’association Sanabil, dissoute par le gouvernement français fin 2016 car elle contribuait sous couvert d’aide aux détenus à radicaliser des prisonniers.

Mustapha Merzoughi, 37 ans, Français d’origine tunisienne, a servi dans l’armée française de 2000 à 2010, notamment « en Afghanistan en 2009 ». Celui qui se faisait appeler Abou Omrane al-Faranssi est originaire de Toulouse (sud-ouest) et a vécu à Metz (nord-est), qu’il a quitté après avoir divorcé et perdu son emploi, a-t-il expliqué. Père d’une famille recomposée de cinq enfants, il a assuré au juge avoir suivi « des formations obligatoires religieuses et militaires à Mossoul » avant de se voir remettre « une Kalachnikov et un salaire mensuel de 200 dollars » en tant que « médecin des armées ».

Il a affirmé lors de ses interrogatoires avoir « prêté allégeance devant un chef de l’EI au visage masqué à Mossoul » parce que, a-t-il dit, « les chefs avaient peur d’être reconnus ou identifiés par les combattants étrangers dont ils redoutaient qu’ils soient des espions ».

Salim Machou, 41 ans, a appartenu à la brigade Tariq ibn Ziyad, une unité de l’EI menée par un ancien légionnaire français, Abdelilah Himich, selon le CAT.  Cette « cellule de combattants européens, vivier d’auteurs d’attaques en Irak, en Syrie et à l’étranger », a compté jusqu’à « 300 membres », affirment les autorités américaines. Salim Machou a, rapporte le CAT, hébergé à Raqa Jonathan Geffroy, un Français capturé en Syrie et remis à la justice française qui a fait de nombreuses révélations, notamment sur les frères Clain.

Au juge, Brahim Nejara, 33 ans, a raconté être « parti de France en Syrie avec (sa) voiture en 2014 », date à laquelle le « calife » autoproclamé de l’EI a appelé ses partisans à lui prêter allégeance. « Ma femme, ma fille et mon beau-frère étaient avec moi », a poursuivi l’homme vêtu de l’uniforme jaune des détenus qui se faisait appeler Abou Souleimane al-Tounsi au sein de l’EI.

Ce Français originaire de Meyzieu, près de Lyon (centre-est), d’où sont partis plusieurs djihadistes français, est apparu dans une vidéo de propagande du groupe ultraradical après les attentats de novembre 2015. Selon le Centre d’analyse du terrorisme (CAT), il avait incité un de ses frères à commettre un attentat en France et fréquenté en Syrie Foued Mohamed-Aggad, l’un des kamikazes du Bataclan, salle de spectacles où a eu lieu une des tueries du 13 novembre.

Karam El Harchaoui, Français d’origine marocaine qui aura 33 ans jeudi, a expliqué avoir pris la route de la Syrie depuis Bruxelles où il était chômeur. « Je ne suis pas entré en Irak et je n’ai participé à aucun combat ni en Syrie ni en Irak », a clamé l’homme, assurant être parti seul en Syrie, où il a eu deux épouses successives, toutes deux ressortissantes belges.

Yassine Sakkam, 29 ans, est l’un des Français de l’EI les plus médiatisés.  « Je suis parti en Syrie parce que j’étais énervé et que je pensais que l’EI défendait les plus faibles. Aujourd’hui, j’ai vu la vérité sur l’EI et je n’ai plus rien à voir avec cette organisation », a-t-il dit lors de l’audience, précisant avoir touché un salaire de 70 dollars par mois. « En France, je ne m’intéressais à rien, ni à la Palestine, ni à l’Irak, ni à la guerre. Je pensais seulement à gagner de l’argent. Entre deux verres (d’alcool) et de la cocaïne, j’ai appelé mon frère (en Syrie) et je lui ai dit: ‘je viens te voir’, » a-t-il raconté. A la question du juge qui lui demandait où se trouvait actuellement son frère, il a répondu: « Il s’est fait exploser à la frontière irakienne ».

La France rappelle son opposition à la peine de mort

Dès les premières condamnations à mort, le quai d’Orsay a indiqué son opposition à cette peine.

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Si le ministère des Affaires étrangères n’a pas remis en cause la légitimité de la justice irakienne pour traiter le cas de ces ressortissants, il a toutefois rappelé que « la France est opposée, par principe, en tout temps et en tout lieux à la peine de mort. » Et de signaler qu’elle ne reste pas inactive pour épargner cette peine à ses compatriotes. « L’ambassade de France en Irak, dans l’exercice notamment de la protection consulaire, fait les démarches nécessaires auprès des autorités irakiennes pour leur rappeler cette position constante ».

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