ACTUALITÉSCONTRIBUTIONEDUCATION

Plaidoyer pour la réussite du projet anglais à l’élémentaire : De quoi le ministre de l’éducation a peur ?

Avec l’avènement du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, affectueusement appelé Président Diomaye, beaucoup se laissent émoustiller par le succès du peuple sur un régime qui les contribuables ne portaient plus dans leur cœur. Avec PASTEF au sommet, les changements de taille, la rigueur et l’élégance dans l’action ne seront jamais en reste, disent les optimistes, les pessimistes craignent que la réalité du pouvoir ne nous réserve le pire, quant aux septiques, ils préfère l’alternance générationnelle mais pas sans craindre que les novices ne déploient trop de zèle pour une vengeance qui serait plus dévastatrice qu’utile au pays.

Dans le domaine de l’éducation par exemple, les enseignants ne cesse de ruminer des colères occasionnées par les lenteurs administratives, le problème des décisionnaires, le manque criard de personnel, le problème du système de rémunération. A cela s’ajoute un problème naissant, la réforme visant à introduire l’anglais à l’élémentaire.

Une réforme arrivée à point nommé
L’anglais, osons le dire est une langue indispensable dans ce monde où nous vivons qui est ouvert et concurrentiel. Il est la langue la plus parlée au monde, la langue des affaires, de la diplomatie, des sciences, de l’informatique, etc. La globalisation a fait du monde un village planétaire, de nous des citoyens du monde et donc de l’anglais la langue qui ouvre toutes les portes. Combien sont ce qui ont perdu tout espoir quand ont leur a fait savoir que le poste auquel ils aspirent requière des compétences en anglais ? Combien ont payé des traducteurs pour la simple traduction du résumé de leur mémoire ou se sont rabattus sur internet pour le faire ? Combien sont ce qui malgré leur cursus académique peine à parler couramment l’anglais ? Ce qui malgré tout sont allés s’inscrire auprès de formateur pour une meilleure maîtrise de cette langue ?

Un départ faussé par manque de courage ou de volonté politique. Aux Sénégal, les services de camaraderie, la priorisation des sentiments est une gangrène dont il sera difficile de nous débarrasser. Voilà pourquoi au tout début quand, l’appel a été fait aux enseignants ayant des compétences en anglais, tout le monde a applaudis parce que Mirador quand-même est un joyau qui est là pour l’objectivité et la transparence.

Mieux, toute la transparence qui a prévalue pour ce teste et la volonté dont les enseignants ont fait montre durant toute les épreuves, prouvent à quel point les enseignants ont été enthousiastes et motivés. Dans chaque Inspection de l’Éducation et de la Formation (I.E.F.), onze sont cooptés dont un pour le préscolaire à l’issue d’un teste à l’écrit et à l’oral.

Cependant, après la proclamation des résultats, dans certains circonscriptions on a noté des couacs ça est là. Il y a des I.E.F où certains enseignants admis ont vus leur noms êtres retiré par l’inspecteur au profit d’un autre. Rien que l’appellation maître chargé de cours d’anglais qui aurait pu sonner plus anglais que classique et incongru pose problème. Maître les enseignants de l’élémentaire le sont déjà. Chargé de cours d’anglais est un statut, un dénomination dédiée aux professeurs en devenir pris parmi les instituteurs ayant le diplôme requis pour enseigner soit au moyen ou au secondaire.

De la pertinence de décharger les maîtres d’anglais. En effet, cette dénomination hybride a interpelé les enseignants concernés de premier chef mais aussi les esprits avertis. Tout laisse penser à la création d’un nouveau corps donc avec un statut propre et des émoluments répondant au surplus de travail rajouté aux charges des enseignants qui ne cessent de croître avec la floraison des innovations qui vont à une vitesse qui laissent parfois aucune place au temps d’adaptation.
D’emblée, si les autorités ont pensé à tester les instituteurs avant de les confier la grande tache d’enseigner l’anglais aux enfants du préscolaires et de l’élémentaire ce n’est pas parce qu’elles croient en la capacité de tout le monde à le faire. Par conséquent, c’est un grand mérite d’avoir réussi à ce concours et un grand honneur de faire partie des premiers pionniers d’un tel projet, bien pensés par les services du ministère de l’éducation.

Mais parait-t-il le projet est pensé mieux pour les bénéficiaires et moins pour les acteurs que sont les instituteurs. Jamais plus grande ne sera la stupeur des maîtres d’anglais à la cérémonie de « lancement de l’introduction de l’anglais à l’élémentaire » quand, après une longue attente dans un noir total, le Ministre de l’éducation a annoncé qu’il n’est pas envisageable d’octroyer une indemnité supplémentaire ni de spécialiser les maîtres d’anglais pour ce projet ci important qui demande un travail aussi fastidieux que nécessaire. En effet, a en croire le ministre, ça amènerait « un déséquilibre dans le système éducatif » que, selon lui, nous pourrons perdre beaucoup de temps à corriger. Puis, les enseignants qui ont réussi a ces testes seront des bilangues et on tend vers une généralisation à l’échelle c’est-à-dire dans les années à venir tous les enseignants du Sénégal sont appelés à passer par là. Donc aucun plan de carrière, aucun avantage si ce n’est d’être les premiers à porter ce bébé qu’est le projet, ce qui est pour ces derniers inconcevables mais aussi pour les syndicalistes.

Parlant ainsi, le ministère de l’éducation veut couper la poire en deux en se vantant de lancer un projet inédit mais le trouve quand-même l’introduction de l’anglais à l’élémentaire comparable à l’introduction des langues nationales, langues qui ne présentent aucune difficulté d’assimilation parce que déjà acquises par les élèves et qui n’a pas requis de teste pour son enseignement.
Et, pour cela, le représentant du G7, groupe des 7 syndicats de l’éducation les plus représentatifs, se veut claire, ce n’est pas juste parce que le choix n’est pas porté parmi ceux de la crème de la crème pour rien et ces enseignants auront à supporter des charges de travail de plus, planification, élaboration de fiches, recherche, correction de devoir.

A cela s’ajoute la réserve que nous avons face à la façon dont l’échantillonnage a été fait. En matière de sciences, le hasard est plus craint que l’erreur elle même. Ne pas choisir des écoles pilotes qui puissent assurer que la phase teste du projet a été réalisée en confrontation avec les difficultés majeures qu’on peut rencontrer dans la plus part des écoles ne semble pas aider pour qui veut des résultats fiables à partir desquels tirer des conclusions. Et c’est ce qu’on constate avec l’option chaque admis reste dans son école.
Sans compter le fait que beaucoup d’écoles sont dans des zones non électrifiées, sans connexion qui permette de faire les recherches idoines et de visualiser les vidéos et images qui accompagnent la démarche pour faciliter l’acquisition des notions. Il y a des enseignants qui n’ont pas d’ordinateur et qui use plus de téléphone simple que de smart phone pour économiser l’énergie. Mais ces défis pourrait être résolus si on dotait chaque enseignant d’une tablette et d’un kit solaire.

Pourtant les autorités gagneraient beaucoup plus à motiver les maîtres d’anglais.
Au Sénégal, lorsque les gens parlent de motivation tous les yeux sont rivés sur l’argent. Certes, c’est une forme de motivation mais pas la seule. D’abord la motivation est très importante parce qu’elle bouger les lignes non parce que les gens sont des grippe sous chasseur de prime. Mais parce que ça montre le minimum de respect qu’on a pour notre travail. Et le ministre, tel que nous l’avons entendu à Diameniadio ne semble pas le voir ainsi.

Et pourtant pour plus d’engagement et d’entrain pour la tache qu’il nous confie mais aussi pour plus d’entrain, il devait chercher du premier coup à faire honneur à la profession enseignante.

Et convoquer les enseignants à Dakar, les faire parcourir des centaines de kilomètres pour la plus part sans prévoir suffisamment de logement jusqu’à ce que aient dormis à même le sol ne va pas dans ce sens.

Allez cueillir des gens qui n’ont fait aucun test pour remplacer des gens qui ont réussi haut, au moment Dieu nous en est témoin, on a braver tous les défis pour faire ce test chacun avec ses propres moyens, ne va pas dans le sens de respecter la corporation. Et les exemples de ce genre, il y en a beaucoup. Ce qui d’ailleurs montre un excès de pouvoir non seulement mais également un manquement préjudiciable au respect du parallélisme des formes et pour l’avenir, pour faire cour.
Et comme nous le savons tous les enseignants étant formés pour gérer aussi bien les classes du préscolaire que celles du primaire, ils sont donc polyvalents, et dire que c’est parce qu’on a besoin de maîtres pour les école maternelles est une aberration.
Et tout portent à croire que ceci a été fait sciemment saper le moral des candidats légalement retenus comme rien arrête la joie des parvenus.

Les acteurs cruciaux du projet ne devait pas être laissés en rade. Réussir le teste pour devenir maître d’anglais est plus proche d’une torture que d’une promotion. Voilà, qui fausse les rapports car sans être motivés, galvanisés par un plan de carrière qui réponde ou tende vers nos attentes pour le moins, bien que beaucoup aient été émoustillés par la réussite aux testes, l’énergie nécessaire pour faire des efforts à la hauteur de notre potentiel s’amenuise.
Nous devons être indemnisés pour cette année pour enseigner l’anglais à l’élémentaire cette année. Jouer avec les mots : concours, teste, introduction de l’anglais à l’élémentaire à la place de réunion de partage d’information et d’échanges annoncé dans la convocation qui nous a été décerné ne nous détourne pas de nos attentes.
Nous demandons à être spécialiser c’est-à-dire à n’être consacrés qu’à enseigner les anglais à l’élémentaire. C’est ce qui est d’ailleurs logique, si on considère l’option anglais, nouvellement introduite dans l’arrêté du ministre de l’éducation nationale N°024172 du 26 septembre 2024 portant le concours de recrutement des élèves-maîtres. Toute sélection vise à rendre le meilleur par les meilleurs d’un groupe et doit à juste valeur déboucher sur des émoluments.
La dénomination « Maître d’anglais » doit être un corps nouveau dans la fonction publique arrimé à un diplôme professionnel spécialisé.

En somme, nous demandons :
• à ce que nos camarades injustement retirés de la liste des admis soit remis dans leur droit ;
• à être doter de tablettes et de kits solaires pour pouvoir faire notre travail correctement ;
• à être spécialiser dans l’enseignement de l’anglais avec un statut propre ;
• à être indemnisés pour la situation particulière que nous seront les seuls à supporter cette année.

Albert Gackou, instituteur,
un des 649 maîtres chargés de cours d’anglais.

Articles similaires

Un commentaire

  1. L’introduction de l’anglais à l’élémentaire, doit permettre aux enseignants chargés de cours d’être déchargés afin de devenir maîtres ou professeurs chargés de cours, afin de mener à bien les contenus de cours et leurs compétences attendus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page