Mali : arrestation du PDG de Resolute Mining
L’affaire fait grand bruit et est confirmée par plusieurs sources médiatiques. Terry Holohan, PDG de la société minière australienne Resolute Mining Ltd, a été arrêté par les autorités.
Le PDG Trrry Holohan et d’autres dirigeants de l’entreprise Resolute Mining ont été arrêtés en fin de semaine dernière, dans un hôtel de Bamako et transférés vers une unité spécialisée.
Cette arrestation fait suite à celle, en septembre, de quatre employés de la société Barrick Gold Corp., une autre multinationale opérant dans le secteur minier au Mali. Ces actions successives soulèvent des interrogations quant aux motivations de l’État malien, qui semble chercher à accroître son contrôle sur les ressources naturelles du pays. En arrière-plan, un virage politique et stratégique s’opère, avec une orientation des autorités maliennes vers de nouveaux partenariats, notamment avec la Russie.
Terry Holohan, PDG de Resolute Mining Ltd, a été arrêté à Bamako pour un interrogatoire sous couvert d’enquêtes sur des « crimes économiques et financiers ». Selon des sources proches de l’enquête, cette unité spécialisée est dédiée aux délits de corruption et aux infractions économiques, deux thèmes souvent mis en avant par les autorités maliennes pour justifier ses interventions. Résolument démenties par Holohan et ses proches, les accusations n’en demeurent pas moins lourdes pour la société australienne qui exploite la mine d’or de Syama, un site stratégique situé à 300 km au sud-est de Bamako.
Les responsables de Resolute Mining ont exprimé leur inquiétude face à la situation, d’autant que ces développements pourraient remettre en question l’avenir de l’exploitation à Syama. Les actions récentes des autorités maliennes pourraient signaler une volonté plus marquée d’intervenir dans la gestion des ressources naturelles, allant jusqu’à envisager une forme de nationalisation partielle ou une révision des contrats de concession existants.
Nouvelle vague de nationalisme des ressources ?
Depuis le coup d’État de 2020, les autorités de transition au pouvoir semblent adopter une position de plus en plus critique vis-à-vis des entreprises étrangères, particulièrement celles opérant dans le secteur des ressources naturelles. Cette attitude traduit un sentiment de nationalisme des ressources, un mouvement par lequel les États cherchent à maximiser leurs bénéfices en prenant davantage le contrôle sur leurs richesses naturelles. L’arrestation de Terry Holohan n’est donc pas un incident isolé. Elle s’inscrit dans un contexte de renforcement des contrôles sur les entreprises étrangères.
Ce durcissement intervient à un moment où le Mali se détourne de ses partenariats traditionnels avec les pays occidentaux pour se rapprocher de nouveaux alliés, notamment la Russie. Ce basculement stratégique pourrait offrir un soutien politique et militaire au pouvoir, tout en lui permettant de se libérer des pressions internationales qui l’encourageaient à maintenir une économie ouverte et à favoriser l’investissement étranger.
La mine de Syama, l’un des projets phares de Resolute Mining, joue un rôle central dans la stratégie d’expansion de l’entreprise. Selon des experts, les récents événements obligent l’entreprise à revoir ses priorités et à envisager divers scénarios pour ses activités au Mali. Ainsi, Resolute pourrait être contrainte de renégocier les termes de ses contrats, ce qui pourrait affecter la rentabilité de ses opérations à Syama. De plus, le gouvernement pourrait également imposer des restrictions sur les transferts de fonds ou sur les opérations, limitant la flexibilité de l’entreprise et augmentant les coûts opérationnels. Comme scénarios extrême, les actifs de Resolute pourraient être nationalisés ou confisqués. Ce serait un coup dur pour l’entreprise, entraînant des pertes financières substantielles et un retrait possible du pays.
En somme, cette situation pose un défi majeur à Resolute Mining, dont les opérations au Mali pourraient être compromises si l’environnement politique et économique continue de se détériorer. La société australienne pourrait ainsi être contrainte de réduire sa présence au Mali, voire de mettre un terme à ses activités, si les négociations ne parviennent pas à désamorcer la crise.