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Iran: 2022, une année de crises

En Iran, l’année 2022 restera celle d’un mouvement de protestation inédit, qui a éclaté quand une jeune femme de 22 ans, Mahsa Amini, est morte en détention après avoir été arrêtée par la police des mœurs. Depuis le mois de septembre, des manifestations hostiles au régime se succèdent. Face à la colère, le pouvoir réprime. Une crise qui accentue encore le bras de fer entre la République islamique et l’Occident.

« Je suis pleine d’espoir, je sais qu’il ne peut pas y avoir de retour en arrière », lance cette Iranienne qui témoigne régulièrement sur RFI depuis le début du mouvement de protestation provoqué par la mort violente de Mahsa Amini. Ces derniers mois, cette habitante d’une grande ville iranienne a manifesté en scandant « Femme, Vie, Liberté », le slogan du mouvement. Puis elle a cessé de descendre dans la rue après avoir eu très peur lors d’une course-poursuite avec les forces de l’ordre. Elle se dit étonnée et fière de voir de nombreuses femmes circuler désormais sans le voile obligatoire. Elle-même se déplace parfois cheveux au vent, en signe de défi.

« Je ne sais pas combien de temps cela va prendre, ni combien de gens seront malheureusement tués. Je ne sais pas si j’en ferai partie, nous dit-elle, je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve. Mais il y aura une révolution ici. Et nous verrons ses conséquences dans le monde entier, en particulier au Moyen-Orient. Car ce qu’ils ont fait ici en trois mois est à l’image de ce qu’ils font depuis 44 ans et je pense que ça suffit. »

Mahsa Amini était une jeune Iranienne. Elle était aussi membre de la minorité kurde d’Iran. « Il y a une convergence recherchée par toutes les composantes de la société iraniennes qui participent à ce mouvement, quelle que soit leur situation géographique, leur appartenance ethnique ou identitaire, leur classe sociale », analyse Ali Vaez, chargé de l’Iran pour International Crisis Group (ICG), un institut américain indépendant spécialisé dans la prévention des conflits. « C’est comme si tout le monde avait compris qu’un modus vivendi avec la République islamique n’était plus possible. Donc, ils ne demandent plus de réformes à l’intérieur du système, mais ils demandent un changement politique profond », poursuit le spécialiste.

Répression

Selon les ONG qui tentent d’établir le bilan de la contestation et de la répression, plus de 450 personnes ont été tuées depuis septembre dernier. Les arrestations se comptent par milliers et des manifestants ont été condamnés à mort, plusieurs déjà exécutés. En cette fin d’année, les rassemblements se poursuivent, sporadiques, mais déterminés. Jusqu’à quand ?

« Le régime n’est pas en mesure d’empêcher les gens de manifester. De même que les manifestants ne sont pas en mesure de faire chuter un régime bien enraciné, explique Ali Vaez, c’est devenu une guerre d’usure et la question est de savoir qui va s’épuiser en premier. » Difficile pour un mouvement sans organisation, ni dirigeants, ni programme de maintenir la pression face à une répression très dure. Mais pour le chercheur de l’International Crisis Group « c’est juste une question de temps avant que la République islamique s’effondre, victime de ses propres échecs. Dans un an. Cinq ans ? Dix ans ? C’est très difficile à estimer. »

Dossier nucléaire, drones et Occidentaux emprisonnés

Ce que l’Iran traverse en cette fin d’année 2022, c’est une accumulation de crises : alors que le pouvoir iranien est défié dans la rue, il poursuit un programme nucléaire qui le rend aujourd’hui tout proche du statut d’État possédant l’arme atomique. L’été dernier, les négociations pour un nouvel accord nucléaire n’ont pas abouti. « L’Occident actuellement n’a plus très envie de négocier avec un régime qui tue son propre peuple dans les rues et qui tue indirectement des Ukrainiens en fournissant à la Russie des armements qu’elle utilise pour sa guerre d’agression contre l’Ukraine », note Ali Vaez. Il ajoute : « l’Occident ne peut pas non plus ignorer la bombe à retardement que représente le programme nucléaire de l’Iran, qui en deux décennies n’a jamais été aussi proche de posséder l’arme nucléaire ».

En 2022, les tensions entre l’Iran et l’Occident se sont accrues aussi parce que la République islamique emprisonne des ressortissants étrangers : une vingtaine d’Occidentaux, dont sept Français, sont aujourd’hui derrière les barreaux dans ce pays.

rfi

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