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Au nom de la mémoire des victimes (Par Félix NZALE)

C’est une des voix les plus fortes et les plus crédibles qui s’est prononcée dimanche dernier sur les ondes de la Rfm, en ce temps de campagne électorale. Non pour s’égarer dans des propos et considérations politiciens, mais pour exprimer le sentiment de millions de Sénégalais. Thiaba Camara Sy, président de «Demain Sénégal», a raison : personne ne doit se conformer à l’oubli de ce qui s’est passé durant les tragiques événements de 2021 à 2024.

Trois années de massacres, de traque d’opposants et de journalistes, d’embastillement tous azimuts de citoyens dont le seul tort, au fond, a été de se soulever contre une tendance autoritaire et pour plus de dignité. Au bout du compte, des dizaines de Sénégalais (hommes et femmes) tués parce que des politiciens en ont décidé ainsi pour assouvir leur appétit de pouvoir !

Le président Macky, dont le mandat a quasiment expiré, a eu la «géniale» idée de nous sortir une loi d’amnistie (du 6 mars 2024) par laquelle l’on veut nous imposer l’oubli au nom d’une prétendue «réconciliation nationale». On ne parle pas de pardon parce que pour pardonner, il faut préalablement identifier les coupables et établir les responsabilités. Pardonner qui et pourquoi, alors qu’aucune enquête n’a été menée à ces fins ?  Qui y a intérêt ? Oui Thiaba, vous avez raison : «cette loi d’amnistie est une insulte qu’on rajoute à l’injure ; une reconnaissance de culpabilité, mais également un déni de justice». Mais qu’en pensent donc nos candidats à la présidentielle ?

Bassirou Diomaye Faye a évoqué la question de l’indemnisation future des victimes. Il est toutefois clair qu’aucune somme ne saurait guérir les familles endeuillées et les blessés du traumatisme moral et psychologique. Les victimes ont besoin que quelqu’un, le Tribunal en l’occurrence, établisse la faute qui a causé le préjudice. De quelle faute s’agit-il ? Qui l’a commise ? Préciser le préjudice est important pour les victimes ; dire quel comportement est fautif, quel comportement ne l’est pas est aussi important pour la société et pour ceux qui courent le risque d’avoir un comportement fautif.

Lorsque Mme Thiaba Camara Sy invite la société civile à s’engager dans un processus de mémoire pour que les noms des victimes ne tombent pas dans l’oubli, elle a conscience de la défaillance morale et éthique de nos autorités, pourtant astreintes – en l’occurrence – au principe de désignation de la faute. Il est par conséquent heureux de savoir qu’une procédure au niveau international «en faveur du rétablissement de la vérité, de la justice avant le pardon» va être engagée.

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