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LA FONCTION DES MAQUES MBOT ET BUUR SAMBAAƊ DANS LE NDUT Par Sobel DIONE

Au sein du ndut il y a comme masques un seul mbot et un seul buur sambaaɗ. Cependant les porteurs sont nombreux.

Le Mbot est chef-d’œuvre. On y trouve plus de cent objets différents. Un treillage de joncs en constitue la toile de fond. Par un apport d’objets multicolores on enrichit ce treillage. Des grains d’un rouge vif appelés Xa borngol, des plumes d’oiseau, des miroirs, des faisceaux de fils de différentes couleurs, des objets sculptés et peints participent à l’ornement du Mbot. Son élaboration nécessite la participation de tous ceux qui sont habiles en matière de sculpture, de peinture, de dessin et de décor. C’est lui qui orne la couverture de cet ouvrage.

Le Buur sambaaɗ au contraire est la laideur même. C’est une sorte de contrefaçon déformée du Mbot. En effet, on le construit à l’image du Mbot mais en déformant toutes les parties qui devaient l’embellir. Les deux masques achevés frappent, l’un par son équilibre, l’autre par sa dissymétrie qui ferait rire un public endeuillé.

Ces masques ont une double. Le Mbot et le Buur sambaaɗ font partie de ce que le ndut expose au public. Pendant les excursions le mbot fait admirer son masque et le Buur sambaaɗ par la laideur du sien fait rire plus d’une bouche. Outre cette fonction distrayante, ces masques cachent un enseignement d’ordre philosophique. Les masques nègres ont en général tendance à déceler une relation entre un monde visible et un autre monde invisible, c’est-à-dire entre le réel et le surréel. Ici, nos deux masques n’établissent aucune relation entre deux mondes différents. Mais leur fonction consiste à faire réfléchir sur des valeurs et obstacles que sont le beau, le bien, le laid et le mal. Le Mbot connote le beau et le bien tandis que le Buur sambaaɗ symbolise le laid et le mal. Il s’agit là d’une double corrélation qui révèle une vision manichéiste de l’univers et des relations humaines.

La beauté physique que la nature donne à certains individus n’est qu’un prêt qui vient de Roog (l’être suprême). Or qui parle de prêt pense à la restitution. C’est là une leçon d’humilité que le ndut ( l’initiation des circoncis) essaye d’inculquer aux néophytes, à ceux qui bénéficient d’une faveur naturelle qu’est la beauté physique. La beauté est traîtresse. Seule est fidèle la laideur qui nous suit de la naissance à la tombe. La laideur physique ne doit pas faire l’objet de dérision comme la beauté physique ne doit pas flatter l’orgueil de celui qui en est nanti. Il existe une autre beauté, elle est d’ordre moral. La beauté morale est assimilable au bien qui s’oppose au mal. L’acte producteur de beauté morale émane d’un effort soutenu de l’individu. Cette patience et cet effort qui ont permis aux selbe (chefs de l’initiation) et aux njuli (les circoncis) de construire ces masques, symbolisent un autre effort et une autre patience qui se situent au niveau de la société. En effet, tout le monde peut produire la beauté morale. Il suffit de le vouloir en sachant être patient et en sachant fournir l’effort nécessaire. Cultiver le champ du voisin malade, prêter ses yeux à l’aveugle, ses mains au lépreux… sont des actes porteurs de beauté morale.

La laideur morale que l’on peut appeler le mal provient d’un acte irréfléchi, Si avant d’agir je prévois la conséquence de mes actes et en mesure l’importance, il se pourrait que je les diffère ou les supprime . C’est dire que le mal provient d’un refus de réflexion ,il naît là où il y’a l’absence d’une attitude intellectuel .

#SobelDione

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