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Situation tendue au Liban où les manifestants entravent une séance parlementaire

Les contestataires avaient appelé à encercler mardi le Parlement, dans le centre de Beyrouth, pour empêcher les députés d’examiner plusieurs lois controversées. Face à cette situation, la séance a été reportée sine die.

Le soulèvement populaire est entré dans son deuxième mois au Liban et la situation demeurait tendue mardi 19 novembre au matin, où manifestants et policiers se faisaient face dans le centre de Beyrouth, placé sous haute sécurité.

Les contestataires ont appelé à encercler le Parlement, quelques heures avant une séance qui devait examiner plusieurs propositions de lois controversées. La séance controversée a été reportée sine die, a annoncé un responsable du Parlement, Adnane Daher, lisant un communiqué devant les caméras des télévisions mardi. Il a évoqué l’absence de quorum et « les conditions exceptionnelles actuelles, en particulier sécuritaires ».

Le Liban, qui se trouve dans une situation économique et financière très délicate, est secoué depuis le 17 octobre par un soulèvement inédit réclamant le départ de la classe dirigeante, jugée corrompue et incompétente.

Des tirs de semonce ont résonné au passage d’un convoi près du Parlement dans la matinée, provoquant la colère des contestataires, d’après des images diffusées par la télévision privée LBC. Des accrochages limités ont opposé les deux camps. Les policiers, équipés de casques et de boucliers, ont repoussé des contestataires qui ont essayé à plusieurs reprises d’arracher les fils barbelés sur une avenue près du Parlement, a rapporté un correspondant de l’Agence France-Presse. « Révolution, révolution ! », ont scandé les contestataires, le poing levé et brandissant des drapeaux libanais.

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Aucune solution politique en vue

La séance parlementaire, prévue à la mi-journée, avait déjà été reportée d’une semaine en raison de la pression de la rue. Les députés devaient examiner plusieurs propositions de loi controversées, notamment une d’amnistie générale qui engloberait des milliers de personnes.

Sous la pression de la rue, le premier ministre Saad Hariri a démissionné le 29 octobre, mais les consultations parlementaires indispensables pour former un nouveau gouvernement n’ont toujours pas été lancées. Mohammad Safadi, un ancien ministre, pressenti pour devenir premier ministre, a renoncé face à l’hostilité de ce mouvement de contestation inédit qui touche l’ensemble du pays et a mobilisé des centaines de milliers de Libanais de tous bords. Aucune solution politique n’est en vue.

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Les militants assurent que la loi d’amnistie pourrait exonérer des personnes condamnées ou soupçonnées d’implication dans des affaires d’évasion fiscale ou encore de crimes environnementaux. Techniquement, cela serait possible car l’amnistie concerne tous les crimes sauf ceux qui sont nommément exclus, assure Legal Agenda, une organisation non gouvernementale (ONG) spécialisée dans les questions juridiques. Elle estime que la loi représente « un grand danger » car elle inclut, selon elle, « les crimes des corrompus au pouvoir ».

La séance parlementaire devait également examiner une proposition de loi concernant la création d’un tribunal spécialisé dans les crimes financiers ou liés à la gestion des fonds publics. Le texte prévoit que les juges soient nommés par le Parlement, ce qui met en question leur indépendance et porte atteinte à la séparation des pouvoirs, signale encore Legal Agenda.

Lemonde.fr

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