L’ÉPOPÉE DE SALTIGI BAGAR WALY SARR DE DIOUROUP : PARTIE 01 Par Sobel DIONE

Quand un enfant était prédestiné à la charge de Devin, dans la vieille tradition sereer, c’étaient les Sages qui le découvraient. C’étaient eux qui savaient que tel enfant était prédestiné.

Bagar, à la veille de son initiation, le jour de la danse pré-initiatique, à l’époque, dans le pays, on organisait des danses pour les néophytes. À l’époque, la circoncision n’était pas un acte ordinaire. Dans la tradition, quand le roi autorisait l’initiation.

Le jour de la danse, Bagar s’illustra par de nombreux exploits et le pays comprit, qu’en vérité, ce garçon était un enfant-prodige.

Ce jour-la au cours de la danse, le soir, à l’instant fatidique, quand Bagar vint s’asseoir devant l’operateur, celui-ci, chaque fois qu’il faisait face, ne distinguait plus rien. Il ne voyait plus rien (il ne voit plus le sexe). Il ne distinguait que l’obscurite totale. Bagar dressait une haie entre lui et l’opérateur. Mais, seuls Bagar et l’opérateur pouvaient voir ce qui se passait. Ceux qui les entouraient, munis de batons, de couteaux et de machettes, ceux-la ne se rendaient compte de rien. Eux deux seuls vivaient cette scène. Car, à cette époque, les circonciseurs étaient semblables aux devins.

Quand les choses commencèrent à se gâter, le circonciseur appela la famille et il lui dit:<< Aidez-moi à maitriser cet individu!
Car, si vous ne le faites pas, je n’arriverai jamais a le circoncire.

Et, puisque j’ai déjà prononcé mes incantations, je ne peux plus me libérer pour aller circoncire les autres qui attendant>>. Ils tentèrent de ramener Bagar à la raison, mais, à l’instant même, il transforma le jour en nuit. Tout d’un coup, Bagar déclara << on ne me circoncira point tant que le pays ne saura pas qui je suis. Je ne veux pas que le pays me sous-estime. Je ne veux pas non plus que, durant la retraite d’initiation, les circoncis de ma classe d’âge me sous-estiment. >>

En effet, dès que le circonciseur s’apprêta à lui saisir le sexe, il fit kamac ! et transforma le jour en nuit. Il ne fit rien de son sexe et le laissa à la disposition du circonciseur. Mais au moment ou ses parents le priaient de mettre fin à ce jeu, tout Diouroup fut plongé dans le noir. Une nuit en plein jour!, les poules allèrent se coucher. Les bergers rentrèrent des étables. Alors les tam-tam résonnèrent pour saluer son exploit. Ils jouèrent à son intention la devise des grands devins. Ils l’acclamèrent et le célébrèrent avec insistance, alors il libéra le jour et puis il accepta de se faire circoncire et le pays comprit enfin qu’un éléphant était né.

Depuis que Bagar Waly Sarr fut confirmé O Maɗag (divin) et qu’il prit en main le pays, c’est lui qui a assuré sa sécurité.

Aucun fléau ne pouvait sévir ni Diouroup, ni Doudame ou Senghor et les villages environnants, car tout ce qui constituait une menace, il l’interceptait et informait le pays qui se mobilisait et faisait front. À l’époque aussi, le pays comptait sur ses sages. Il ne se disputaient point. Tout ce qu’un sage prédisait était pris au serieux et inspirait une solution collective. C’est différent de notre époque actuelle ou personne ne croit à personne. Voila pouquoi la clairvoyance et le savoir ont disparu. A l’epoque, il suffisait que quelqu’un dise que tel événement allait se produire à tel moment et que tel sacrifice était indispensable pour qu’on s’empresse de faire ce sacrifice. Cette unanimité n’existe plus. Maintenant, dès qu’on avise quelqu’un, il s’empresse de te taxer d’idolâtre. Alors que ceux qui parlent d’idolâtrie se prenant pour des Abrahamistes ne sont que des hypocrites car l’hypocrite c’est celui qui ne croit pas au verbe de Dieu. C’est pourtant Dieu qui a transmis le verbe aux hommes. Il ne pleut jamais sans que le ciel ne se couvre, il ne pleut jamais sans grondement de tonnerre.

Quand la bataille de Thiouthioun-Somb fut déclaré, tous les devins du Sinig se trouvèrent a Diakhaw et Bagar Waly déclara << Cette guerre, je veux que vous me la cédiez!>> Laba du village de Boof rétorque : Cela ne peut pas être ! Si on doit céder cette guerre à Bagar, je me la réserve moi-même. Oui! Car Bagar n’est pas plus redoutable que moi !>>.

Maad Sinig Kumba Ndofeen leur déclara: cette guerre est d’un enjeu capital qui mon honneur. Cette guerre ne sera pas l’affaire d’une personne. Cette guerre ne peut être confiée a une seule personne, chacun doit faire ce qui est a son pouvoir.

Alors Bagar Waly dit:<< si c’est ainsi, Majesté, demain, dès le lever du jour, que le chef des griots fasse retentir l’alarme que personne ne s’aventure à sortir du royaume car demain je vais pleuvoir.

Laba de Boof déclara : dès que la bataille débutera, je me transformerai en abeilles! Je m’introduirai dans les naseaux des coursiers du Rip. Ils n’auront pas le temps de tirer un seul coup de fusil! Quiconque tentera de soulever un fusil, une Abeille le piquera.
Beaucoup de devins ont participé à ce combat, celui de Sobeem (Dieg Diam Diouf), de Diohine. Les jumeaux Ngoor de langueme étaient de la partie.

Dès le lever du Soleil, la pluie avait commencé à tomber. L’armée des disciples de Maba était encore à Jawle. Leur réserve de poudre fut trempée. Leurs fusils furent trempés. Alors Maba s’écria << c’est la catastrophe! Le Sinig nous détruits, nous voici piégés, incapables de rebrousser chemin. Alors venez et écoutez-moi bien: Quiconque tient à sa vie, qu’Il rebrousse chemin !>>.

Toutes les forces du Rip s’étaient mobilisées autour de lui, mis au moment ou les troupes arrivaient à Thiouthioun, la pluie se mit à tomber détruisant toute la réserve de poudre comme l’avait prédit Bagar Waly. Presque tous s’enfuirent et rébroussèrent chemin. Ce jour-la, tout rescapé de l’armée du Rip avait pris la fuite.

Longtemps après Bagar Waly décida de s’attaquer à Laba de Boof pour récupérer la corne de l’abondance de Boof.
Bagar dit à sa femme << je m’enferme dans ma chambre, ne m’appelle pas pour le dîner, je vais en voyage. Ne touche surtout pas la porte de ma chambre d’ici demain matin !>>. Après avoir donné ces instructions à sa femme, il disparut sous terre. Et Laba de Boof de s’écrier:<< eh!, voici donc Bagar qui vient m’attaquer ! Il a disparu au pied de son lit dans l’intention de venir m’attaquer>>. Puis il dit à sa femme<< va donc m’acheter de l’alcool. >> . Celle-ci lui rapporta une dame-jeanne d’alcool pur. Laba prit la dame-jeanne et la déposa au pied de son lit. Il souleva une pierre de tonnerre, la posa sur sa cuisse et se mit à attendre. Il préleva une part du breuvage et se mit à le déguster et à attendre l’arrivée de son hôte. La distance entre Boof et Diouroup est impressionnante, Boof se situant derrière Diakhaw, vers le milieu de la nuit, Bagar arriva enfin, il arriva au chevet du lit de Laba et tentant de se dégager de terre. il déposa la pierre sur le crâne de Bagar et lui dit<< Grand Devin, sors donc de la !, je t’attends depuis un moment. Tu penses donc que tu peux me surprendre. Surpris, Bagar dit dommage comme tu m’as eu, devin.
Laba lui dit:<<Assieds-toi donc la et trinquons! Tu vois cette dame-jeanne, au moment ou tu disparaissait sous le pied de ton lit, à Diouroup j’étais là entrain de t’observer. Après avoir bu avec Laba, Bagar Waly retourna à Diouroup par le même chemin.

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