POLITIQUE

ME WADE, UN CHEF «PIEGE»

Après avoir été battu par son ancien Premier ministre, lors de l’élection présidentielle de 2012 et s’être vidé de l’essentiel de ses pontes et autres ténors, le Chef du Parti démocratique sénégalais (Pds) se décide enfin à faire peau neuve par le renouvellement de son Secrétariat national. Une telle décision du Secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade, tranche toutefois, d’avec sa volonté jadis clairement exprimée. Retour sur le rétropédalage d’un chef de parti «piégé» par les ambitions de son fils, Karim Wade, actuellement en exil à Doha au Qatar.

L ’annonce du Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds), Me Abdoulaye Wade, avisant les militants de ladite formation politique d’un prochain remaniement du Secrétariat national, est partie pour alimenter les débats dans le landerneau politique, pour un moment. La raison, le temps mis par le “Pape du Sopi“ pour entendre et/ou accepter les nombreuses récriminations et autres demandes formulées par nombre de responsables libéraux, aujourd’hui écartés des instances décisionnelles du parti, s’ils ne sont pas tout bonnement exclus de la formation politique. En effet, pour avoir informé par un communiqué, son intention de mettre en place «une nouvelle direction plus large, plus dynamique, et plus proche de notre base politique qui s’adapte aux nouvelles réalités politiques de notre pays», l’ancien président, Me Wade accepte aujourd’hui ce qu’il avait refusé à certains désormais ex-responsables du Pds. Qui ne se rappelle pas du sort qui avait été réservé à Modou Diagne Fada et compagnie qui avaient «osé» mener une fronde pour une refondation des instances du Pds, à travers un mémorandum ? Le président du Conseil départemental de Kébémer et ses camarades «Frondeurs» seront à l’unanimité exclus définitivement des rangs du Pds, le 16 octobre 2015, par le Secrétariat national du parti sur demande de la Commission de discipline. Ils sont accusés de «non-respect des directives et une tentative de dissolution du parti». La suite, on la connait, avec les remous au sein de l’hémicycle pour le contrôle du seul groupe parlementaire de l’opposition qu’il avait conservé depuis 2012. L’histoire semble leur avoir donné raison.

ME WADE ET SA FOUDRE CONTRE LES PARTISANS DU PLAN B

Quid du sort réservé aux députés et élus libéraux qui avaient adressé une lettre à Me Abdoulaye Wade pour lui demander de trouver une candidature alternative à celle de son fils, Karim Meïssa Wade ? Le responsable libéral de Kaolack, Thierno Birahim Thiombane et compagnie qui avaient souhaité engager «une discussion stratégique sur la présidentielle du 24 février 2019 et la nécessité de trouver une alternative à la candidature de Karim Wade», avaient reçu à la place les foudres de Me Wade, à travers une lettre incendiaire où il les traitait de tous les noms d’oiseaux. Ce qui a d’ailleurs suscité la réplique de M. Thiombane soupçonnant «la main de Karim Wade qui, sous le couvert du père, a eu des prétentions dont il n’a pas le courage», avait-il écrit. Cet épisode se poursuivra jusqu’à la déclaration officielle de la candidature de Me Madické Niang qui dit «assumer une candidature alternative de notre Parti». Comme réponse, Me Wade fera comprendre que «tout soutien apporté à un candidat autre que celui régulièrement désigné par les instances du parti constitue un cas d’indiscipline majeure et d’incompatibilité flagrante entraînant la perte de la qualité de membre». Même si certains responsables du parti ont fait fi de ladite menace de leur mentor Me Wade, à l’image de Mamadou Lamine Massaly et autres, le candidat Me Madické Niang finira pour autant dernier de la course à la présidentielle avec 65.021 voix, soit 1,48% en valeur relative. A cela s’ajoute la mise au «frigo» de certaines pontes du PDS, comme par exemple le Secrétaire général adjoint, Oumar Sarr qui a, contrairement à la décision du “Pape du Sopi“, pris part au lancement du dialogue national, le 28 mai dernier. Il en est de même pour Babacar Gaye à qui, le poste de porte-parole du Pds a été retiré au profit de Me El Hadj Amadou Sall. Bref, non seulement le parti a connu pas mal de départs, depuis la perte du pouvoir le 25 mars 2012, mais aussi, les partisans du changement sont systématiquement écartés du parti ou des instances.

LE PDS ENTRE LES MAINS DE PERSONNES INELIGIBLES

Toutefois, on ne peut reprocher à “Père Wade“ de vouloir faire peau neuve au sein de son parti pour mieux préparer les prochaines joutes électorales, locales comme législatives. Ce que du reste beaucoup d’observateurs de la scène politique voient comme une stratégie pour confier les rênes du parti aux proches de son fils Karim Wade, loin de la base politique, à Doha. Seulement, il y a un gros hic. En effet, celui pour qui le fauteuil serait préparé n’est pour le moment pas éligible à une quelconque élection, à cause de sa condamnation par la CREI. Autre chose, et pas des moindres, l’actuel Secrétaire général national qui veut que les Secrétaires généraux nationaux adjoints qui auront en charge la coordination des activités du parti lui rendent «compte directement», confirme ce que beaucoup d’analystes politiques ont toujours pensé, à savoir «Me Abdoulaye Wade rester la seule constance au Pds», même du haut de ses 93 ans. Les ambitions d’une direction «plus dynamique et plus proche de la base politique», paraissent alors être hypothéquées par ces deux aspects cités ci-dessus.

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