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SEDHIOU – création de chaines de valeurs pour lutter contre la pauvreté : la Chambre de commerce et Agri-Jeunes ouvrent la foire pour voir !

Sédhiou conserve son classement de la région la plus pauvre du Sénégal, selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). Toutefois, ce classement contraste d’avec le riche potentiel de la région de Sédhiou, de loin inexploité et à l’origine de cette précarité ambivalente. La Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie de Sédhiou, de concert avec le projet Agri-Jeunes, sont dans la dynamique de création de chaînes de valeurs pour inverser cette fâcheuse tendance. C’est tout le sens de cette Foire agricole organisée la semaine dernière à la place publique de Sédhiou, pour montrer la voie à suivre.

Le contexte actuel de la région de Sédhiou demeure particulièrement difficile, aussi bien sur le plan économique que social, et ce, malgré l’existence d’un potentiel riche et varié. C’est la conséquence d’un niveau d’investissement jugé faible dans la région pour booster les indicateurs de développement.

C’est donc pour inverser cette fâcheuse tendance que la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Sédhiou, de concert avec le projet Agri-Jeunes, a initié un système d’accompagnement des jeunes basé sur leur profil, leur savoir-faire et leur orientation économique, en réponse à leur employabilité et au drame de la migration irrégulière. Cette Foire des produits agricoles constitue un carrefour d’échange et de sensibilisation en faveur des jeunes.

«La mission que les autorités ont assignée à Agri-Jeunes est de rester dans leur terroir et de développer des activités génératrices de revenus. Cette première édition de la foire agricole de Sédhiou est une parfaite réussite qui a largement dépassé nos attentes. C’est pourquoi j’ai décidé de renouveler cet événement l’année prochaine et d’amplifier les interventions du projet dans la région de Sédhiou», a dit Talla Guèye, le Coordonnateur national du projet Agri-Jeunes Tekki Ndawñi.

Et d’ajouter : «ce qui importe pour nous et l’ensemble des autorités, c’est que l’argent injecté soit traduit en résultats, c’est-à-dire avoir un revenu décent qui ne permet plus à ces jeunes de prendre le chemin de la migration irrégulière mais de rester chez eux et d’y réussir».

ASSURER LA COMPETENCE ET LE SAVOIR-FAIRE POUR ENTREPRENDRE !

Dans sa démarche, le projet cherche, de prime abord, à former le futur bénéficiaire avant de lui accorder un financement non remboursable ; mais avec toute la sensibilisation requise, souligne le Coordonnateur national du projet Agri-jeunes, Talla Guèye. «Pour réussir le parcours entrepreneurial le jeune a besoin d’être accompagné sur toute la chaîne. Il a besoin de compétence et de savoir-faire pour entreprendre. Et à ce sujet, la formation est extrêmement importante pour la réussite de projet. Après la formation c’est les subventions pour leur permettre de démarrer une activité».

Pionnier dans la promotion de l’investissement privé à Sédhiou en matière de création de chaîne de valeur alimentaire, Dr Moussa Souané, expert en nutrition, relève la disponibilité d’une large palette de produits de cru et recommande, au demeurant, une exploitation optimale pour combattre la précarité sociale. «Au niveau de la région de Sédhiou, nous avons plus de cinquante espèces de produits alimentaires qui sont toujours à l’état sauvage et sont menacés de disparition. Cette insertion des jeunes permet de créer de la valeur. C’est une initiative qu’il faut encourager dans le contexte de la promotion de la souveraineté alimentaire», dit-il.

DES SUCCESS STORIES POUR DECOURAGER LA MIGRATION IRREGULIERE

Les bénéficiaires attestent d’un enjeu assez significatif dans la création de richesse, la confiance en soi et une posture de patriotisme confirmée contre l’exode rural et la migration irrégulière qui décime des masses juvéniles. «Nous avons subi une formation de 45 jours à Sédhiou. Présentement je dispose d’un champ de manioc, d’un périmètre maraicher, de maïs entre autres. Je demande à mes frères jeunes de nous rejoindre dans ce projet pour devenir entrepreneur et ne plus tenter la migration irrégulière alors qu’on peut bien réussir chez nous ici», témoigne Ismail Camara, originaire de Diendé.

Les cibles sont à la fois des hommes et des femmes et parmi eux des personnes en situation de handicap qui refusent de tendre la main, mais de trimer à la sueur de leur front pour vivre dans la plus grande dignité. Maïmouna Diatta, membre de l’Association des personnes handicapées de IROF à Ziguinchor témoigne à son tour que «les personnes en situation de handicap sont généralement stigmatisées. Mais nous, nous avons décidé de ne jamais tendre la main pour quémander. Ici, nous avons ouvert beaucoup de stands et sommes fiers de travailler à la sueur de notre front. Nous remercions le projet Agri-jeunes».

Pour un coup d’essai, cette première édition de la Foire agricole de Sédhiou aura été un coup de maître. Suffisant pour le Coordonnateur national du projet Agri-jeunes de valider la 2e édition avec un appui plus consistant à l’accompagnement des jeunes vers leur autonomisation financière par la création de chaîne de valeurs multisectorielles et la sécurité alimentaire à l’échelle du territoire national.

MOUSSA DRAME

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