LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ EN MODE REBELOTE
Dans le cadre d’une bonne prise en charge communicationnelle de la lutte contre le coronavirus, le Sénégal a repris hier, vendredi 6 août, son point de presse journalier. Selon le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, l’objectif est de partager avec les Sénégalais le maximum d’informations sur la pandémie de covid-19 et sur la lutte que son département mène contre cette maladie. De ce fait, plusieurs autorités de la réponse se sont relayées au pupitre dont le directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) Dr Alioune Badara Ly, le directeur général de la santé publique, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye ainsi que le directeur de la prévention Dr Mamadou Ndiaye.
ATTEINTE DU PIC, HAUSSE DES CAS, TENSION SUR LES LITS : Le directeur du Cous «scrute» la Tabaski
Le docteur Alioune Badara Ly a fait le point hier, vendredi, sur la situation épidémiologique pendant cette troisième vague marquée par la hausse des cas graves et des décès journaliers. Selon le spécialiste de santé publique, l’analyse ne peut se faire sans tenir compte de l’évènement important qu’est la Tabaski dont une baisse des cas a été notée en cette période. Toutefois, cette tendance devrait être prise avec précaution.
A cet effet, il a fait la situation avant, pendant et après la Tabaski. « Juste avant la Tabaski, nous avions le maximum de cas hebdomadaires cumulés au niveau de notre pays. Pendant la semaine de la Tabaski, nous avons observé pour la première fois une baisse du nombre de cas qui avait pendant 9 semaines successives augmenté » a-t-il renseigné. Une situation qui a été notée un peu partout dans le pays mais aussi au niveau de Dakar en particulier.
Pour Dr Alioune Badara Ly, cette baisse doit être prise avec beaucoup de précaution pour essentiellement deux principales raisons. La première, selon le directeur du Cous, « c’est la Tabaski avec le mouvement de populations important qui a eu lieu entre Dakar et les régions. La seconde qui peut expliquer cette baisse et pour laquelle nous devons être prudents, est que cette semaine correspond à celle pendant laquelle nous avons commencé de manière plus importante à utiliser les tests de diagnostic rapide».
Sur ce point, Dr Ly a estimé : « quand on parle de Tdr, cela veut dire les tests qui ont été faits jusque-là et qui nous servaient de compteur pour avoir le nombre de cas, à la lumière de la procédure qui a été révisée et validée et qui fait qu’aujourd’hui un Tdr positif ne nécessite plus de faire un prélèvement ». Et d’avancer : « Ceci va influencer naturellement le nombre de cas que nous allons avoir chaque jour ». A la question de savoir pourquoi nous devons être prudents face à cette tendance baissière, Dr Ly a déclaré : « si nous regardons le nombre de cas comparé du mois de juin au mois de Juillet, le chiffre de cas cumulés a été multiplié par 9 et ceci n’est pas sans expliquer les difficultés que nous avions tous notées dans la prise en charge d’une certaine manière de la pandémie ».
SITUATION DES CAS GRAVES, UN PIC DEJA ATTEINT AVEC 99 DECES
Pour parler un peu des cas graves, le spécialiste de la santé publique Dr Ly a renseigné que nous continuons d’observer une hausse continue du nombre de cas grave. « Cette semaine qui n’est pas encore terminée, nous sommes déjà à 63 cas comparé à la semaine dernière où nous avions noté 57 cas graves. Si nous regardons le nombre de décès, cela fait 6 semaines consécutives que nous enregistrons une augmentation successive du nombre de cas cumulé chaque semaine. Nous avons atteint un pic de 99 décès la semaine passée. Entre les deux dernières semaines écoulées, nous avons eu une augmentation de 68% du nombre de décès que nous avons enregistrés au niveau du pays ». Et de poursuivre : « sur le plan régional, il faut noter qu’après la Tabaski, toutes les régions ont enregistré une hausse durant la semaine qui a suivi la célébration. Ceci est à souligner et montre la nécessité pour nous d’anticiper sur la prise en charge des cas et en particulier des cas graves sur l’ensemble du territoire »
CRAINTE DE HAUSSE DES CAS DANS LES REGIONS
Pour les autorités du ministère de la Santé et de l’action sociale, il y a une crainte qui plane dans la gestion du coronavirus. « Ce que nous craignons et pour l’instant qui n’est qu’une crainte et on croise les doigts et espère que c’est une fausse alerte. Mais au cas où ce phénomène devrait se confirmer, que les régions ne soient pas surprises et soient déjà préparées à faire face à une augmentation relativement importante du nombre de malades».
DEUX CENTRALES D’OXYGENE ATTENDUES LE 12 AOUT PROCHAIN
Quand on parle de cas graves, on ne peut pas ne pas évoquer l’oxygène. Selon Dr Ly, la prise en charge des cas graves nécessite une forte consommation en oxygène mais aussi il y a d’autres intrants qui sont nécessaires à la prise en charge des cas graves. Par ailleurs, il a rappelé que le ministère de la Santé a passé une commande de 35 centrales dont les deux premières sont attendues le 12 août et destinées en priorité aux Ctes de Dalal Jam et de Fann et devraient pouvoir aider à absorber les gaps qui peuvent exister face à cette forte demande d’oxygène pour soigner les patients qui en ont besoin.
SITUATION TENDUE AVEC PROBLEME DE DISPONIBILITE DE LITS
La tension en lits reste élevée en particulier à Dakar, selon Dr Ly. Et d’avancer : « c’est la raison pour laquelle l’ensemble des structures du ministère y compris le groupe opérationnel que nous dirigeons sont en train de réfléchir à comment chaque semaine augmenter les capacités litières et aujourd’hui on tourne en moyenne de 90 à 100 lits chaque semaine et nous anticipons également en accord avec les directeurs des hôpitaux sur comment augmenter les capacités des structures sanitaires qui disposent déjà de Cte et d’enrôler celles qui n’en avaient pas dans le dispositif et rouvrir certains Cte qui, jusqu’à présent, n’étaient pas tout à fait opérationnels dans les régions et c’est le cas de Matlaboul Fawzeini. La situation épidémiologique reste aujourd’hui assez tendue ; ce n’est pas pour faire peur aux Sénégalais mais pour leur demander encore une fois de renforcer les mesures barrières et d’aller se faire vacciner. La vaccination reste la solution pour faire face à cette pandémie ».
DR MARIE KHEMESSE NGOM NDIAYE SUR LES DECES : «Nous exhortons les Sénégalais à un retour précoce aux soins »
Pour le directeur général de la santé publique, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, « nous allons demander aux populations sénégalaises d’avoir un respect strict des mesures barrières en termes de port de masque dans les lieux publics, privés, dans les transports et un peu partout ». Et de poursuivre : « nous exhortons les populations à un recours précoce aux soins. Et ceci est valable aussi pour les autres maladies. Il ne faut pas avoir peur de la Covid-19 si bien que quand on a une maladie chronique, on reste chez soi. Il faut continuer à avoir recours aux soins surtout quand vous souffrez des maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle ». Sur la prise en charge du diagnostic, elle a précisé : « les Tdr qui permettent un diagnostic rapide et précoce pour la maladie sont partout sur l’étendue du territoire national. Je rappelle aussi que tous les sectoriels travaillent en étroite collaboration aussi bien dans la santé humaine, animale et environnementale ». Pour finir, Dr Marie Khémesse a renseigné : « les séances de vaccination ont commencé et nous avons des stratégies de proximité un peu partout dans la ville de Dakar mais également dans les autres régions. Et chaque région a ses stratégies spécifiques ».