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JEAN DARD: PREMIER ENSEIGNANT ET FONDATEUR DE L’ÉCOLE FRANÇAISE AU SÉNÉGAL

Jean Dard est un bourguignon né le 21 juin 1789 à Maconge, un petit village dans le canton de Pouilly en axois, en France. Il était l’avant dernier fils d’une famille de six enfants, dont l’ainé qui avait fréquenté l’école du village devint instituteur et entrepris d’instruire ses frères cadets. Chacun, par la suite, se chargera du plus jeune. Par sa vocation généreuse et persuasive, il fit de tous ses quatre frères des instituteurs.
Jean qui avait l’esprit vif et qui montrait de réelles aptitudes pour les études scientifiques fut envoyé, en 1817, par son frère, pour poursuivre ses études au petit collège des garçons que venait d’ouvrir Anne Marie Javouhey, fondatrice de la congrégation des Sœurs de Saint Joseph de Cluny.

En 1809, il incorpore l’armée et dut partir à la guerre d’Espagne. Blessé, il revint au pays natal et reprit ses études. Reçu bachelier en science mathématiques, il obtint un poste dans un collège de l’académie de Dijon.
Pendant son séjour à Paris, il fit la connaissance de l’abbé Gautier qui, durant son séjour en Angleterre, où il avait immigré pendant la révolution française, y rapporta de nouveaux concepts pédagogiques applicables à l’instruction des enfants du peuple. Cet enseignement qui s’inspirait de la méthode anglaise dite « Bell et Lancaster » consistait dans la réciprocité de l’enseignement entre écoliers. Les plus avancés et les plus capables servaient de maitres à ceux qui l’étaient moins. Grâce à ce système, une école toute entière pouvait s’instruire elle-même par l’action de ses élèves-moniteurs sous la surveillance d’un seul maître.

En France, la nouvelle méthode prit le nom d’ « enseignement mutuel » Jean Dard, candidat instituteur au cours normal élémentaire.
Dès l’automne 1815, un cours normal élémentaire fut ouvert à Paris, annexé à une école mutuelle modèle pour former les instituteurs. Apôtre de l’école mutuelle, Jean Dard sera parmi les premiers volontaires à s’inscrire comme candidat instituteur dans ce cours normal élémentaire après avoir donné sa démission de professeur de mathématiques. Imprégnés de la morale mutualiste qui se plaisait à voir dans l’emploi des enfants comme auxiliaires du maître pour instruire d’autres enfants, les futurs instituteurs étaient à l’apprentissage délicat de la technique de la nouvelle méthode d’enseignement. En ces premières années du 19ème siècle, naissaient, en France, maintes sociétés aux idées généreuses et philanthropiques d’obédience libérale et humanitaire.

La société pour l’instruction élémentaire en était une qui regroupait autour de l’abbé Gautier des personnalités marquantes convaincues « que l’éducation est le seul moyen de former des hommes vertueux, amis de l’ordre, soumis aux lois, intelligents et laborieux. Elle seule peut fonder, d’une manière utile et durable, le bonheur et la vraie liberté des Etats ». En outre, la société pour l’instruction élémentaire est pénétrée de ce principe « que les bienfaits de l’éducation, patrimoine des grandes familles dont se compose l’espèce humaine, ont pour but d’unir les nations et de les conduire ensemble aux degrés de civilisation dont elles sont susceptibles ».

Les instructions du ministre de la Marine, remises, le 18 mai 1816, au colonel Schmaltz, prévoyaient la reprise en main, au nom du roi de France, Louis XVIII, les comptoirs désignés par le traité de Paris sans aucune fois aborder la question de la scolarité en pays islamisés où n’était en vigueur que l’enseignement traditionnel développé dans les écoles coraniques.
Dans les regroupements christianisés de Gorée et Saint-Louis, seules quelques familles riches offraient le luxe d’une éducation française à leurs enfants, sous la conduite d’un précepteur.

A Gorée, où il s’était provisoirement installé en attendant le départ des Anglais, encore maître de Saint-Louis, Le colonel Schmaltz reçu une dépêche ministérielle, datée du 5 août 1816, lui annonçant l’arrivée prochaine d’un « instituteur primaire » chargé de donner l’enseignement selon la méthode « Bell et Lancaster ». En effet, le ministre de la Marine considérant que le projet de conversion au christianisme des populations autochtones exigerait un long travail de pénétration réalisable à longue échéance, pris de nouvelles instructions. Le gouvernement du roi avait reconnu l’avantage de fonder des écoles pour les Noirs et les hommes de couleurs avec la ferme intention de voir le plus tôt possible une école française au Sénégal qui apporterait une instruction élémentaire à la jeunesse du pays, participant ainsi plus efficacement à « l’œuvre civilisatrice de la France » .

Arrivée au Sénégal de l’instituteur Jean Dard. Au mois de mai 1816, le roi décida la création d’asiles pour les malades et d’écoles pour les enfants dans les colonies et les comptoirs que la France venaient de recouvrer. Ainsi, sur recommandation du préfet de la Seine, Jean Dard est nommé, le 5 août 1816, par le ministre de la Marine pour servir au Sénégal.
Il s’embarqua le 15 août 1816 « aux frais de sa majesté », emportant dans son cœur les paroles d’adieu du respectable abbé Gautier. « Allez porter aux Africains les arts et les bienfaits ; semez au milieu d’eux la parole de paix et la morale évangélique » Le premier instituteur français affecté officiellement en Afrique débarque à Gorée le 9 octobre 1816. Après un voyage d’un mois 24 jours passé en haute mer entre la France et le Sénégal. Le colonel Schmaltz rejoint Saint-Louis tout au début de l’année 1817, dès que les Anglais furent informés officiellement des termes du nouveau traité de Versailles. Ce fut précisément à la même période, le vendredi 7 mars 1817, que Jean Dard débuta sa mission d’enseignant dans le vieux quartier au sud du palais du gouverneur. Dans la même année, il épousa, selon « le mode du pays », la signare Marie Laisné avec qui il eut un fils, Théodore Auguste. Peu de temps après, le 20 janvier 1822, il se marie officiellement avec Charlotte Adélaïde Picard qui lui donnera trois enfants, respectivement en 1822, 1825 et et 1827.Jean Dard meurt le 1er octobre 1833, à l’âge de 44 ans, dans sa maison rue de l’hôpital à Saint-Louis où il sera inhumé. Son épouse et ses enfants seront rapatriés en France aux frais de la colonie. Il est l’auteur du premier dictionnaire français-wolof publié en 1825, suivi d’un ouvrage intitulé la Grammaire wolof ou méthode pour étudier la langue des Noirs en 1826.

Source : Joseph Gaucher << Les Débuts de l’enseignement en Afrique francophone: Jean Dard et l’École mutuelle de Saint-Louis du Sénégal>>

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