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quand la faible part de la transformation locale fait perdre aux producteurs et l’Etat ! – Sud Quotidien

La forte production de noix d’anacarde ces dernières années profite-elle à la population et au Sénégal ?  La question mérite d’être agitée, surtout que seuls 5% de cette production atterrissent dans la transformation locale. La quasi-totalité de cette reluisante production tombe entre les mains d’opérateurs étrangers qui exportent le produit vers l’Asie. D’ailleurs, face aux difficultés liées à l’évacuation de la production par voie maritime, des acteurs de la filière anacarde, fortement mobilisés à Ziguinchor en début de semaine, le lundi 30 mai 2022, ont menacé de braver l’interdiction de transport de la noix par la route, lançant par la même un ultimatum aux autorités. Au-delà d’un dysfonctionnement, cette sortie remet au goût du jour l’équation de la transformation locale (pourtant de loin plus rentable pour les producteurs et l’Economie nationale) de cette production, mais qui reste encore faible.

La filière anacarde occupe une place centrale dans l’économie régionale, à Ziguinchor. Elle se modernise de plus en plus  car de 56 tonnes en 2017, les exportations sont passées de plus de 90 mille tonnes aujourd’hui. La réglementation de l’exportation du produit est passée par-là. Les noix qui transitaient vers la Gambie éclipsaient beaucoup la quantité de produit exportée par le Sénégal car n’étant pas comptabilisé en faveur du Sénégal. Et l’interdiction d’acheminer le produit par le transport terrestre a beaucoup contribué à replacer le Sénégal dans le lot des pays exportateurs de noix d’anacarde.

Pourvoyeurs d’emplois, le secteur de l’anacarde booste l’économie régionale. En atteste la ferveur qui entoure, depuis trois semaines, cette campagne de commercialisation des noix d’anacarde. Cette campagne de l’anacarde qui vient de démarrer il y a trois semaines va certainement battre le record de l’année dernière dont la production avait dépassé les 80 mille tonnes, pour une masse financière de plus de 54 milliards de francs CFA.

90 MILLE TONNES ATTENDUES A «VENDANGER», POUR QUELQUES 60 MILLIARDS, A L’ETRANGER

Cette année, la production est estimée à plus de 90 mille tonnes, pour un montant de 60 milliards de francs CFA investis par les opérateurs nationaux et internationaux. Dans le département de Ziguinchor, la zone de fortes productions reste l’arrondissement de Niaguis. Mais, en Casamance, c’est la région de Sédhiou qui mène la danse.

Dans la filière anacarde, les perspectives sont énormes, rien que pour la chaîne de valeur. Mais dans cette reluisante production, la transformation  locale reste le maillon faible. La quasi-totalité de la production tombe entre les mains des opérateurs nationaux et internationaux qui l’exportent vers l’Asie, dans des pays comme l’Inde. La transformation locale des noix reste encore très faible et tourne autour de 5%, même si on peut rapidement se retrouver avec plus de 200 personnes qui s’activent autour.

NECESSITE ET URGENCE D’INVESTIR DAVANTAGE DANS LES UNITES DE TRANSFORMATION AU NIVEAU LOCAL

L’une des rares unités de transformations implantées à Ziguinchor ; la Société de commercialisation des produits locaux (SCPL)  emploie près de 150 personnes, des jeunes et une forte présence de femmes. Une unité qui s’est mue en entreprise  qui envisage, avec les produits dérivés de l’anacarde, produire de l’électricité pour assurer son autonomie énergétique.

Juste une production de 2400 tonnes transformées sur place et le produit fini est commercialisé à Ziguinchor, Dakar, Mbour mais aussi dans l’international… «Avec cette  production, cette unité de transformation essaie de soutenir les Petites et moyennes entreprises, parce qu’elle fournit  beaucoup de grossistes qui vendent à leurs prix».

Un «empire» qui essaie de tout faire aussi pour atteindre davantage le marché international. «Aujourd’hui, il est nécessaire et urgent d’investir davantage dans les unités de transformation afin qu’elles aient un pouvoir d’achat colossal pouvant leur permettre d’aller acheter au même titre que les autres et organiser également les producteurs en coopératives», suggère un opérateur économique.

L’EXPORTATION DES NOIX D’ANACARDE, UNE PERTE ENORME

Il est important de s’attaquer à d’autres sous-produits de l’anacarde, notamment la coque et la pomme. Avec la pomme, on peut en faire du jus et la coque, du lubrifiant mais aussi de l’électricité. Une  chaîne de valeur qui a de l’avenir. En ce sens que rien se perd dans ce produit agricole, tout ou presque se transforme ; la preuve par les produits dérivés qui sont également d’une grande utilité.

Malheureusement, toute la production est exportée vers l’Asie. Les prix sont fixés  par les étrangers (Indiens) qui s’activent dans la filière, aidés par les nationaux qui jouent le plus souvent les seconds rôles dans cette campagne de commercialisation des noix.

Ignace NDEYE

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